Laetitia voit toujours arriver son bus avec crainte, à Salzinnes. Pourra-t-elle monter dans le véhicule avec sa fille ou sera-t-il surchargé ? Si auparavant cette mère de famille acceptait de marcher quelques centaines de mètres, c'est plus compliqué depuis qu'elle voyage avec son enfant de 6 ans. Et elle ne semble pas au bout de ses peines. En effet, pour les TEC Namur-Luxembourg, "aucun problème de surcharge n'a été constaté sur ce tronçon".
"Chaque matin, c'est la boule au ventre que ma fille et moi attendons notre bus de 8h02 sur la ligne 27 Salzinnes-Vedrin. Tous les matins , le bus arrive déja bondé à ne plus savoir faire un pas de côté", nous a confié Laetitia via notre bouton orange Alertez-nous.
Cette maman, qui fait le trajet avec sa petite fille de 6 ans, monte dans le bus à la place de Berck-sur-mer à Salzinnes (Namur) pour descendre quelques centaines de mètres plus loin au niveau du palais des expositions. Mais il lui arrive de devoir faire la jonction à pieds, au pas de course afin de ne pas manquer sa correspondance suivante. "Aujourd'hui, une dame était au volant et nous a annoncé d'emblée qu'elle ne prendrait pas tout le monde. Evidemment, c'est juste devant moi que la chauffeuse a décidé de fermer les portes du bus", a-t-elle ajouté. "Cette situation n'est plus tenable. Mon fils de 14 ans prend le même bus un quart d'heure plus tôt et rencontre les mêmes difficultés".
Laetitia ne sait jamais si elle montera dans le bus avec sa fille
Les TEC "victimes de leur succès"
Au niveau des TEC Namur-Luxembourg, on reconnaît aisément qu'il existe des situations difficiles sur le réseau. "Oui c'est vrai. On est un peu victime de notre succès et on a parfois des surcharges sur certaines lignes à certaines heures. On doit alors adapter l'offre en fonction, mais cela ne se fait pas comme ça", a confié Nora Sli, responsable de la communication des TEC Namur-Luxembourg.
Par contre, le service public des transports en commun estime que cette ligne en particulier, la ligne 27 qui relie Salzinnes à Vedrin, ne pose pas de difficulté majeure. "Nous n’avons pas eu de réclamations particulières concernant des surcharges empêchant des voyageurs de prendre le bus entre Salzinnes et Namur, Place de la Station, entre 7h et 8h", a précisé Nora Sli, avant d'ajouter que les TEC ne s'étaient pas contentés des avis remontés jusqu'à eux. "Une mission spéciale a été réalisée ce lundi 22 février en matinée, mais aucun problème de surcharge n’a été constaté sur ce tronçon, dans la tranche horaire renseignée".
Laetitia a photographié la situation dans un bus de la ligne 27, vers 8h en semaine
Une conclusion qui étonne Laetitia, notre témoin, d'autant plus qu'elle a déjà elle-même adressé des plaintes aux TEC pour la surcharge observée sur cette ligne. "Je me plains environ une fois par mois au TEC, mais rien ne change. C'est vrai aussi que je n'ai pas de vraie réponse à mes mails. Donc soit je n'ai rien du tout, soit une réponse-type. Donc on ne sait jamais vraiment si la plainte est relayée", regrette-t-elle.
Mais ce qui l'intrigue plus, c'est que les TEC n'aient jamais entendu de doléances venant de leurs propres chauffeurs. "Les conducteurs sont souvent différents d'un jour à l'autre. Et je les entends très souvent dire que ça ne va pas sur cette ligne et qu'ils vont alerter leur hiérarchie", a précisé Laetitia.
Et en effet, ce sont en général les commentaires des chauffeurs qui alertent en premier les TEC d'une situation problématique sur une ligne. "Il y a un contact direct avec eux, et ils préviennent s'ils ne peuvent plus embarquer des clients et qu'ils conduisent des bus surchargés", explique Nora Sli.
Comment les TEC modifient-ils l'offre ?
Une fois alertés, les TEC tentent de répondre à différentes questions pour trouver la solution adéquate à un problème dénoncé. La situation est-elle récurrente ou occasionnelle ? La cause est-elle un événement, la conséquence d'un autre élément, comme par exemple une déviation d'une ligne du quartier qui provoque un report sur la dite ligne ? Ou alors s'agit-il d'une vraie surcharge structurelle ? "On a des comptages qui sont faits et depuis avril 2015 on tient compte aussi des validations de cartes Tec it easy, qui nous offrent des données relatives à l’embarquement des clients à bord", a ajouté Nora Sli.
Après analyse, les TEC tentent alors d'apporter une réponse aux passagers en cas de surcharge structurelle avérée. Dans ce cas, deux solutions voient le jour, en fonction de la fréquence de passage sur une ligne existante. "Si la fréquence est déjà élevée, on se dit que les passagers choisissent de prendre le bus à leur horaire idéal, alors qu'ils pourraient aussi le prendre un peu plus tôt ou un peu plus tard. Nous estimons dès lors que la gêne pour le client est plus faible que sur une ligne peu fréquentée", confie Nora Sli.
"Nous sommes tous les jours entassés comme du bétail"
On peut donc en déduire que ce n'est finalement qu'en cas de surcharge avérée sur une ligne peu fréquentée que les TEC vont tout faire pour modifier l'offre. "Nous essayerons alors d’augmenter au maximum la capacité, par exemple en libérant un bus articulé ou en trouvant un bus standard de renfort, mais cela devient de plus en plus difficile et cela a un surcoût élevé que nous cherchons à éviter", prévient Nora Sli qui précise que l'offre ne peut pas être augmentée d'un simple claquement de doigts. "On est aussi dépendant d'une flotte de véhicules qui n'est pas extensible", conclut-elle.
Des explications qui n'ont pas convaincu Laetitia, pour qui la situation actuelle n'est pas tenable "pour elle, mais aussi tous les autres usagers ainsi que les chauffeurs qui travaillent régulièrement sur ce tronçon". "Nous sommes tous les matins entassés comme du bétail. Et en parlant de sécurité, lorsque je vois déja comment nous sommes bousculés en cas de freinage, je n'ose imaginer en cas d'accident".
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