C’est le coup de gueule d’un chasseur passionné. Eric André dénonce le comportement dangereux de certains promeneurs qui ne respectent pas les interdictions de circulation apposées à l’entrée des chemins publics dans les bois, quelques jours par an. Et d’après lui, il y a de plus en plus d’inconscients…
"Aucun chasseur n’a envie de faire la une de l’actualité avec un accident de chasse", s’exclame Eric André. Chasseur depuis son enfance, l'homme de 62 ans souhaite attirer l’attention du public sur un problème qu’il rencontre de plus en plus: l’imprudence de certains promeneurs ou cyclistes qui s’aventurent sur des terrains fermés pour cause de chasse, avec tous les risques que cela comporte.
Plusieurs fois par an, Eric participe donc à des battues organisées dans les Ardennes entre les mois d’octobre et de décembre, principalement pour tirer du grand gibier et notamment des sangliers dont la population doit être régulée. Dans les bois publics ou les bois privés traversés par un chemin public, des panneaux officiels sont alors placés 48 heures à l’avance aux entrées des chemins pour interdire le passage aux autres utilisateurs. "On constate que les gens bravent ces interdictions et passent que ce soit à vélo ou à pied. C’est vraiment irresponsable de la part de ces gens", témoigne Eric André, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, pour prévenir le public du danger lié à ce genre de comportement.
Pour Eric, la chasse est nécessaire. "Le chasseur n’est pas un tueur, c’est un prédateur intelligent. Un chasseur n’a pas intérêt à tuer tout et à se retrouver au milieu d’un désert. On a des problèmes de dégâts causés par les sangliers, il faut qu’on régule la population", explique Eric qui demande avant tout que les chasseurs soient respectés, tout comme les autres utilisateurs des bois. L'habitant de Saint-Gérard en province de Namur estime que le risque est réel pour certains promeneurs désinvoltes qui ne respectent pas les interdictions de circuler. Certains arrachent même les affiches et les jettent dans les fossés. "Je me souviens d’une chasse à Comblain-au-Pont cette année où on a retrouvé des affiches avec des écritures: ‘Chasseurs = pervers’. Ces gens prennent des risques pour eux-mêmes, mais surtout ils mettent les autres en danger, qui auraient peut-être respectés l’interdiction s’ils avaient pu la voir".
"Le chasseur s’en voudrait toute sa vie"
Mais de quels risques parle-t-on exactement? Etre pris pour un animal? "Non, car on identifie toujours avant de tirer", précise le chasseur. Mais Eric ajoute une nuance: "Même si le chasseur est prudent, il y a toujours un risque de ricochet" (Soit une balle qui atteindrait par rebondissement une autre cible) et "le chasseur qui blesserait ou tuerait quelqu’un s’en voudrait toute sa vie". Si un chasseur voit un promeneur là où il ne devrait pas être, il le signale évidemment aux autres chasseurs. Les accidents de chasse restent relativement exceptionnels.
Eric n’hésite pas à interpeller les contrevenants qu’il rencontre, mais beaucoup affirment qu’ils ne comprennent pas comment un terrain public et donc par définition ouvert à tous puisse être fermé. Il ne s’agit pourtant que de quelques jours par an et la matière est réglementée par les autorités communales et le Département de la Nature et des Forêts. "Je pense que ces gens oublient que pendant 360 jours par an, ils ont accès librement à ces chemins et que pendant quatre ou cinq jours par exemple, les terrains sont fermés au profit des chasseurs qui louent une chasse communale. Je crois que le partage est quand même plus ou moins favorable aux piétons", considère encore Eric.
Une politique de prévention compliquée
Le Département wallon de la Nature et des Forêt plaide pour une meilleure compréhension mutuelle entre les promeneurs et les chasseurs. "Dans la majorité des cas, cela se passe bien", estime Jean-Sébastien Sieux, directeur régional du DNF à Marche-en-Famenne. Même s’il y a parfois quelques plaintes… des deux côtés: des chasseurs qui signaleraient des promeneurs ne respectant pas l’interdiction de circuler et des promeneurs qui n’auraient pas été prévenus suffisamment à temps de la fermeture d’un chemin public (pour rappel les panneaux d’interdictions doivent être placés au moins 48 heures avant la battue). Dans les deux cas, il s’agit d’une infraction. Et si un procès-verbal est officiellement dressé par un agent, l’amende s’élève à 125 euros en perception immédiate. Dans les cas les plus graves, la note peut même être plus salée, après citation par le parquet devant les tribunaux. Tout cela, c’est évidemment la théorie car il faut encore pouvoir constater les infractions éventuelles. Sur le terrain, l’espace à surveiller est immense et les contrôles systématiques sont impossibles. Les agents du Département de la Nature et des Forêts agissent plutôt sur plainte. Mais à leur arrivée, il est souvent trop tard, les contrevenants sont déjà partis.
A noter que les dates des chasses et des fermetures des chemins publics doivent être clairement affichées dans les communes, ces informations sont aussi disponibles sur les sites des autorités communales.
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