L'an dernier, nous avons évoqué à plusieurs reprises les nombreux problèmes rencontrés par des Belges bloqués au Maroc, des Marocains bloqués en Belgique. Dans d'autres cas, il s'agissait de personnes ayant la double nationalité, ce qui ne changeait rien à la fermeture des frontières. En 2020, le ministère des Affaires étrangères belge avait dû négocier avec les autorités marocaines pour autoriser le rapatriement de milliers de personnes.
Petit à petit, la situation s'était assouplie au niveau du Maroc, qui a réautorisé durant quelques mois des avions à atterrir et décoller. Nathalie en a profité, au mois de février 2021, pour aller se marier avec son compagnon, qui vit au Maroc. Elle y est coincée depuis lors, et ne peut plus revenir. Elle nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, mais c'est sa belle-sœur, en Belgique, qui nous a expliqué la situation.
"Quand elle est partie, tout allait bien"
Nathalie a une maison à Blegny, en région liégeoise. Lorsqu'elle est partie au Maroc le 19 février, soit il y a près de deux mois, sa belle-sœur s'est installée chez elle, pour s'occuper des trois enfants de Nathalie.
"Elle est partie pour préparer un mariage avec un Marocain qu'elle avait rencontré il y a quelques temps. Il habite au Maroc, et elle allait le voir souvent", nous explique-t-elle. Sur place, Nathalie avait "un rendez-vous à l'ambassade le 1er avril", et pensait "reprendre l'avion le 11 avril".
"Quand elle est partie au Maroc, tout allait bien", nous dit-elle. Entendez par là: il n'y avait pas d'interdiction formelle d'entrer sur le territoire marocain. Mais il était déjà interdit, le 19 février dernier, de quitter le territoire belge sauf pour 'raisons impérieuses' ; ce terme vague englobant sans doute, du moins Nathalie le pensait, des démarches administratives pour un mariage.
"Rien ne sort du Maroc"
Hélas, alors que Nathalie était sur place depuis peu et que l'épidémie reprenait de l'ampleur un peu partout dans le monde (et aussi en Belgique), le Maroc a décidé de serrer la vis. Au début du mois de mars, le ministre de la Santé du pays a ainsi décidé de suspendre "jusqu'à nouvel ordre tous les vols passagers à destination et provenance de la Belgique", peut-on lire dans une dépêche Belga de l'époque.
Sur place, Nathalie a gardé espoir, pensant que la réouverture des frontières était imminente. Mais elle perd patience. "Elle a tout tenté pour rentrer, et moi aussi de mon côté, ici en Belgique. Les agences de voyage, d'autres solutions comme du covoiturage… Mais rien ne sort du Maroc. Au début, ça devait durer jusqu'au début du mois d'avril, le 1er, puis le 3, puis le 5. Ils n'ont pas cessé de reporter la réouverture de l'espace aérien", explique sa belle-sœur.
Même si tout "se passe bien pour elle sur place" où elle loge chez son "futur mari", et à Blégny où "la cohabitation est bonne" entre la belle-sœur et les enfants, Nathalie est "démotivée", car elle ne peut pas rentrer chez elle. "J'ai une obligation… mes enfants sont en Belgique", nous a-t-elle écrit.
"Jusqu'au 21 mai", selon les Affaires étrangères
Nous avons contacté le Service Public Fédéral Affaires étrangères, compétent en la matière. "Au niveau de la Belgique, l'interdiction de voyages non-essentiels a pris effet le mercredi 27 janvier 2021", nous a expliqué Karl Lagatie, porte-parole.
Si le voyage était 'essentiel' pour Nathalie, ça ne change rien au fait que "si on part, ce n'est plus comme au printemps 2020, on sait qu'on prend toujours le risque d'être coincé par des mesures prises par le pays" dans lequel on se rend, qui plus est si ce pays est situé en dehors de l'Union européenne.
Le SPF Affaires étrangères rappelle que, l'an dernier (en février et mars), "on a organisé le rapatriement de milliers de ressortissants belges qui avaient été pris au dépourvu, qui étaient au Maroc au début de l'épidémie" et qui y étaient coincés. En février 2021, "c'est dur de dire qu'on n'est pas au courant" du risque de quitter l'Europe car "la situation est différente". Comprenez: le SPF ne peut rien faire pour aider Nathalie, et ne va pas négocier avec le Maroc, comme il l'a fait l'an dernier, pour obtenir une exception et la rapatrier.
Et la suite ? "L'interdiction des vols à destination et en provenance du Maroc a été prolongée cette semaine jusqu'au 21 mai 2021", nous confirme le porte-parole. Nathalie doit donc prendre son mal en patience et vérifier régulièrement la page du site du SPF Affaires étrangères sur la situation du Maroc. Dès que la situation aura changé, elle devra attendre qu'une compagnie aérienne organise un vol, ou se débrouiller en bateau, voiture, train, etc...
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