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Patricia dénonce une situation "infernale à gérer": "Je suis victime d'arnaques au téléphone plusieurs fois par jour!"

Patricia dénonce une situation "infernale à gérer": "Je suis victime d'arnaques au téléphone plusieurs fois par jour!"
 
arnaque
 

Des appels quotidiens de numéros parfois masqués, qui ne laissent pas de message et qui ne répondent pas lorsqu'elle rappelle: Patricia n'arrête pas d'être dérangée. Elle en veut aux opérateurs, qu'elle accuse de "vendre" des listes de numéros de téléphone d'abonnés. Et elle prétend que lorsqu'elle décroche, elle est (sur)facturée. RTL info démêle le vrai du faux, et vous donne les conseils essentiels pour éviter que votre numéro de téléphone traine sur internet.

Patricia n'en peut plus: elle reçoit quotidiennement des appels téléphoniques indésirables, sur son fixe et son mobile. L'origine de ces appels est impossible à vérifier, mais il est probable que ses numéros de téléphones se retrouvent sur des listes de sociétés commerciales plus ou moins scrupuleuses.

"Je suis, comme d'autres utilisateurs, victime d'arnaques au téléphone plusieurs fois par jour. Ces nombreux appels sont laissés sans message avec un préfixe +32 (préfixe belge) et à chaque fois avec un numéro de GSM différent. J'ai essayé de rappeler plusieurs fois ces numéros mais sans succès. J'attire l'attention sur le fait que ces appels que je ne veux pas recevoir sont payants si malheureusement vous décrochez votre téléphone. Je suis non seulement contactée sur mon GSM, mais aussi sur mon fixe et cela devient infernal à gérer!", nous a-t-elle écrit via le bouton orange Alertez-nous.

Parfois exaspérée par cette situation, elle va jusqu'à accuser les opérateurs téléphoniques de "vendre" les numéros des abonnés à des sociétés tierces. "Je pose la question : les fournisseurs d'accès à la téléphonie préfèrent-ils vendre le listing de leur client sans demander leur accord pour gagner ainsi de l'argent sur le dos du consommateur plutôt que de protéger leur choix et leur vie privée?"

Est-il possible d'être facturé quand on répond à un appel ?

Il est important de démêler le vrai du faux dans les propos de Patricia. Une première partie de sa plainte nous a semblé bien étrange. Serait-il effectivement possible de recevoir un appel qui serait surtaxé d'une manière ou d'une autre lorsqu'on décroche, et facturé via l'opérateur ? On connaissait les SMS et les appels émis surtaxés (vers des numéros spéciaux, genre 0900), mais pas les appels reçus surtaxés…

Nous avons demandé à l'IBPT, l'Institut Belge des services Postaux et des Télécommunications qui est un peu le gendarme en la matière, s'il avait déjà eu vent d'une telle pratique. Après une brève prise de renseignements, la réponse est catégorique: "Nos experts m'ont confirmé que ça n'était pas possible", assène Jimmy Smedts, le porte-parole.

Nous voilà quelque peu rassurés, mais ça ne change rien au fait que Patricia se sente harcelée par des appels intempestifs sur ses téléphones fixe et mobile.

Du simple 'télémarketing', pas une "vente par les opérateurs"

L'origine la plus probable des appels que reçoit sans cesse Patricia est simplement commerciale. On appelle ça le 'télémarketing', et c'est aussi vieux que le téléphone fixe. Cependant, lorsqu'elle décroche (ce qu'elle fait "parfois"), "c'est une voix enregistrée qui me dit que le numéro n'est pas autorisé". Il est donc possible que les numéros de Patricia soient dans les mains d'arnaqueurs situés à l'autre bout de planète, et qui tentent d'escroquer leurs victimes en déguisant le numéro de l'appelant. Certaines tentatives seraient visiblement déjouées à l'avance par des opérateurs... Difficile de le vérifier.

Mais comment tous ceux qui appellent Patricia ont-ils eu son numéro de téléphone ? Notre interlocutrice suspecte les opérateurs télécom (Proximus, Orange et Base). "J'ai entendu dire que les opérateurs se faisaient de l'argent en revendant les données personnelles des abonnés", nous a-t-elle déclaré, précisant tout de même qu'elle "ne l'avait jamais vraiment remarqué sur sa facture". 

Les porte-paroles des trois opérateurs nous ont affirmé que ce n'était absolument pas le cas. "On ne vend pas et on ne donne pas les coordonnées de nos clients: le respect de la vie privée est essentiel et d'ailleurs, c'est interdit dans le règlement sur le respect de la vie privée", selon Orange. Même son de cloche rassurant du côté de Proximus et de Base. 

