Pendant trois mois, le bébé de Delphine n'a pas cessé de pleurer. Un ostéopathe spécialiste du syndrome de Kiss a réglé le problème grâce à une manipulation spécifique.
À trois semaines, le bébé de Delphine (prénom d'emprunt car elle veut garder l'anonymat) pleurait 7 heures par jour et restait inconsolable. Un enfer pour les parents dont les inquiétudes n'allaient que grandissant. Ils sont restés sans solution jusqu'à ce qu'un proche leur parle du "syndrome de Kiss". "J'ai lu sur Internet plusieurs témoignages et j’ai eu l’impression d’entendre parler de mon bébé", nous raconte Delphine via le bouton orange Alertez-nous. Un ostéopathe spécialiste de ce syndrome a réglé le problème et mis fin à cet épisode cauchemardesque.
Leur bébé a subitement changé du tout du tout
Delphine a donné naissance à son deuxième enfant à la Clinique Notre-Dame de Grâce à Gosselies, au mois d'août. Un accouchement déclenché parce qu'elle avait dépassé de 4 jours le terme de la grossesse. "Tout allait bien, se souvient la maman. Pendant 3 semaines notre bébé était un vrai amour". Puis un soir, leur bébé a commencé à pleurer sans discontinuer. "Un enfer ! Il hurlait", raconte Delphine. Tendu, les poings serrés, l’enfant respirait "comme un aspirateur", dit la maman, avait la colique et "du liquide coincé dans sa bouche".
Plusieurs tentatives infructueuses pour régler le problème
Comme ces changements coïncidaient plus ou moins avec l’arrêt de l’allaitement au sein — qui ne se passait pas bien —, la pédiatre a proposé un lait sans protéine de lait de vache pour écarter la possibilité d’une réaction allergique. Des aérosols ont également été prescrits car, pour la pédiatre, il s’agissait d’un rhume.
Mais deux semaines plus tard, le bébé ne montrait toujours aucun signe d’amélioration. Delphine l’a amené aux urgences. On lui a prescrit de l’Oméprazole pour soulager son reflux. Rien n’y a fait. "Il hurlait. C'était une cata !, confie Delphine. Il fallait me trouver une solution parce que je suis stable dans ma tête mais à un moment donné, un bébé qui pleure 7 heures par jour... On était un peu énervés quoi !"
Au mois d’octobre, le bébé a finalement été hospitalisé. Des radios ont été effectuées et Delphine a vu un psychologue pour déterminer si elle ne transmettait pas son stress à son fils. Deux pistes qui n’ont rien donné. Une fois de plus, elle a donc quitté l’hôpital sans solution, dépitée.
Le syndrome de Kiss, peu connu en Belgique
C’est au détour d’une conversation avec sa belle-sœur qu’elle a entendu parler pour la première fois du syndrome de Kiss. Dans son cabinet de Paliseul, en province de Luxembourg, un spécialiste "fait des miracles", lui rapporte-t-elle. Il s'agit de l'ostéopathe Eddy Lippens, que nous avons interrogé.
Kiss est l'abréviation de l'allemand "Kopfgelenk Induziert Symetrie Störungen" qui peut se traduire par "Troubles de symétrie induits par les vertèbres cervicales". Le docteur Gottfried Gutmann l'a décrit en 1953, puis le docteur Heiner Biedermann a repris et développé ses recherches. "C'est un problème de vertèbres supérieurs de la nuque, une asymétrie au niveau de l'occiput C1-C2, explique Eddy Lippens. Cette asymétrie est souvent causée par la position du bébé pendant la grossesse ou l'accouchement." Si ce syndrome est bien connu en Allemagne, en Autriche ou en Suisse, il l'est moins en Belgique ou en France.
C'est plus qu'un torticolis
Le syndrome de Kiss n'est d'ailleurs pas reconnu par le corps médical. "La dernière révision de la littérature, réalisée en 2020, fait état de l’absence de standardisation dans les procédures, des résultats variables et de peu d’études de qualité dans ce domaine. C’est pourquoi les termes les plus fréquemment utilisés sont ceux de torticolis ou de plagiocéphalie (déformation du crâne du nourrisson, Ndlr)", explique la docteur Ingrid Morales, directrice médicale de l'Office de la Naissance et de l'Enfance (One). "C'est plus qu'un torticolis, assure Eddy Lippens. Parce que le niveau de l'occiput C1-C2, c'est aussi le passage du nerf vague, responsable de beaucoup de choses, de l'équilibre, la motricité fine..."
Ceux qui parlent de "syndrome de Kiss" jugent que le déséquilibre dans les articulations du haut du cou chez les nourrissons a pour conséquences des symptômes comme l’asymétrie posturale, le développement de mouvements asymétriques, les troubles du sommeil et de l’alimentation, détaille la docteur Ingrid Morales. "Ces symptômes sont pris en charge dans le cadre des torticolis congénitales ou fonctionnelles chez le nouveau-né ainsi que dans le cadre des déformations crâniennes dues à une mauvaise position", assure-t-elle.
Un ostéopathe a réglé le problème grâce à une manipulation musculaire
Quoi qu'il en soit, Delphine n'a pas trouvé de solution pour soulager son bébé et s'est donc renseigné sur Eddy Lippens, ostéopathe spécialiste su syndrome de Kiss. "J'ai lu 500 avis sur ce monsieur. Il y a des gens qui font 900 kilomètres pour venir le voir", raconte-t-elle. Les témoignages d'autres parents sont rentrés en écho avec sa propre expérience. "J'avais les larmes aux yeux parce que je me suis dit 'l'enfer que je vis depuis trois mois, en fait, peut être débloqué en deux secondes et on m'en a jamais parlé'', confie-t-elle.
Rendez-vous a été pris pour le 3 décembre 2020 dans le cabinet d'Eddy Lippens. Cet homme de bientôt 60 ans pratique une "technique très spécifique, très efficace", dit-il, apprise il y a presque 40 ans lors d'une formation en Allemagne. "Si c'est un petit bébé, souvent après une ou deux manipulations, le problème est réglé", raconte-t-il. Ces manipulations sont-elles dangereuses ? "Non", tranche Eddy Lippens. "Parce que c'est une manipulation musculaire, explique-t-il. On manipule les muscles autour des vertèbres, pas les vertèbres".
Un bébé redevenu calme et souriant
Depuis leur visite chez Eddy Lippens, Delphine a l'impression d'avoir "un nouveau bébé" : "Ce n'est plus le même enfant. Il sourit non stop, joue. Il fait des nuits de 12 à 14 heures et dort deux heures le matin, deux heures l'après-midi", se réjouit-elle. Avec ce bébé métamorphosé, les parents peuvent enfin souffler, retrouver la vie sereine à laquelle ils aspiraient tant.
Delphine précise que son témoignage ne vise pas à incriminer la Clinique Notre-Dame de Grâce, ni aucun professionnel de la santé. Mais elle espère qu'il pourra éventuellement aider d'autres parents dans son cas. "Car un bébé qui pleure 7 heures par jour c’est quelque chose d’invivable".
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