Olivier, un citoyen d’Enghien, suit attentivement l’évolution des perturbations dans le port de Calais, après avoir fait l’acquisition d’un nouveau véhicule dont la livraison depuis l’Angleterre est en stand-by depuis plusieurs semaines. En cause, le conflit social qui oppose la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel, propriétaire des bateaux. Le Port de Calais, en France, est bloqué. Et dans le Kent (Sud-Est de l’Angleterre), des milliers de camions font la file pendant des heures, voire des jours.
A la mi-juin, Olivier s’est offert un véhicule ancêtre, une Bond Minicar des années 60, pour la modique somme de 6.000 euros sur un site anglais de petites annonces. A 45 ans, ce citoyen d’Enghien s’est accordé un "petit coup de folie", lui qui rêvait d’une voiture à trois roues depuis une vingtaine d’années. Impatient de pouvoir la ranger près de sa Fiat 500 ancienne génération, Olivier fait face à un problème inattendu… et ne sait pas quand il verra son véhicule.
"Les grèves ont commencé quand j’ai acheté le véhicule"
"Malheureusement, au moment où j’ai acheté le véhicule, les grèves au Port de Calais ont commencé", nous a confié Olivier via notre page Alertez-nous. "J’ai acheté cette Bond Minicar chez un marchand officiel qui a entrepris des démarches pour me faire livrer le véhicule. Il a ainsi fait appel à un transporteur qui a tenté de rejoindre la France, une première fois durant la deuxième quinzaine du mois de juin. Depuis lors, il a essayé un nombre incalculable de fois d’accéder aux ferries, mais sans succès. Il n’est parfois même pas arrivé jusqu’au port car, il y avait des kilomètres de camions bloqués sur les routes anglaises".
Mais que se passe-t-il à Calais ?
A l’origine, les marins de la compagnie maritime française, Scop SeaFrance, ont bloqué à plusieurs reprises depuis fin juin les trafics du port de Calais (Pas-de-Calais) et du tunnel sous la Manche pour protester contre la décision d'Eurotunnel, propriétaire des bateaux, d'affréter deux ferries au groupe concurrent danois DFDS, alors que la Scop est au bord de la liquidation judiciaire.
Une nouvelle réunion entre les parties prenantes doit avoir lieu ce jeudi au ministère des Transports, qui avait soumis la semaine dernière un texte prévoyant notamment la liquidation de la Scop SeaFrance, la création d'une nouvelle Scop exploitant un seul navire et la reprise au total de 380 salariés sur 487.
Les autorités britanniques activent un plan d’urgence
En Angleterre, les conséquences sont importantes, à tel point que les perturbations dans le port français ont incité les autorités britanniques à activer un plan d’urgence baptisé "Opération Stack". Ce plan consiste à parquer sur des sections de l’autoroute M20 des milliers de poids lourds en attente de traversée. Seuls les routiers en possession d’un ticket délivré par les autorités peuvent ensuite accéder au port de Douvres, afin d’éviter un engorgement trop important.
Après avoir été effectif durant 19 jours au cours des trois dernier mois, ce plan d'urgence qui permet d’éviter que les autoroutes ne soient encombrées, est toujours d’application. A l’heure actuelle, le transport britannique de fret perd chaque jour 750.000 livres (un million d'euros), selon ses représentants, à cause des retards rencontrés par les camions pour traverser la Manche.
"Le transporteur va tenter la traversée samedi"
Olivier, qui suit quotidiennement l’évolution de la situation, est en contact permanent avec le vendeur de son véhicule ainsi qu’avec le transporteur. "Depuis lors, on finit par se connaitre. On procède par sms et par e-mail. Le transporteur va essayer de faire la traversée samedi matin mais rien n’est moins sûr", poursuit-il. "J’aimerais pouvoir profiter de ma nouvelle voiture pendant l’été, mais mon cas personnel n’est finalement pas très important. J’imagine qu’il y a des gens qui doivent vraiment avoir des problèmes. Je pense, par exemple, au transporteur qui a une quinzaine ou une vingtaine de livraisons en retard, ce qui pour lui est un manque considérable à gagner".
En France, de nombreux migrants ont par ailleurs tenté de tirer profit de la paralysie du trafic transmanche pour monter dans les camions bloqués à Calais. Ainsi, dans la nuit de mardi à mercredi, près de 1500 tentatives d'intrusions de migrants ont eu lieu sur le site d'Eurotunnel à Calais. Un candidat à l'exil a d’ailleurs perdu la vie.
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