Lorsque la police est arrivée sur les lieux, les chevaux n'étaient plus là. Ils auraient été vendus. Le marchand de chevaux a été condamné à de multiples reprises pour maltraitance animale et attend depuis plusieurs années un procès qui pourrait enfin se tenir prochainement.
"Deux chevaux dans un état de maigreur avancé et les pieds complètement à sang. Que fait la justice ? Pourquoi laisser faire ce monstre ?", s'interrogeait un alerteur nous soumettant la photo de deux équidés prise lundi soir via le bouton orange Alertez-nous. Les animaux se tenaient dans un champ de Wodecq, petit village de la commune d'Ellezelles (Hainaut occidental). Qui est le "monstre" ? D'après le témoin, il s'agit de Pascal D., marchand de chevaux condamné à plusieurs reprises (2005, 2009, 2011, 2012) pour maltraitance animale.
Le bourgmestre a rapidement été mis au courant de la présence des deux chevaux. Nous l'avons appelé. Les bêtes appartiennent bien au négociant. La police locale s'est immédiatement rendue sur le lieux mais les chevaux n'étaient plus là. Ils auraient été vendus par le propriétaire. L'homme achète des chevaux réformés (des chevaux de sport, de centre équestre ou encore de particuliers qui ne sont plus aptes à la pratique de leur activité) destinés généralement à l'abattoir. "C'est un marchand low cost, il achète à très bas prix et revend à bas prix notamment sur le marché de chevaux de boucherie en Flandre ou par annonces via des pseudo-associations qui invitent les gens à sauver des chevaux de la boucherie", nous affirme une source.
Pascal D. n'est inconnu ni de la justice ni des médias ni même du monde politique puisqu'il aurait inspiré certaines lois wallonnes récentes en faveur du bien-être animal. Notre dernier article le concernant remonte à l'été dernier. Trois chevaux étiques, les côtes saillantes, avaient été vus chez lui, dans son village d'Ogy, près de Lessines. On s'inquiétait dès lors du comportement inchangé d'un individu en attente d'un nouveau procès après la saisie en 2016 de dizaines d'animaux en souffrance ainsi que des carcasses de chevaux (qui amène à suspecter qu'il tuait des animaux chez lui, ce qui est interdit, avant d'écouler la viande).
Un an plus tard, le procès n'a toujours pas eu lieu, nous a confirmé le président de l'association Animaux en péril qui, à l'instar d'autres associations, s'est constituée partie civile dans cette affaire. L'instruction vient cependant de se terminer. "Notre avocat espère que le procès se tiendra encore cette année", a déclaré le responsable d'Animaux en péril qui confirme que l'homme a pour activité d'acheter des chevaux, parfois pas toujours en bon état, "qu'il n'engraisse évidemment pas" et qu'il vend "le plus rapidement possible afin de se faire un petit bénéfice."
Les associations espèrent que l'homme sera enfin condamné à ne plus pouvoir détenir d'animaux. Même si depuis le 1er janvier, en théorie, une décision administrative suffit selon Animaux en péril. Tous les citoyens ont désormais un permis de détention d'animaux. Celui-ci peut être retiré par un fonctionnaire sanctionnateur en cas d'acte grave, il n'y a donc plus nécessité d'une décision judiciaire. Le président d'Animaux en péril souligne également que depuis peu la Wallonie accorde aussi aux bourgmestres l'autorité de saisir des animaux au même titre que les inspecteurs de la région wallonne.
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