Le stationnement à Bruxelles est en pleine transition. Les communes confient de plus en plus leur gestion à parking.brussels, une agence régionale créée en 2014 et qui vise à harmoniser les principes, les règles, les tarifs et les moyens de paiement du stationnement dans les rues de la capitale. Parmi ces moyens, il y a le recours à des applications tierces. Qui peut connaître des ratés, comme l'a constaté Régis, un habitant de Tervuren.
Depuis quelques années, le stationnement bruxellois est en pleine mutation. En effet, un "plan régional de politique du stationnement" (PRPS) a été instauré pour harmoniser les 19 règlements communaux relatifs au stationnement, et pour les inscrire dans une vision systémique de la mobilité, un enjeu colossal pour notre capitale.
Les communes décident progressivement de confier la gestion du stationnement à parking.brussels, officiellement l'Agence du stationnement de la Région de Bruxelles-Capitale. Un transfert progressif de compétences qui concerne aussi le contrôle (vérifier si les propriétaires des véhicules stationnés ont payé leur dû). Et vous le savez, de telles migrations s'accompagnent souvent de bugs, de couacs ou dysfonctionnements en tout genre.
Régis a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous car il a vraisemblablement été victime d'un de ces bugs. "Cela fait deux fois que, malgré que j’aie payé ma place de parking via l’application OPnGo, je reçois tout de même des amendes pour non-paiement par la suite", nous a-t-il expliqué.
Il se gare "tous les jours" dans les rues de Bruxelles, et utilise les applications: comment fonctionnent-elles ?
Régis, 45 ans, habite dans la région de Tervuren. "Je suis indépendant dans le marketing, et je suis tout le temps sur la route, je me gare tous les jours dans les rues des communes de Bruxelles".
Depuis "environ 1 an", notre témoin est ravi de pouvoir utiliser une application pour payer son parking facilement. "J'utilise Yellowbrick ou OPnGO, ça dépend des communes ou des quartiers, mais c'est quasi partout dans Bruxelles, maintenant".
Ces applications font office d'intermédiaire entre le gestionnaire de parking local (des communes, des intercommunales – comme parking.brussels –, des parkings privés voire des particuliers louant un emplacement) et l'automobiliste qui veut se garer.
Dans le cas des rues de Bruxelles, elles sont une option parmi d'autres, car il est toujours possible de régler son dû à l'avance directement à la borne du coin, ou via l'envoi de SMS surtaxé.
Le principe de fonctionnement d'une telle application est simple. Il faut d'abord s'inscrire, indiquer une carte de crédit et enregistrer son véhicule, sa plaque d'immatriculation. "Quand vous arrivez dans une rue, vous ouvrez l'application, qui vous géolocalise. Il faut ensuite confirmer qu'on est effectivement arrêté dans telle rue, à hauteur de tel numéro. Après avoir confirmé, c'est facturé via votre carte de crédit. L'avantage, c'est que vous ne payez que pour ce que vous restez: si vous partez plus tôt, vous ne perdez pas d'argent".
Les systèmes informatiques derrière l'application sont coordonnés avec ceux des contrôleurs, qui savent donc, en scannant la plaque, qu'une session est en cours et qu'elle sera facturée.
Des applications qui sont de plus en plus populaires en région bruxelloise. Même si parking.brussels "manque de recul et de mesures statistiques" au niveau des moyens de paiement, l'agence régionale constate un certain engouement.
Les paiements via l'appli ont dépassé les paiements par SMS
Succès grandissant pour les applications, la monnaie disparait progressivement
"Pour la première fois en juillet, les paiements via l’une des applications (voir la liste) ont dépassé les paiements par SMS. Pour une commune comme Anderlecht, par exemple, pour le premier semestre 2019, le montant mensuel moyen des perceptions par SMS est de l’ordre de 15 à 20.000 euros et il a dépassé en juillet les 20.000 euros pour les paiements par application, avec plus de 10.000 transactions enregistrées", nous a expliqué Pierre Vassart, porte-parole.
