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Juliana en colère à Seraing: elle doit utiliser des conteneurs alors que ses voisins peuvent continuer à employer des sacs poubelles

Juliana en colère à Seraing: elle doit utiliser des conteneurs alors que ses voisins peuvent continuer à employer des sacs poubelles
 
 

A Seraing, la taxe poubelles empoisonne la vie de certains habitants. Juliana en fait partie. Cette mère de famille fustige une politique onéreuse et inégalitaire en matière de collecte de déchets. Face à la grogne citoyenne, le bourgmestre a tenté de calmer les esprits mardi soir.

"Je suis enragée, ça commence à bien faire", lance Juliana, une habitante de Seraing. Depuis la mi-août, la hausse de la taxe poubelles, qui devait sanctionner les mauvais trieurs, suscite la colère de pas mal de Sérésiens. Ce mardi soir, entre 150 et 200 citoyens excédés par des factures importantes sont venus manifester leur grogne au conseil communal.

D’après Juliana, les habitants ne sont par ailleurs pas logés à la même enseigne."Je dois utiliser un conteneur qui coûte bien cher à cause de la surtaxe liée au poids alors que mes voisins continuent à utiliser des sacs orange qui coûtent nettement moins cher", dénonce cette mère de famille de 58 ans qui nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous.


"C'est horriblement cher"

Il y a environ cinq ans, un nouveau système de collecte des déchets a été mis en place dans la ville wallonne. Au lieu d’utiliser les sacs poubelles pour les déchets résiduels et organiques, les habitants doivent employer des conteneurs. Un vert pour l’organique (compost) et un noir pour le reste des déchets ménagers. Sans oublier évidemment de déposer les verres dans les bulles et de trier les papiers et les plastiques.

"Le but est d’inciter les ménages à trier au maximum, de diminuer le gaspillage et la pollution. Chaque personne a droit par année à 60 kilos de déchets résiduels et 50 kilos de déchets organiques", indique Julie Geldof, échevine de l’environnement à Seraing. Si ce poids est dépassé, un supplément est exigé aux ménages concernés. C’est la hausse de cette surtaxe qui a fait récemment polémique. "Plus de 70% des ménages payent moins de 100 euros supplémentaires", assure l’échevine.

"On reçoit la facture une fois par an et je peux vous dire que la surtaxe est très chère. Je dois payer 155 euros et mon fils, qui vit seul, a reçu une facture de 250 euros", dénonce Juliana. "Je fais très attention et je ne suis pas souvent chez moi car je vais régulièrement chez mon compagnon qui n’habite pas à Seraing. J’ai encore deux filles à charge, mais l’une d’elles habite à Paris. Le conteneur vert, je ne le sors pratiquement jamais. Nous ne produisons donc pas beaucoup de déchets. Et pourtant c’est horriblement cher", estime-t-elle.


"Ces conteneurs en plastique peuvent être infestés de vers et de bestioles"

Au-delà du prix, Juliana estime que ces conteneurs ne sont pas du tout pratiques. "Heureusement, j’habite dans une maison, donc je peux les stocker dans le jardin. Mais pour les déplacer, c’est lourd et ça salit tout. En plus, ils sont difficiles à nettoyer. Les jours de forte chaleur, il faut aussi supporter les mauvaises odeurs. Ces conteneurs en plastique peuvent être infestés de vers et de bestioles", assure la mère de famille.

Les autorités communales affirment pourtant avoir pris en compte la situation particulière des habitants."Chaque maison reçoit deux conteneurs privés dont la capacité (ndlr : 50, 140 ou 240 litres) est déterminée en fonction du nombre de personnes composant le ménage. Si le volume ne convient pas, les habitants peuvent les échanger gratuitement pour d’autres. C’est d’ailleurs assez fréquent. Pour ceux qui habitent dans un appartement, comme c’est très compliqué de les stocker, ils reçoivent une carte magnétique pour pouvoir utiliser un conteneur collectif", explique l’échevine. C’est le cas du fils de Juliana: "Dans un appart', ce n’est pas facile de garder les déchets, donc il doit s’y rendre quasi tous les jours pour des petites quantités."



Des dérogations possibles pour pouvoir utiliser les sacs orange  

Certains riverains ne doivent toutefois pas se plier à ce nouveau règlement. "Des gens continuent d’utiliser des sacs orange. C’est scandaleux. Il y en a un tas dans la commune. J’ai demandé la raison à mes voisins qui m’ont dit que comme ils ont un escalier, c’est compliqué. Je me suis rebellée et j’ai donc appelé la commune qui m’a dit qu’il y avait des cas particuliers", s’offusque la quinquagénaire. 

D’après l’échevine de l’environnement, des dérogations sont en effet possibles, soit en raison d’une contrainte technique avérée, soit pour raison médicale. "Le plus souvent, ce sont des personnes âgées qui n’ont plus la capacité de se déplacer. Cette dérogation est attribuée au cas par cas et c’est une assistante sociale qui passe au domicile pour vérifier les dires. On reçoit des demandes toutes les semaines, mais il n’y en qu’une sur quatre-cinq qui aboutit", indique Julie Geldof. "On ne reçoit donc pas les sacs orange par défaut, il faut faire une démarche pour pouvoir les utiliser. Et le pourcentage de la population qui les utilise encore est très faible", ajoute-t-elle.

D’après Juliana, une autre raison explique ce "traitement de faveur". "Ces gens ne parlent pas le français, du coup ils n’ont pas compris le règlement et peuvent continuer à utiliser les anciens sacs", s’insurge-t-elle. Faux, rétorque l’échevine. "Les documents sont traduits en plusieurs langues pour expliquer à tout le monde le nouveau fonctionnement."


"Seraing est devenue une porcherie" 

En tout cas, la Sérésienne estime que cette situation est injuste. "C’est frustrant ! Les cochons payeurs sont toujours les mêmes. C’est deux poids, deux mesures", fustige-t-elle. Elle est donc loin d’être convaincue par la politique menée par les autorités en matière de collecte d’immondices. "Seraing était une ville plutôt propre et c’est devenu une véritable porcherie. Je suis née ici, je sais de quoi je parle. Les dépôts de déchets clandestins se multiplient. C’est horrible à voir. Mon fils m’a même dit avoir vu des rats dans les rues", confie-t-elle.


Le bourgmestre réduit le prix de la surtaxe déchets

Et Juliana est loin d’être la seule à râler dans le quartier. Devant une salle bondée mardi soir, le bourgmestre socialiste de Seraing, Alain Mathot, a défendu bec et ongles sa politique de pollueur-payeur. Mais il a tout de même fait preuve de compréhension en annonçant la mise en place de nouvelles mesures. Les kilos supplémentaires seront facturés, pour 2015 et 2016, au prix de 0,2 euro et non plus à 0,6 euro. Les familles avec enfants en bas âge et celles qui assurent une garde alternée bénéficieront aussi de kilos supplémentaires. Enfin, le bourgmestre a rappelé que le paiement de la taxe peut s’échelonner sur un an. Est-ce suffisant pour calmer la colère citoyenne ? Rien n’est moins sûr. Un débat sur la taxe poubelles est d’ailleurs déjà à l’agenda du conseil communal au mois de novembre.


 

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