Sortir d'un cabinet de spécialiste et n'avoir rien compris au diagnostic ? Impensable pour Bertrand Camus, médecin à Thimister. Face à ses patients, exit le jargon médical et les mots scientifiques. Et depuis peu, c'est sur Youtube qu'il partage désormais sa science. Portrait.
Bertrand Camus est médecin généraliste et sportif à Thimister-Clermont, dans la province de Liège. Depuis début janvier, il s'est lancé un nouveau défi: faire comprendre la médecine à un grand public.
Son père meurt suite à une maladie quand il a 16 ans
Bertrand a toujours été passionné par la science, et plus particulièrement la science médicale. À 16 ans, il est confronté à la perte de son père suite à une maladie. Un coup dur pour l'adolescent qui se rend compte de l'utilité de la médecine générale. "J'ai été impressionné par le travail du médecin généraliste. Je me suis dit qu'il y avait là, un beau métier à faire", nous confie-t-il.
Bertrand s'engage donc dans un cursus long et compliqué. "Le passage de la rhéto vers l'université fut délicat. Et le problème, c'est que je ne voyais pas les choses comme mes professeurs. Nous n'étions pas vraiment compatibles", se souvient le généraliste. Car ce dernier a toujours préféré la pratique. Les apprentissages par cœur du jargon médical et des termes scientifiques ne l'ont jamais vraiment intéressés. Son truc à lui, c'est la vulgarisation.
Rendez-vous tous les vendredis à 19h
"Je ne viens pas d'une famille de médecins. Donc j'ai toujours préféré expliquer les choses avec des mots simples", se justifie-t-il. Diplômé et désormais en poste dans un cabinet, le médecin s'affaire à expliquer à ses patients les choses simplement. "Ce qui m'intéresse, c'est faire le lien entre les gens et le monde médical. C'est adapter la médecine avec la situation personnelle de chacun", explique-t-il. Avant d'ajouter: "Parfois, des gens viennent me voir après avoir consulté de grands professeurs. Et le problème, c'est qu'ils n'ont rien compris à ce qu'on leur a dit".
À chacune de ses consultations, Bertrand nous confie prendre le temps avec ses patients afin que ceux-ci repartent sans une foule de questions.
C'est dans cette même optique que le médecin a lancé sa chaîne Youtube en janvier dernier. "J'avais envie de transmettre de la pédagogie. J'ai pensé à cette plateforme", souligne-t-il. À travers sa chaîne intitulée "La capsule médicale", il entend décortiquer le jargon du corps humain et de la médecine en générale. Tous les vendredis, à 19h, il propose ainsi une vidéo d'une dizaine de minutes. Qu'est ce que le pancréas? À quoi sert le poumon? Comment guérit-on d'une bronchite chronique? Autant de questions auxquelles répond le docteur.
J'aime cet aspect 'fait maison'
Face à un tableau noir de professeur, Bertrand Camus fait mine de s'adresser à une salle de classe dont les élèves sont en fait les internautes. Tout est pensé pour partager le plus efficacement et simplement ses connaissances. "C'est beaucoup de boulot, concède-t-il. Il faut compter une heure de travail pour une minute de vidéo".
Il choisit les thèmes en fonction de ses envies, et parfois, des suggestions faites par des internautes. Puis, vient le temps de l'écriture. Muni de ses manuels scientifiques, il écrit le texte qu'il prononcera face caméra. "Je m'adresse au grand public donc j'essaie de bannir les mots compliqués. J'y vais pas à pas", précise-t-il.
Le médecin se filme ensuite. "Je fais tout tout seul. J'aime cet aspect 'fait maison'", raconte-t-il. Au sein de son cabinet, une pièce est réservée pour sa captation vidéo. Équipé d'un micro, de la caméra de son ordinateur et d'un fond vert, il déballe ainsi son texte. Sa vidéo ne doit en principe pas excéder 15 minutes. "Il faut garder l'attention et ne pas se noyer dans les détails", avoue-t-il.
Je sais que sur la forme, je peux m'améliorer
Vient enfin le temps du montage et de la mise en ligne. Grâce à des tutos sur Youtube, le médecin a appris à monter chacune de ses vidéos sans l'aide de professionnels. Selon lui, la qualité n'est ainsi pas parfaite mais il entend se perfectionner au fur et à mesure: "Je sais que sur la forme, je peux m'améliorer".
Près de 100 personnes se sont abonnées à la chaîne depuis sa création, soit janvier dernier. Pour Bertrand, le pari est déjà réussi. "Je m'attendais à attendre ce nombre au bout d'un an d'activité. Donc pour moi, c'est déjà bien", lâche-t-il. La plupart des internautes qui le suivent sont des personnes qui l'ont découvert via Youtube. "Il y a parmi eux quelques infirmières qui travaillent dans une maison de repos située à côté du cabinet et qui se sont donné le mot", précise le médecin.
Vers des collaborations?
À l'heure actuelle, Bertrand n'entend pas faire grandir son projet. "Je fais déjà une vidéo par semaine. Et avec mon activité au cabinet à côté, ce n'est pas évident de penser à des choses plus grandes", confie-t-il. Pour autant, il n'est pas réfractaire à l'idée de proposer plus tard des collaborations. "Pourquoi pas faire découvrir le travail hospitalier, ou celui des paramédicaux?", conclut-il.
En attendant, le médecin œuvre désormais sur l'élaboration de sa prochaine vidéo qui devrait intéresser un large public. Sa capsule s'attaquera à la définition du diabète. Une maladie qui touche près d'un million de Belges.
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