Geoffrey de Wavre nous a fait parvenir cette vidéo via la page Alertez-nous. "Pendant que je me reposais tranquillement dans mon jardin cette après-midi, j'ai remarqué un étrange animal, il ressemblait à un tout petit oiseau, brun clair, possédant un long bec et butinant de fleur en fleur plongeant son "bec" dans chaque fleur et en restant sur place, en vol quelques secondes. Ses ailes battaient tellement vite qu'on ne les voyait presque pas. Il volait très très vite. C'était spectaculaire, je n'avais jamais eu l'occasion de voir un tel animal chez nous. On aurait dit un colibri", nous écrit-il.
Une petite trompe pour sucer le nectar
Geoffrey a ensuite soumis les images à un ami qui lui a suggéré qu’il pouvait s’agir d’un "Moro Sphinx". C’est ce que nous a confirmé Patrick Lighezzolo, spécialiste des papillons auprès de l’association Natagora. On l’appelle aussi Sphinx colibri, puisqu’il semble avoir le même comportement à l’approche d’une fleur: "Il a une trompe, composée de deux tuyaux qui sont collés côte à côte. Cet organe lui permet de sucer le nectar", explique le spécialiste. Le papillon répond ainsi à la stratégie de reproduction de la fleur, qui l’attire avec ce produit: "En passant de plante en plante, l’animal reçoit du pollen, des pièces mâles, qu’il vient déposer sur les étamines, qui sont les parties femelles de la fleur, et il y a reproduction".
"Il volait très vite"
Dans son message, l’internaute souligne que le papillon "volait très vite": "Il a un vol assez rapide, et quand il butine la fleur, il ne se pose pas, il ne se met pas au repos, ses ailes continuent à battre. Il reste à une certaine distance de la fleur, fait un vol sur place et envoie sa trompe dans le calice de la fleur pour prendre le nectar", détaille M. Lighezzolo.
La chenille n'est probablement pas née en Région wallonne
Vous n’avez jamais vu ce papillon en Belgique ? C’est normal. Jusqu'ici il s’agissait d’un migrateur, dont la chenille n’est probablement pas née en Région wallonne: "Il a bénéficié de la vague de chaleur sur le pourtour de la France et est arrivé chez nous". Le Moro Sphinx vit dans nos contrées pendant la belle saison, c’est-à-dire à la fin du printemps et tout l’été.
On n'a constaté que récemment qu'il pouvait se reproduire chez nous: "Il y a des espèces qui ne peuvent pas se reproduire chez nous et qui arrivent par vagues de migration". C’est le cas notamment de la belle-dame, qui part de la chaîne de l’Atlas pour se rendre en Scandinavie. Mais avec les modifications climatiques, certaines espèces commencent à se reproduire en Belgique et à survivre à notre hiver: c'est désormais le cas du Moro Sphinx. Sur cette photo envoyée à Natagora par Philippe Vanmeerbeeck il y a quelques jours, on trouve une larve, observée à Couthuin, dans la province de Liège:
© Vanmeerbeeck Philippe
Deborah Van Thournout
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