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Julien perd son portefeuille à Ellezelles, quelqu'un en publie une photo sur Facebook: "J'ai reçu une mise en demeure de 3.000€"

 
 

Les usurpations d'identité sont un problème dont on ne mesure pas toute l'ampleur avant d'y être confronté personnellement. Julien, qui a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous, pourrait le confirmer aisément. Facture, huissier: il a du prouver son innocence et a passé quelques nuits blanches… "Un petit malin a usurpé mon identité pour devenir client Proximus", nous a-t-il confié. 

Il perd son portefeuille lors d'une balade, "une âme charitable" pense bien faire

Tout a commencé… en 2020. "C'était il y a un an environ, je me baladais à Ellezelles", nous explique cet habitant de la région de Lessines âgé de 24 ans. "J'ai perdu mon portefeuille, et une âme charitable l'a retrouvé. Il a publié une photo de la carte d'identité sur Facebook, comme ça se fait souvent. Puis il l'a déposé au bureau de police". Voici la publication initiale, que nous avons floutée (elle ne l'était pas dans la publication...):

 

Au début, tout va bien. "J'ai récupéré mon portefeuille facilement quelques jours après, et tout ce qu'il y avait à l'intérieur". Il faut faire un bon de quelques mois en avant pour que les problèmes arrivent. En réalité, quelqu'un a utilisé cette photo (et/ou les coordonnées d'identité de cette photo), et il n'était pas armé de bonnes intentions.

Un abonnement et un smartphone chez Proximus

L'escroc s'est fait passer pour Julien auprès d'un opérateur pour créer un faux compte client. "Quelqu'un a utilisé cette photo, pourtant juste la face avant de ma carte d'identité, pour s'abonner à Proximus et s'y acheter un smartphone. Il n'a eu besoin que de cette photo pour usurper mon identité, ce que je trouve scandaleux".

L'escroc habitait probablement Saint-Josse-ten-Noode, car sur les factures de Proximus qui ont fini par arriver chez Julien, figurait une adresse de cette commune bruxelloise. On constate également que l'adresse email utilisée pour créer le compte n'est pas celle de Julien :

La procédure de Proximus est la suivante: quelques rappels pour factures impayées, et ensuite l'appel à un huissier. "Donc moi, j'ai reçu directement une mise en demeure", liée à quelques mensualités d'abonnement, et à l'achat d'un smartphone. "C'était un beau téléphone, donc au final, avec les abonnements, on était à un total situé entre 2.000 et 3.000 euros".

Selon Julien, si Proximus l'a retrouvé, c'est parce qu'il avait "une première carte SIM chez eux, avec ma vraie adresse".

Pas de conséquence, mais "un message de prévention"

A part quelques sueurs froides, les conséquences sont finalement limitées pour Julien. "Dès que j'ai reçu la mise en demeure, j'ai contacté l'huissier. J'ai rassemblé tous les documents, et je suis allé porter plainte à la police, ainsi qu'au service de médiation des réseaux téléphoniques". Sur ces documents figuraient "une adresse email, une adresse et un nom qui ne me correspondaient pasDonc aujourd'hui, normalement, il n'y aura aucune répercussion sur moi".

Si Julien nous a contactés, c'est avant tout pour faire passer "un message de prévention: si vous voulez aider quelqu'un qui a perdu son portefeuille, ne mettez pas une photo de sa carte d'identité sur internet, ou alors ne laissez apparaître que le nom et le prénom".

Que répond Proximus ?

Les chiffres de la police fédérale sont clairs: les plaintes pour 'fraude à l'identité' (et il y a forcément des cas non signalés) sont passées de 6.484 par an en 2010 à 9.970 en 2020, soit une augmentation de 54%.

L'usurpation d'identité est un vrai problème pour l'opérateur historique. Il a bien entendu envie de faciliter l'inscription et la création d'un compte pour devenir client, mais il se confronte de la sorte à quelques problèmes similaires à celui de Julien.

Chaque fois que nous renforçons nos protections, les fraudeurs deviennent plus créatifs

"Les fraudes à l’identité existent de longue date, et les techniques de protection sont en évolution constante. C’est le jeu du chat et de la souris… chaque fois que nous renforçons nos protections, les fraudeurs deviennent plus créatifs et trouvent de nouvelles failles qui nous amènent à revoir nos méthodes et procédures", nous a répondu Haroun Fenaux, porte-parole de Proximus.

L'opérateur ne préfère pas donner trop d'indices sur ses procédures de vérification lors de la création d'un compte client en ligne (en boutique, il faut insérer sa carte dans un lecteur), "afin de ne pas donner d'idées aux fraudeurs". Mais d'après ce que nous avons appris, le cas de Julien (une photo recto de sa carte d'identité pour créer un compte) n'aurait pas du arriver.

Pour Proximus, ces problèmes représentent "des pertes financières" et "notre image qui est un peu écornée au niveau des victimes et de leur entourage". Impunis, les escrocs ? "Nous collaborons avec les services de police et les Parquets qui s'adressent à nous pour connaître les modalités de souscription de certains contrats, afin d'identifier les usurpateurs". Donc potentiellement, avec l'adresse postale, les appels effectués, l'adresse email, la justice pourrait retrouver et punir celui qui a usurpé l'identité de Julien. Mais la justice a des priorités, et retrouver celui qui a usurpé l'identité de Julien n'en est pas une...

"Très difficile à combattre"

Avec la photo d'une carte d'identité, "on peut tout faire", confirme Irina Dabaca, cheffe de la Direction de l'Office central pour la Répression des Faux. "La fraude à l'identité, avec ou sans document, c'est rarement une infraction autonome, elle est toujours liée à un autre type d'infraction. Ici, c'est pour acheter un smartphone et s'abonner. Ça peut aussi être pour obtenir un crédit auprès d'une banque, ça peut être lié à l'immigration illégale, à la fraude sociale, la fraude fiscale… même du terrorisme".

La répression des Faux remarque "une explosion des fraudes à l'identité" car "internet a donné une dimension nouvelle" au phénomène, tout en le rendant "très difficile à combattre". Il est important de renforcer la vigilance au niveau des citoyens, et la qualité des contrôles de l'identité au niveau des entreprises (opérateurs, banques, etc), même lors d'un processus d'inscription ou d'achat en ligne.


 

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