Des chatons de la race "Sacré de Birmanie" offerts alors qu'un seul de ces petits félins avoisinent les 1000 euros ? Trop beau pour être vrai. Une institutrice de Bruxelles a fini par s'en rendre compte. Elle souhaite alerter le grand public.
Admiratrice de chats, Maude a eu l'attention attirée par une annonce postée sur Facebook. Une dame était prête à y faire don de ses deux chatons sacrés de Birmanie. Raisons invoquées ? Elle était enceinte et devait déménager au Royaume-Uni pour des raisons professionnelles.
Entre 750 et 1250 euros le chaton
Cette proposition apparaît comme une offre à ne pas rater pour l'institutrice bruxelloise qui a toujours rêvé d'avoir un chat de race. En effet, un chaton birman, une race originaire de France à poil mi-long et de couleur similaire à celle d'un Siamois, coûte la bagatelle de 750 euros à 1250 euros. Dans un long courriel envoyé à Maude, la généreuse donatrice explique qu’elle est très attachée à ses chats et que c’est avec regret qu’elle doit s’en séparer. Elle répète plus en détail les raisons pour lesquelles elle compte les donner gratuitement: "La raison pour laquelle nous les donnons est que nous n'avons plus assez de temps pour nous en occuper vu que nous sommes à Londres pour des raisons professionnelles et que nos emplois du temps sont chargés et je suis enceinte. Nous sommes un élevage familial mais actuellement nous n'avons pas d'autre choix que de trouver de meilleurs foyers pour nos chatons. Nous ne voulons pas pas être égoïstes et faire souffrir nos chatons par manque de soin. Nous avons donc décidé de leur trouver des foyers où ils pourront être mieux. Ce sont des chatons très rares et chers, mais puisque nous savons qu'il y a des gens avec peu de moyens qui pourront mieux s'en occuper vu leurs disponibilités nous les donnons par pure générosité."
Les photos des chatons trouvées sur Google Image
Elle demande à Maude de veiller à lui donner régulièrement des nouvelles de ses chéris. "Le hic, c’est que tout à coup, il a été question de frais de livraison, alors que jusque-là, elle était prête à les donner", explique Maude qui nous a contactés via la page Alertez-nous. Des frais qui s’élèvent à 250 euros. "J’ai commencé à avoir quelques soupçons", nous révèle l’institutrice. Au fil des mails échangés avec la propriétaire, des éléments retiennent l’attention de Maude. "Les mails qu’elle m’écrivait étaient très compliqués à comprendre. Le français employé était presque impossible à lire. J’ai demandé des photos des chatons. J’en ai reçu rapidement et puis, par curiosité j’ai fait une recherche sur Google Images et j’ai retrouvé exactement les mêmes photos". Très vite, Maude flaire la supercherie et met un terme à ses contacts avec cette "généreuse donneuse" de chatons. Le cœur un peu en berne, elle souhaite alerter les internautes de ne pas se faire tromper avec ce genre d’escroqueries de dons de chats de races. Maude collabore d'ailleurs à une page Facebook qui dénonce ces arnaques. Elle y a d'ailleurs retrouvé d'autres personnes qui avaient échangé des courriels avec les mêmes généreux donateurs.
L'oeuvre de "brouteurs" ?
Derrière cette tentative d'arnaque, il y a probablement des "brouteurs". C'est le terme employé pour désigner les milliers d'escrocs ivoiriens qui tentent d'arnaquer des gens sur internet pour leur soutirer de l'argent. Souvent des Occidentaux francophones. Les "brouteurs" inventent régulièrement de nouvelles techniques. Le phénomène est tel que la police de Côte d'Ivoire dispose d'une cellule spécialisée qui informe sur son site web des dernières techniques imaginées par les cybercriminels. Quelques-uns d'entre eux avaient été suivis par une équipe d'Envoyé spécial, l'émission de France 2, il y a deux ans. Dans le reportage (voir la vidéo) On peut constater que les "brouteurs" n'ont guère de scrupules, balayés par l'argent facile que leur rapporte leur activité, soit beaucoup plus que le salaire moyen dans le pays. Ceci leur permet d'acheter des vêtements, faire la fête et jusqu'à se permettre un logement individuel, un luxe dans ce pays. D'autre part, ils sont nombreux à estimer qu'ils ne font que reprendre ce que le riche Occident leur a volé. Ils reprennent et donnent aux pauvres. "Le brouteur est quelqu'un de très généreux. Il partage beaucoup de ce qu'il gagne et il est perçu comme un Robin des bois dans son quartier. Pour le public, les victimes sont des Occidentaux. Et les Occidentaux ont tellement exploité l'Afrique que c'est l'occasion de récupérer un peu de ce qui a été pris", explique un des responsables de l'unité de la police ivoirienne qui les traque.
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