Quant aux bons vieux euros à glisser dans la fente, ils deviennent rares. "Le paiement par monnaie devient minoritaire ; et 2 nouveaux horodateurs sur 3 installés dans nos communes ne permettent plus de payer en monnaie".
Le moyen de paiement majoritaire, actuellement, "est celui par carte de banque".
Régis surpris par deux amendes…
Notre témoin de Tervuren est ravi du système de paiement par application, "très souple et pratique". Il a néanmoins connu quelques soucis ces derniers mois. "Ça fait deux fois déjà que ma société de leasing me transfère des amendes signalées comme impayées par parking.brussels". A chaque fois, il s'agit d'une amende de 25 euros.
Etonné, Régis vérifie dans ses archives. "J'ai retrouvé les emails des factures de l'application, et chaque fois, j'ai remarqué que j'avais bien payé un parking" pour les jours concernés.
Quelques échanges d'emails plus tard, une solution est trouvée. "J'ai à chaque fois envoyé ma facture avec la preuve de paiement, et l'amende est heureusement tombée". Si Régis nous a contactés, c'est surtout pour prévenir. "Dans le cas d'une société de leasing, les amendes mettent parfois des mois à arriver. Je suis certain que la plupart des utilisateurs ne savent pas retrouver la preuve de paiement, et ils pourraient donc être contraints de payer les amendes en cas de bug". Il conclut que le paiement via des applications n'est "peut-être pas fiable à 100%".
parking.brussels réagit vite et bien, mais il faut une preuve...
Le stationnement à Bruxelles en ébullition
On l'a dit en début d'article, l'agence de stationnement de la région Bruxelles-Capitale gère de plus en plus de communes. "Historiquement, chaque commune avait son propre règlement en matière de stationnement. Ça occasionnait des problèmes, notamment dans les rues entre deux communes, comment savoir sur quel territoire on se garait", nous a expliqué Pierre Vassart, porte-parole.
"La Région a donc mis en place une politique régionale de stationnement, mais chaque commune garde son autonomie en la matière. Elles décident volontairement de nous confier la gestion du stationnement".
Actuellement, 8 communes sur 19 le font. Les autres continuent d'appliquer leurs propres règles, et de faire appel à des sociétés privées pour le contrôle. Mais ça va changer. "Quand une commune arrive au terme d'un contrat avec une société, elle ne peut plus le renouveler. Soit elle engage elle-même du personnel pour le faire, soit elle délègue à parking.brussels". L'agence essaie alors de recruter le personnel de contrôle de la société privée.
Créée en 2014 avec une poignée d'employés, "nous sommes désormais 200". Le stationnement bruxellois est donc en pleine transition, et en pleine harmonisation, notamment au niveau des tarifs, de la logique de répartition des zones, etc.
"Exemple: Schaerbeek est en fin de contrat pour le contrôle des stationnements. La commune a déjà décidé de faire appel à nous". Toutes les communes vont sans doute faire pareil, "mais ce n'est pas toujours facile de négocier, il y a quelques tensions quand on parle de transfert de compétences, de perte d'autonomie". Les communes veulent aussi s'assurer qu'elles continueront de toucher les millions d'euros générés par les stationnements payants en rue…
Et le bug de Régis ?
Difficile de savoir ce qui a causé le bug entre le paiement via l'application de Régis et le système informatique sur lequel se basent les contrôleurs à Ixelles. Mais la commune qui vient de confier la gestion des stationnements à parking.brussels, ce qui explique sans doute beaucoup de choses.
L'agence nous a d'ailleurs précisé que "cette commune est pilote pour le contrôle via des véhicules scanneurs". Sur son site, l'agence écrivait même à la fin du mois de juillet dernier que "le contrôle du stationnement est en rodage" à Ixelles et qu'il y a "des problèmes informatiques dans le transfert de données".
Elle conseille d'ailleurs "de privilégier le courrier électronique pour prendre contact avec le service clientèle de parking.brussels à l’adresse ixelles@parking.brussels en mentionnant votre numéro de plaque ou la référence de celle-ci et en joignant les pièces justificatives si nécessaire".
C'est ce qu'a fait Régis et le suivi a été rapide et efficace.
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