Il n’y a pas que les chiens et les chats, les furets sont aussi abandonnés. Jasmine nous a alertés de la situation compliquée de l’asbl Codys Ferret. Sans subside régulier, le refuge doit prendre en charge les abandons mais aussi parfois les animaux saisis par la justice. Malgré la passion des bénévoles, l'association est découragée par les problèmes financiers.
Jasmine a choisi de déposer son indignation via le bouton orange Alertez-nous. Elle dénonce la situation de Codys Ferret. L’asbl, dit-elle, "se trouve régulièrement en difficulté financière car elle doit gérer les nombreux abandons et saisies". L’association a encore dû recueillir 23 furets issus d’une saisie de 31 animaux, fin août, du côté de Bouillon en province de Luxembourg. "On parle des chiens et des chats, mais on ne parle jamais des furets et les asbl doivent se démener sans aucune aide", déplore Jasmine.
Nous sommes effrayés par le nombre d'abandons, nous sommes fatigués par la tâche immense qui nous incombe
Sur sa page Facebook, Codys Ferret a poussé début septembre un coup de gueule, après cette saisie. "Notre refuge qui tournait déjà à plein régime a été contraint de recueillir 23 furets de plus suite à l’appel du vétérinaire des saisies de Liège … ce qui nous met dans une situation financière très problématique. Aujourd'hui, nous avons besoin de parler. Nous avons besoin qu'on nous comprenne."
Et l'association de suggérer des mesures pour endiguer le nombre de furets abandonnés ou saisis. "Ne serait-il pas temps que les "maîtres" qui abandonnent leur animal soient fichés afin qu’ils ne puissent plus recommencer par la suite, ne serait-il pas temps qu’un permis soit exigé pour encadrer les personnes désirant faire de la reproduction, ne serait-il pas temps que l’Etat subsidie les refuges reconnus afin de les soutenir dans leurs actions, ne serait-il pas temps … ?"
Avant de confier un sentiment de tristesse nourri par l'ampleur de la tâche et l'insuffisance des moyens pour y répondre: "Les animaux ne sont pas des produits de consommation !' Aujourd’hui, nous sommes effrayés par le nombre d'abandons, nous sommes fatigués par la tâche immense qui nous incombe et découragés par les problèmes financiers qui nous accablent au quotidien…"
Si on ne trouve pas de place c’est l’euthanasie et il y en a déjà trop
Un refuge où s'active une dizaine de bénévoles
Ce refuge situé à Erquelinnes dans le Hainaut est géré par Pascal Leriche et son épouse. En février 2020, il aura 13 ans. Le couple s’est lancé dans cette aventure par amour pour les furets mais aussi "parce qu’à l’époque, il n’y avait rien pour eux dans le Hainaut", se souvient Pascal. L’homme de 53 ans s’occupe à temps plein de ce centre. Il est aidé par une dizaine de bénévoles qui consacrent une partie de leur temps à l’asbl.
En août, au moment où l’association a été contactée par le vétérinaire des saisies, elle avait déjà plus de 90 furets en pension. "Quand on nous appelle, on ne refuse pas, il faut agir très vite. L’urgence, c’est de sauver les animaux. Si on ne trouve pas de place c’est l’euthanasie et il y en a déjà trop", explique Pascal. Logiquement, l’association pourrait prétendre à des indemnités pour couvrir la prise en charge des mustélidés (94 euros par jour pour les 23 furets) mais pour l’instant, plus d’un mois après la saisie, elle ne sait toujours pas si elle aura droit à ce dédommagement.
Comment fait l’asbl pour fonctionner ?
"C’est très dur", nous confie Pascal. "En douze ans et demi d’existence, on a reçu deux subsides du ministre wallon du Bien-être animal : 8.000 euros, puis 5.000 euros". "Si on fait le calcul, cela fait 1.000 euro par an et avec ça, on ne fait rien", ajoute Pascal. Par chance, le refuge est situé chez lui, donc il n’y a pas de loyer à payer. Pour tourner, l’association compte sur les cotisations annuelles des membres (pour adopter un furet, il faut être membre de l’asbl). Il y a aussi les parrainages d’animaux, le service pension pendant les vacances des maîtres, les dons et les ventes de petits articles et de calendriers.
Qu’attend l’asbl des autorités ?
Elle recherche d’abord un peu plus de reconnaissance. "On aimerait être pris un peu plus au sérieux par rapport au furet. Lorsqu’il y a des saisies d’animaux, on appelle souvent la S.P.A. (Société protectrice des animaux) par facilité. Je trouve que c’est un peu dommage. Ce serait mieux de les accueillir dans un centre spécialisé", précise Pascal. Et "avoir un subside régulier, ce serait vraiment un plus pour le refuge. Surtout que jusqu'à présent, les montants déjà perçus ne pouvaient servir à payer des soins ou des frais vétérinaires", indique encore Pascal.
En Wallonie, il y a trois centres agréés pour l’accueil des furets. Le refuge Codys Ferret, l’association Mustela et la Ligue nationale pour la protection du furet. Ceux-ci doivent surtout gérer les abandons qui sont de plus en plus nombreux.
Les furets recueillis sont vaccinés et reçoivent un implant
Les animaux sont soit récupérés chez des personnes qui les abandonnent, soit déposés au refuge. Ils reçoivent ensuite les soins vétérinaires adéquats. Chez Codys Ferret, avant d’être proposés à l’adoption, les animaux sont pucés et munis d’un passeport. Ils reçoivent le vaccin de la rage, le primo-vaccin de la maladie de Carré et un implant (pour régler les questions hormonales) à renouveler après deux ans.
Les petits protégés sont suivis grâce à un contrat d’adoption. S’ils ne trouvent pas de foyer, ils restent au refuge à vie. "Malheureusement, cela arrive souvent", regrette Pascal.
En 2018, le refuge a accueilli 102 nouveaux furets. 62 ont pu le quitter. Cette année, il y a déjà eu 105 entrées et pour l’instant, il y a 92 pensionnaires dans les locaux.
Pourquoi tant d'abandons ?
Pourquoi y a-t-il tant d’abandons ? S’il n’a pas été éduqué et opéré, le furet peut avoir un comportement un peu sauvage qui finit par pousser le propriétaire à s'en débarrasser. "Il faut connaître l'animal" et savoir à quoi l'on s'engage, résume Pascal. Les furets sont des mustélidés, animaux carnivores et non des rongeurs. Sociables et très joueurs, ils peuvent être élevés comme un chien ou un chat. Ils ont besoin d’attention, de soins quotidiens, et de temps supervisé en dehors de leur cage chaque jour. Leur espérance de vie est comprise entre huit et dix ans.
Si vous souhaitez adopter un furet, Pascal conseille de prendre directement contact avec l’un des refuges agréés : "Ici, on donne les avantages et les inconvénients. Un magasin aura tendance à vouloir vendre. Et il y a malheureusement encore beaucoup d’achats compulsifs."
Chez Codys Ferret, il faut compter entre 100 et un peu plus de 300 euros pour un furet mâle en ordre de documents et de vaccination. Ce n’est pas un achat, mais une adoption. Il faut prendre le temps de la réflexion. Pascal donne l’exemple d’une famille qui l’a contacté récemment : "La jeune fille est venue nous aider, nettoyer les cages, etc. pour voir concrètement si elle était capable d’assumer l’entretien d’un furet et c’était le cas, elle était très responsable", se réjouit le fondateur du refuge.
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