Nicolas a laissé son véhicule dans un centre Carglass de la région de Charleroi pour que soit réparé un éclat dans son toit panoramique. Tout d'un coup, une alerte sur son téléphone lui indique que sa voiture se déplace à 148 km/h dans une zone... 50 km/h. Mécontent, il est allé demander des comptes sur place, mais les excuses du gérant ne l'ont pas vraiment convaincu.
Début janvier, Nicolas a repéré un éclat dans le toit ouvrant de son véhicule. Pour éviter que le problème s'accentue, cet employé de 34 ans dépose alors sa voiture dans un centre Carglass de la région de Charleroi. Il la laisse sur place avec les clés et repart, le temps de la réparation. Mais une petite surprise l'attend. "Mon véhicule est équipé d'un système Uncall, qui fait que tous les mouvements de ma voiture sont enregistrés. Tout d'un coup, j'ai reçu une alerte sur mon téléphone pour m'indiquer que la voiture roulait à 148 km/h", nous raconte-t-il via le bouton orange Alertez-nous.
Les faits se sont produits sur l'avenue des États-Unis, où la vitesse est limitée à... 50 km/h. Interpellé, Nicolas se rend donc chez le réparateur pour avoir des explications. Sur place, on lui indique qu'un test n'est pas systématique, mais qu'il a été fait dans ce cas pour "vérifier qu'il n'y avait pas de sifflement".
Pas convaincu, Nicolas interroge un responsable sur la vitesse effectuée par un membre du personnel, au mépris du code de la route. "Le gérant s'est brièvement excusé. Sa justification était plutôt qu'il ne pouvait pas contrôler tous les membres de son personnel. Et une semaine plus tard, j'ai reçu un mail du service clientèle. Ils n'ont pas nié les faits et ont dit qu'ils étaient désolés. Pour moi, ces excuses sont un peu faibles, surtout parce que je n'ai pas du tout eu l'impression qu'ils allaient tout faire pour que ça n'arrive plus", ajoute Nicolas.
"De la folie pure"
Il est vrai que la voiture de Nicolas développe près de 400 chevaux. Une puissance qui peut expliquer, mais pas justifier, de légers excès tellement l'accélérateur peut s'avérer sensible. Mais dans ce cas-ci, il semble évident qu'il y avait une envie manifeste de tester le moteur. "C'est de la folie pure et simple", fulmine Benoît Godart, porte-parole de l'institut de sécurité routière Vias. "Des faits pareils sont des faits gravissimes. 148 km/h dans une zone 50 km/h, c'est le tribunal tout de suite, avec une amende de minimum 1.600 euros et une déchéance du permis. Un test psychologique peut aussi être exigé si le contrevenant souhaite récupérer son permis", a-t-il indiqué.
Au vu des lieux où l'infraction a été commise, il tient également à rappeler les dangers potentiels d'un tel excès. "C'est un zoning, mais s'il y a une limitation de 50 km/h, c'est qu'il y a une raison. Il y a des hôtels, des restaurants. En plus, pour atteindre 148 km/h entre deux ronds-points sur une distance si courte, c'est qu'il y est vraiment allé à fond. C'est de l'inconscience et cela ne me fait pas rire du tout. Au moindre obstacle, il lui faut une distance d'un terrain et demi de foot pour s'arrêter. Imaginez un piéton ! En plus, dans cette zone, il y a une quinzaine d'écoles. Et sur cette avenue il y a souvent des gens qui viennent faire leur jogging. C'est gravissime", insiste Benoît Godart.
Une plainte "pour éviter les ennuis"
Malgré les excuses présentées par le gérant et un autre mail d'excuse du service clientèle, Nicolas est allé déposer une plainte à la police en ce début de semaine. Principalement pour se mettre à l'abri au cas où il y aurait des poursuites, notamment en imaginant qu'un radar se trouvait là où qu'un agent de police ait constaté les faits. "Avec les documents de Carglass et, en plus, le traceur GPS, il n'aura pas beaucoup de mal à prouver qu'il n'était pas au volant. Déposer une plainte préalable peut aussi permettre d'éviter des soucis s'il devait y avoir des suites", acquiesce Benoît Godart.
Si les faits ne plaident pas en faveur du garage et de la confiance que peuvent avoir les clients, la réaction du responsable face à Nicolas laisse aussi dubitatif. "Présenter ses excuses, c'est un peu léger. Je pense qu'il faudrait surtout veiller à ce que cela ne se reproduise plus en imposant une charte à respecter en cas de test à effectuer. Ou alors ils louent un circuit pour faire leurs tests. Mais s'ils le font sur la voie publique, ne devraient-ils pas veiller à ce que leur personnel respecte le code de la route?", s'interroge Benoît Godart.
"On ne tolère pas ça"
Et justement, contactée par nos soins, la directrice commerciale de Carglass s'est montrée nettement plus sévère concernant les faits dont elle a eu écho. "Cela ne peut pas se passer. Chez Carglass on ne tolère pas cela. Nous avons déjà contacté le monteur depuis que les faits se sont produits. Il nous a indiqué qu'il faisait confiance à son personnel et qu'il ne pouvait pas tout vérifier. Soit, c'est une excuse, mais pour nous ce n'est pas valable. On va veiller à ce que des mesures soient prises, au minimum pour s'assurer que cela ne se reproduira pas. Nous avons pourtant des formations pour notre personnel, mais visiblement cela ne suffit pas parfois", nous a confié Karolien Hameloot.
Pour Benoît Godart, il en va de la crédibilité de l'entreprise tout entière de former et de s'assurer que son personnel ne "dérape" pas de la sorte. "Un client doit avoir confiance en une enseigne quand il y laisse sa voiture. Et puis, vous imaginez si chaque garagiste se mettait à faire des petits tests du genre dès qu'il a un bolide qui lui passe entre les mains ? On ne s'en sortirait plus..."
Enfin, nous avons aussi demandé à la directrice commerciale du groupe s'il était normal qu'un employé fasse un test après réparation, ou si dans le cas présent, la puissance de la voiture de Nicolas avait réveillé chez un travailleur une envie "irrésistible" d'aller faire un petit tour. "Il est possible qu'un test soit nécessaire. Surtout quand une caméra se trouve derrière le rétroviseur central ou quand on change un toit panoramique. Ca c'est vrai, et le monteur a l'expertise nécessaire pour en juger car notre objectif est de remettre une voiture dont la vitre réparée présente les mêmes caractéristiques que lorsque le véhicule est neuf", confie Karolien Hameloot, avant d'insister: "Mais atteindre de telles vitesses, certainement pas. On insiste sur l'obligation de respecter le code de la route, pour la sécurité des usagers, et aussi celle de notre personnel. L'exemple ci-dessus est un mauvais exemple pour nous, mais on pourra désormais l'utiliser comme exemple à ne pas faire dans nos formations".
Nicolas, de son côté, relativise. Et même s'il déplore les faits et estime que les excuses initiales n'ont pas été à la hauteur, il se réjouit d'entendre que son cas pourra effectivement servir... à en empêcher d'autres. "Il faut reconnaître, à leur décharge, qu’ils ont été de bonne foi en admettant directement les faits lors de la confrontation", tempère-t-il.
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