Ce mardi, notre rédaction a publié le témoignage de deux amies bientôt retraitées et étonnées de la différence entre leurs futures pensions. L'une, qui a travaillé comme indépendant presque toute sa vie, va recevoir moins que l'autre, chômeuse presque toute sa vie. Ce sujet, très consulté sur RTLinfo.be et le réseaux sociaux a eu un important retentissement et s'est même retrouvé largement relayé par les médias du nord du pays. Trois jours plus tard, Jonathan, un indépendant, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous: "Je vous contacte suite à votre reportage sur la différence des pensions. Celui-ci m’ayant interpellé sur le manque de considération des indépendants, je me suis permis de contacter Mr Di Rupo, qui a eu la politesse de me répondre."
Augmenter la pension légale
Le trentenaire qui a ouvert un club de fitness et dit gérer désormais 4 salles et employer 20 collaborateurs avait interpellé le président du PS dès le jour de la publication de l'article avec la question suivante: "Comment pouvez-vous expliquer cela avec la situation des indépendants pour le moment?"
Et, probablement à la grande surprise du chef d'entreprise, Elio Di Rupo lui a répondu quelques heures plus tard à peine, expliquant "quelques idées qui lui sont chères".
Selon lui, la comparaison des retraites de ces deux sexagénaires soulève d'abord le problème de pensions trop basses. "On devrait augmenter la pension légale, contrairement à ce que fait le gouvernement actuel. Notre pays est en effet l’un des pays d’Europe où le taux de remplacement, c’est-à-dire le rapport entre la rémunération et la pension, est le plus bas. Cela signifie que nos travailleurs, une fois pensionnés, perdent une grande partie de leur pouvoir d’achat et se retrouvent souvent en-dessous du seuil de pauvreté", avance-t-il.
Importance des périodes assimilées: Caroline, la chômeuse, n'a pas choisi de l'être
Quant au fait qu'une année de chômage est aussi prise en compte dans le calcul de la pension, Elio Di Rupo le trouve juste, s'appuyant sur le principe que la grande majorité des chômeurs n'a pas choisi sa situation. Ces personnes étant dès lors déjà pénalisées, il pense qu'il n'est pas opportun de les pénaliser une seconde fois. "Je voudrais réaffirmer l’importance de ce que l’on appelle dans le jargon des pensions 'les périodes assimilées', c’est-à-dire le fait que certaines périodes pendant lesquelles un travailleur n’a pas travaillé (parce qu’il/elle a été malade, parce qu’elle a accouché, parce qu’il/elle a pris un congé pour s’occuper de son enfant, d’un parent malade, parce qu’il/elle a perdu son emploi suite à un licenciement économique, etc.) sont malgré tout prises en compte dans le calcul de la pension. Je crois en effet que les travailleurs qui se retrouvent dans l’une de ces situations n’ont pas demandé, n’ont pas voulu y être. C’est d’ailleurs le cas de Caroline, qui n’a pas choisi de se retrouver pendant 33 ans au chômage : A l’époque, on lui a dit qu’elle n’avait pas le choix, qu’elle devait arrêter pour avoir la garde de ses enfants. Je suis opposé à ce qu’on pénalise ces travailleurs, qui ont fait face à un accident de la vie, en diminuant le seul revenu qu’il leur restera au moment de leur retraire", argumente-t-il.
Proposition de Di Rupo: un droit au chômage pour les indépendants
Le président du PS conclut son message en écrivant qu'il faudrait, comme pour les salariés, un droit au chômage pour les indépendants si ceux-ci perdent leur emploi pour des raisons indépendantes de leur volonté.
Jonathan remercie Di Rupo mais n'est pas convaincu et lui demande de revoir sa réponse
Jonathan a remercié Elio Di Rupo pour sa réponse, indiquant que si leurs idées politiques s'opposaient, elles se respectaient et permettaient de beaux échanges. Ce qui ne l'a pas empêché de contester les arguments du leader socialiste et de déplorer "un manque de considération pour le plus grand employeur du pays, à savoir les indépendants, gérants de PME...".
Une petite entreprise réagit: "Nous cherchons un ouvrier depuis des années!"
Suite à notre article, le responsable d'une petite entreprise de construction, composée de deux associés, nous a envoyé sa réaction via le bouton orange Alertez-nous. "Nous cherchons un ouvrier depuis des années! Récemment nous en avons engagé un pendant six mois", commence par expliquer le témoin. "Il avait mauvais caractère, travaillait à son aise, si le travail n'était pas bien fait, il disait que ce n'était pas de sa faute, il passait sa journée avec son GSM. Nous ne l'avons pas gardé, cela va de soi!", précise-t-il.
"Il est grand temps que nos hommes politiques ouvrent les yeux. Une agence d'intérim m'a sonné pour des renseignements sur cet ouvrier. Cela leur semblait bizarre qu'il travaillait depuis 10 ans et n'avait jamais eu de CDI. Je leur ai répondu que nous cherchons réellement un ouvrier et que si nous ne l'avons pas engagé, ça ne dépendait que de lui", confie le gérant.
"Je suis un petit indépendant, 55 ans, travaillant depuis l'âge de 15 ans, pas un jour de chômage, et déjà peur d'arriver à la pension! Je sens que la pension sera une misère!", dit-il.
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