Depuis bientôt deux ans, les infirmiers sont mis à rude épreuve. Lassés par certaines conditions de travail, Guillaume nous a contactés pour pouvoir "vider son sac".
Guillaume (nom d’emprunt afin de garantir l’anonymat) a 42 ans, est infirmier depuis 18 ans et travaille également en soins à domicile et en tant qu’indépendant dans un laboratoire. Pour lui, son métier c’est avant tout une vocation et une passion. Il en est amoureux et le vit à fond. Cependant, en nous alertant via le bouton orange Alertez-nous, cet infirmier a voulu nous décrire les injustices et la colère que lui et ses collègues infirmier(ères) ressentent. A l’intérieur du long message qu’il nous a adressé, il dénonce plusieurs choses.
Le classement IF-IC dans le viseur
"Tout d’abord, la problématique de la classification IF-IC qui n’est pas juste concernant plusieurs de mes collègues", détaille cet infirmier qui exerce dans le Hainaut. "Les infirmiers en soins intensif ou en urgences sont en catégorie 15. Mes collègues spécialisés en gériatrie, en pédiatrie ou encore en soins palliatifs sont, quant à eux, en catégorie 14. Et lorsqu’on regarde d’autres professions, on peut s’apercevoir qu’un kiné est également classé 15. En quoi un bachelier en kiné vaut plus qu’un bachelier d’infirmier ?" s’indigne-t-il. Guillaume précise n’avoir rien contre les kinés mais prend cet exemple pour décrire un système mal fait.
Le classification IF-IC que critique Guillaume est un système mis en place depuis 2018. Il s’agit d’un modèle de classification des fonctions auquel des barèmes ont été attribués. Chaque fonction (infirmier d’hôpital, infirmier aux urgences, infirmier en consultation, aide-soignant, etc.) est décrite suivant une série de critères qui ont été choisis par les partenaires sociaux. Le but de cette classification était de ne plus rémunérer selon le diplôme de base, mais selon la fonction exercée.
Union4U, le Syndicat des infirmiers et des aides-soignants, apporte son approbation à ce diagnostic : "Nous partageons le point de vue de cet infirmier. C'est justement ce que nous dénonçons dans les discriminations de l'IFIC. Nous demandons que des modifications importantes soient faites rapidement. Nous demandons également la reconnaissance de notre profession comme métier pénible", déclare Gaëtan Mestag, Vice-Président du Syndicat.
Les soigneurs à domicile "mieux payés en franc belge"
Guillaume ne prêche pas seulement pour les infirmiers à l’hôpital. Pour lui, les soigneurs à domicile sont encore moins bien considérés. "L’échelle de tarification, c’est 9 euros brut pour faire la toilette d’une personne, qu’on doit habiller et déshabiller, le tout en moins de 20 minutes. Sérieusement ?"
Encore une fois, le syndicat va dans le sens de l’infirmier. "Le secteur demande depuis de très nombreuses années, qu'une révision complète soit réalisée au niveau des actes rémunérés et des actes effectués à titre gratuit. Une toilette était mieux payée quand nous étions en francs belge qu'elle ne l'est en euros !" déplore Gaëtan Mestag.
Un chauffeur poids lourd gagne au moins 2.000 € en commençant
En effet, les salaires sont également au centre des colères de Guillaume : "On fait quatre ou cinq ans d'études, de plus en plus exigeantes, avec quoi comme reconnaissance ? Entre 1.500 et 1.600 pour commencer ! Un chauffeur poids lourd, sans manquer de respect à cette profession, gagne au moins 2.000 € en commençant..."
Plus encore qu'une augmentation salariale, Guillaume déplore le manque de considération que reçoit le métier. "Simplement un peu plus de reconnaissance. Pendant les grosses vagues de la pandémie, on venait presque nous chercher chez nous pour travailler. On est au front tous les jours, je pense qu'on mérite un peu plus de considération", conclut-il.
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