Diplômé en 2009 d’un master en communication à l’Université catholique de Louvain, Sébastien s’embarque avec ambition dans la profession de porte-parole qu'il exerce pour l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire.
J’étais assis de longues heures à mon bureau, et je me demandais si mon boulot avait du sens
Alors qu’il occupe cette fonction depuis quelques années, le jeune homme se retrouve régulièrement aux prises avec ces propres questionnements: "J’étais assis de longues heures à mon bureau, et je me demandais si mon boulot avait du sens. J’avais l’impression d’être un grain de sable, qui ne servait à rien. Je voulais faire quelque chose de plus concret, être plus terre-à-terre. Je nourrissais aussi une envie d’entreprendre plutôt que d’être dépendant d’autres gens".
Je suis devenu papa et je me suis posée des questions sur l’alimentation que je donnais à ma fille
Premier déclic
Le Wallon subit un électrochoc en devenant père pour la première fois en 2013. "J’ai toujours été intéressé par l’écologie et notre empreinte carbone sur la planète. Je suis devenu papa et je me suis posée des questions sur l’alimentation que je donnais à ma fille. Et tout mon questionnement s’est accéléré. J’avais envie de lui donner des aliments qui étaient issus de la culture biologique, mais aussi qui étaient sur le marché à un prix juste."
En effet, Sébastien se sent très concerné par le sort des agriculteurs et s’inquiète de la disparition de cette profession essentielle: "J'ai toujours eu envie de faire partie de la solution et pas du problème", nous répète-t-il.
En 2017, les fourmis dans les jambes, il franchit le cap. Il quitte son travail. "J'ai décroché un mi-temps et suivi parallèlement une formation de maraîcher biologique en cours du jour le lundi à l’IFAPME (Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises)", décrit-il.
Après un an, il décide de réaliser un stage chez un maraîcher biologique de Mont-Saint-Guibert, dans le Brabant Wallon, où il expérimente pour la première fois sa propre culture sur une parcelle de 10 ares qu’il sous-loue: "C’est là que j’ai tout appris. En travaillant à côté d’un maraîcher. Et je n’ai pas seulement aimé ce travail, mais je suis tombé sous le charme de cet esprit d’entraide, de solidarité, de cet échange sur les pratiques, de cette honnêteté sur les difficultés à traverser", se souvient Sébastien.
Début 2019, un emploi de formateur en maraîchage biologique se présente, et Sébastien, fort de son expérience passée aux côtés de professionnels du secteur, décide de passer l’entretien d’embauche. Il exercera cette fonction un an.
Début 2021, il est son propre patron
C’est alors qu’il imagine sa propre entreprise: un système d’agriculture biologique soutenue par la communauté. "L’objectif, c’est qu’on arrête de vendre des légumes au prix du marché. Ce prix n’est pas représentatif. On sort de cette logique-là, on inverse le système et on part du salaire décent que je me suis fixé qui est de 1.500 euros/net avec lequel je me sens heureux et que je trouve juste."
Après de nombreux calculs: le coût des plants, des semences, la location du demi-hectare de terrain pour 500 euros par an dans une ferme de Loupoigne, située près de Genappe, Sébastien détermine son business plan. "Je vais proposer à environ 100 personnes pendant un an, moyennant un forfait de 420€/année par adulte, des légumes cultivés de manière biologique, sans machine, dans un sol vivant où les produits chimiques sont oubliés et les vers de terre font leur travail de fertilisation." Son seul outil sera une grelinette pour aérer le sol.
"Un circuit court innovant où mangeurs et maraîcher s’y retrouvent!", scande le jeune entrepreneur.
Je peux passer mon temps à l'extérieur, au lieu d'être enfermé dans un bureau...
45 adhérents au compteur
Une semaine après avoir lancé sa propre campagne de communication, Sébastien a déjà 45 adhérents, qui seront répartis dans 3 points de distribution différents: à Loupoigne (Genappe), à Tilly (Villers-la-Ville) et à Wavre.
A long terme, il ne cache pas ses ambitions. Il pense que son activité va en inspirer bien d’autres. "Je rêve que chaque coin de rue connaisse son maraîcher bio locale où les gens se rendraient à pied pour aller chercher leurs légumes de la semaine."
En attendant le jeune Brabançon est ravi de ne plus devoir porter de chemise pour se rendre à son travail et de sa nouvelle qualité de vie: "Je peux adapter mes horaires comme je le veux et passer mon temps à l'extérieur, au lieu d'être enfermé dans un bureau..."
Et de nous citer son auteur préféré, Eliot Coleman, agriculteur américain et auteur du livre: "The New organic Grower", qui est une référence anglo-saxonne importante pour les fermiers et maraîchers ayant une orientation dite biologique: "Comme lui, je n’ai pas souscrit à une assurance-vie, parce que ma meilleure assurance-vie, c’est ce que je consomme", conclut le Tillycien.
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