La raison la plus probable est que les numéros de téléphone de Patricia se retrouvent sur des listings de sociétés commerciales, car ils sont présents dans l'une ou l'autre base de données issues d'un concours, d'une inscription à un site ou à un service en ligne. "Il m'arrive en effet de laisser mes numéros de téléphone pour m'inscrire sur certains sites, comme eBay ou de seconde main. Je le fais quand je ne peux pas faire autrement". Mais de manière générale, Patricia s'estime "très prudente" sur internet et sur les sites qu'elle fréquente.

L'occasion de rappeler qu'il faut faire très attention aux formulaires que vous remplissez, que ce soit en ligne ou hors-ligne.

"Parfois, les gens ne se rendent pas compte qu'ils donnent leur numéro de téléphone quand ils s'inscrivent à des concours, demandent des accès à un site ou une carte de fidélité", nous a expliqué le porte-parole de Proximus, qui partage notre explication. "C'est de cette façon que leurs numéros se retrouvent dans des listings qui sont revendus ou partagés avec d'autres sociétés commerciales".

La liste 'Ne m'appelez plus' est respectée par l'association belge du marketing direct, mais pas par certaines sociétés qui sont basées à l'étranger

Nos conseils pour éviter les appels commerciaux

Que ce soit pour s'inscrire sur un nouveau site web, une nouvelle boutique en ligne, un nouveau service, une nouvelle carte de fidélité… on est effectivement assailli de demandes de coordonnées personnelles.

Parfois, elles sont utiles à l'entreprise et il faut les confier: Amazon, par exemple, a besoin de connaître votre adresse postale pour vous livrer un colis, et peut-être votre numéro de téléphone pour vous prévenir en cas de problème. A l'inverse, un réseau social n'a besoin que de votre adresse email pour valider une inscription ou envoyer des notifications, mais en aucun cas de votre adresse postale ou votre numéro de téléphone (même si beaucoup le demande désormais pour sécuriser le compte avec l'envoi d'un code par SMS lorsque vous changez d'appareil).

Notre conseil est simple: quand vous êtes certain qu'une inscription n'a pas besoin de telle ou telle donnée personnelle, ne l'indiquez simplement pas (ou indiquez une fausse adresse, au pire).

Et bien entendu, évitez de remplir des formulaires d'inscription avec vos données personnelles pour des concours, car elles sont presque systématiquement revendues à des tiers (lisez les conditions générales, dans le doute).

En parlant d'inscription, la plupart des sites sont obligés de décocher par défaut la case "partager mes données avec des partenaires commerciaux". Mais ça n'est pas toujours le cas. Vérifiez toujours ce que vous faites.

Le pire de tout, c'est de donner accès à son compte Facebook ou Twitter pour vous inscrire sur un site, une page, un concours. Car vous ouvrez une porte sur votre vie privée et d'innombrables données personnelles s'y trouvent, parfois à votre insu. Ne laissez que les applications/sites/services qui vous inspirent la plus grande confiance accéder au profil de votre réseau social préféré.

En dernier recours, pour vos numéros de téléphone, il y a la liste 'Ne m'appelez-plus', validée par le Service Public Fédéral (SPF) Economie. En vous y inscrivant, vos numéros de téléphone seront sur une liste rouge, et "les entreprises qui font du marketing direct doivent (les) retirer de leurs listes de contacts", explique le SPF. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez toujours le signaler ici.

Mais il n'y a pas de miracle, comme le précise Proximus. La liste "est respectée par l'association belge du marketing direct, mais pas par certaines sociétés qui sont basées à l'étranger". Or vos numéros de téléphone, lorsque vous les enregistrer sur un site web, peuvent circuler n'importe où par après. La prudence et la lucidité doivent rester de mise.

Concluons cet article en donnant une dernière explication possible aux ennuis de Patricia: ses données personnelles (dont les numéros de téléphone) ont peut-être été volées sur certains sites/services/boutiques dont les serveurs auraient été piratés (Yahoo et LinkedIn sont des récentes victimes 'grand public').

Un nouveau "point de contact"

La police estime qu'il est utile de dénoncer les abus des appels indésirables. Pour ce faire : une seule adresse pour toute la Belgique : le nouveau site Point de Contact.

"Il s’agit d’une plateforme créée en février 2016 en collaboration avec le SPF Economie et la Police fédérale", détaille Olivier Bogaert, le commissaire de la Computer Crime Unit, l’unité spécialisée en cybercriminalité de la Police Fédérale. "Elle permet d’envoyer le signalement d’une arnaque qui va remonter aux autorités. Et si vous êtes tombés dans le piège et avez payé, le site va générer un formulaire. Vous le remplissez et allez ensuite avec celui-ci dans votre commissariat de quartier et le policier qui le recevra aura directement toutes les informations pour initier une procédure judiciaire."

Cette plateforme encore méconnue a pourtant enregistré plus de 28.000 signalements en un an d’existence. Elle permet à la police de se tenir au courant des nouvelles formes d’arnaques et de mettre la population en garde.


 

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