Un jeu d'intellos, les échecs ? Pas du tout, selon Laurent Wery, qui a fondé "Braine Echecs" avec sa compagne. Une cinquantaine de jeunes élèves suivent cette année les cours de cinq professeurs, et certains participent même à des tournois. Rencontre.
Contrairement aux apparences, les échecs ont le vent en poupe auprès des jeunes générations. Et dans la commune de Braine-l'Alleud (Brabant wallon), c'est Laurent Wery qui leur permet d'apprendre ce qu'il considère comme un sport.
Le vendredi soir et certains week-ends, ce père de quatre enfants se consacre aux échecs, ou plutôt à leur apprentissage auprès des jeunes générations, à l'Institut Saint Jacques, une école de la commune qui prête plusieurs classes entre 17h15 et 18h30. "Mon métier, c'est kiné dans une maison de retraite", nous a-t-il expliqué en marge d'une séance de cours.
Comment est née l'idée ?
"Mon fils Arthur a découvert les échecs quand nous habitions en France. Lorsque nous sommes revenus en Belgique, on s'est rendu compte qu'il n'existait aucune infrastructure pour qu'il puisse continuer à apprendre et jouer avec des enfants de son âge", a poursuivi Laurent, 41 ans.
Du coup, il a créé en 2014 un club d'échecs pour jeunes de 8 à 20 ans. "Ça n'existait pas dans la région, il fallait aller à Wavre ou à Bruxelles, et jouer le soir avec des adultes. Mais grâce à des rencontres, et grâce à ma compagne qui a aussi un fils qui joue aux échecs, on s'est dit 'Pourquoi pas?' et on s'est lancé".
Pour développer Braine Echecs, Laurent peut compter sur le soutien de la commune de Braine l'Alleud. "L'échevine est très favorable à notre démarche, et encourage notre présence dans les écoles. Elle nous a également permis d'organiser un tournoi".
La publicité ? "C'est comme pour un club de sport: on a mis un échiquier géant lors de la braderie".
Un succès dès la première année
Alors qu'il s'attendait à une quinzaine d'inscriptions lors de la première année d'existence du club (en 2014), il en a récolté 42.
"Et cette année, nous sommes déjà 47. On ambitionne de rester autour d'une cinquantaine. Ça nous permet de garder des classes d'une douzaine d'élèves".
"Les cours sont ouverts à tous les enfants et sont donnés par quatre professeurs. Nous avons également une secrétaire et une accompagnatrice", tous bénévoles bien entendu.
Les élèves doivent s'acquitter d'une cotisation annuelle de 75 euros "pour les cours, recevoir le livre d'exercices et l'affiliation à la fédération".
Laurent donne également des cours d'initiation dans les écoles de la commune, sur le temps de midi. "Au total, c'est environ 200 élèves qui sont formés chaque année".
Comment se déroulent les cours ?
Les cours donnés par Laurent et les autres professeurs sont organisés en fonction des élèves. "On commence toujours par jouer une partie, il y a un mini tournoi qui dure toute l'année". En début de cours, lesduels sont installés par Laurent.
Tout est bien organisé pour que cela dure environ 15 minutes. Il y a même un compteur sur lequel les élèves doivent appuyer après avoir joué leur coup. Les résultats sont encodés dans un ordinateur, pour déterminer un vainqueur de ce "mini tournoi interne" au bout de l'année.
Ensuite, il y a des cours selon les niveaux. Les professeurs se répartissent les élèves. "Le but est d'apprendre un concept à chaque cours, puis de jouer pour le mettre en pratique".
Quand les élèves ont fini leur partie, ils en commencent une autre avec un adversaire différent. S'il y a un nombre impair d'élèves, Laurent se dévoue et joue une partie, tout en parcourant les autres tables pour veiller au bon déroulement du cours, qui se termine donc vers 18h30.
Pas trop dissipé, les élèves ?
Après une semaine de cours, on n'imaginait mal 50 enfants se concentrant et jouant calmement une partie d'échecs un vendredi soir. D'autant plus que le plus âgé n'a que 14 ans.
Mais c'est pourtant le cas.
"Il n'y a pas de problème de concentration car on a découpé les cours en différents moments (tournoi, cours et matchs). Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, les élèves aiment le lien social qui existe dans les échecs, ils ne sortent pas le moindre smartphone ou la moindre console".
Durant notre observation, on a en effet été étonné par le calme et la concentration régnant dans les différentes classes.
Leur apprendre des valeurs positives
Laurent aime les échecs car ils constituent un excellent stimulus intellectuel pour les enfants, qui apprennent à réfléchir avant d'agir, à déplacer des pièces dans l'espace, à mettre en place une stratégie, etc.
"Le but premier est d'apprendre les échecs, d'avoir envie d'y jouer à la maison avec sa famille, de leur retirer l'étiquette de jeu pour intello".
Le fondateur de Braine Echecs essaie de faire passer le maximum de "bonnes valeurs".
"On ne pousse pas les élèves à la compétition, même si on organise un tournoi et des déplacements vers d'autres tournois de la région ou du pays (environ 7 par an, du local au national, NDLR). On impose aux élèves de se serrer la main avant un match, on encourage le fair-play, etc…"
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