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15 voyageurs dans un train: dans quelle mesure ce nombre couvre-t-il le coût du trajet pour la SNCB?

15 voyageurs dans un train: dans quelle mesure ce nombre couvre-t-il le coût du trajet pour la SNCB?
 
 

Christophe est contraint de prendre sa voiture pour relier Ostende à Bruxelles lorsqu'il commence son travail à 6 heures du matin. Il aurait souhaité prendre le train mais le seul qui convenait a été supprimé avec le nouveau plan de transport. La SNCB invoque un nombre insuffisant de voyageurs. Un trajet en train coûte cher à la compagnie des chemins de fer. Explications.

Christophe a emménagé à Ostende avec sa femme il y a six mois. En matière de mobilité, c'est une situation idéale pour son épouse qui travaille dans la ville côtière. Par contre, lui travaille à Bruxelles, dans l'usine Audi de Forest en tant que contrôleur de marchandises. Chaque jour, il doit donc faire l'aller/retour. Un long déplacement compliqué par des horaires décalés. Le jeune trentenaire travaille une semaine de 6h à 14h et l'autre semaine, de 14h à 22h. Le soir, il lui est impossible de prendre le train de 22h06 et il doit donc patienter sur le quai jusqu'à 23h06. Pour son horaire du matin, il utilise sa voiture et roule 230 km, soit 1150 km par semaine. Un moyen de transport dont le coût n'est pas remboursé par son entreprise: "Mon employeur refuse de payer mon carburant quand je fais le matin vu qu'il paye mon abonnement de train pour l'année", nous écrit-il via la page Alertez-nous.

Avant l'arrivée du nouveau plan de transport en décembre dernier, Christophe aurait aussi pu venir le matin à Bruxelles en train. Le premier quittait en effet Ostende à 04h15. Mais il a été supprimé. Désormais, le premier départ a lieu à 4h40. Trop tard pour être à l'usine à 6h. "Ce que nous attendons de la SNCB serait d'avoir un train un peu plus tôt le matin afin d’être au plus tard sur Bruxelles midi pour 05h30", demande le navetteur s'exprimant au nom de plusieurs collègues. Nous avons joint la SNCB et soumis son problème.

Le premier train IC (InterCity) en partance d'Ostende pour Bruxelles a été retiré pour des raisons de remplissage insuffisant. Seule une quinzaine de voyageurs (soit 2% des places disponibles) y montaient. Désormais, le train démarre de Bruges. La SNCB propose donc une solution intermédiaire pour cet usager, à savoir se rendre en voiture jusque Bruges afin d'y prendre le train à 4h32.

Nous en avons souhaité en savoir davantage sur le coût pour la SNCB d'un train comme celui qui a été supprimé entre Ostende et Bruges. À la lecture de la réponse apportée par la porte-parole, on comprend mieux les défis de cette société qui doit sans cesse trouver un équilibre entre sa fonction de service public et le besoin de ne pas creuser le budget de l'Etat, donc au bout de la chaîne, ne pas coûter de façon excessive aux citoyens qui paient leur billet ou simplement leurs impôts.

La SNCB ne communique pas de chiffres sur ses coûts mais elle donne des éléments de réponse qui sont encore plus parlant. Les quinze voyageurs du train entre Ostende et Bruges vers 4 heures du matin permettaient-ils de couvrir les frais de ce trajet de 22 km? Non, et on en est même extrêmement loin.

La porte-parole précise que les coûts d'exploitation de la SNCB sont deux à trois fois supérieurs à ceux d'un bus de la STIB ou des TEC. Dans le coût d'un voyage, il faut compter les dépenses suivantes:

- Redevance pour l'infrastructure en ligne et en gare
- Salaires du conducteur et de l'accompagnateur (avec le supplément pour horaire de nuit)
- Electricité
- Entretien du matériel

Avec 15 voyageurs, la compagnie des chemins de fer ne couvre même pas la moitié du premier coût de la liste, à savoir la redevance payée à Infrabel pour l'infrastructure.

"C’est la raison pour laquelle la SNCB ne peut pas non plus de son côté garantir un service pour un si faible volume de voyageurs. Le transport ferroviaire est un transport de masse et tant qu’il n’y a pas un certain volume de voyageurs (surtout dans les petites heures du matin ou les petites heures du soir), la SNCB n’est pas en mesure de répondre à cette forme de demande (elle n’est pas compétente) - surtout si elle doit gérer son budget en bon père de famille", explique-t-on à la SNCB.

Malgré ces contraintes, la SNCB assure un premier service à l'aube: "Dans la plupart des gares situées à 50-80 km de Bruxelles, il est possible d’arriver avant (voir bien avant) 6h00 du matin dans la capitale. Evidemment, il est difficile de demander à la SNCB que le voyageurs d’Arlon puisse arriver à Bruxelles à 5h30 (alors qu’il est à 2h30 de Bruxelles)" nous rapporte-t-on.


 

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