Afin de gagner du temps et d'éviter les bouchons sur les autoroutes, certains automobilistes n’hésitent pas à emprunter les aires d’autoroutes ou de repos. Une pratique peu courtoise et agaçante qui n’est cependant pas punissable par la loi. Des aménagements de voirie peuvent empêcher une voie directe à travers la zone et rendre dès lors ce contournement moins avantageux.
"N'existe-t-il pas une règle dans le code de la route pour ces "Co***rds" et "Co***ses" qui contournent les bouchons en passant par les aires de repos à vive allure ?", s’interroge Jérôme via notre bouton orange Alertez-nous. En Belgique, les embouteillages augmentent chaque année sur les autoroutes et les routes secondaires, même en dehors des heures de pointe, d’après l’index des retards 2018 de Touring. Dans ces files frustrantes, certains conducteurs sont prêts à tout pour gagner quelques minutes ou même secondes. Et ils en agacent d’autres en adoptant des comportements inciviques comme celui d’emprunter une aire de repos ou d’autoroute pour gagner quelques dizaines de mètres. "Ça ne fait qu'empirer les files et c'est dangereux", peste notre alerteur.
Modifier la voirie, une possibilité
Alors comment lutter contre cette pratique ? Existe-t-il des moyens pour contrer le phénomène ? Benoît Godart est le porte-parole de l’institut VIAS. Il pointe différentes pistes: "L’installation de dos d’âne est une solution. Ils sont déjà présents sur plusieurs aires d’autoroutes". Cette installation permet de ralentir les conducteurs et d’éventuellement les décourager de reproduire la pratique dans le futur. "On peut également modifier la voirie ou les marquages au sol dans les aires de repos." Le but, éviter un chemin direct et droit comme c’est le cas sur certaines aires.
Effets de dissuasion
Afin de réduire le phénomène, Benoît Godart fait savoir "que des contrôles ont lieu régulièrement sur les aires d’autoroutes aux heures de pointe." Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, emprunter une aire de repos pour contourner les bouchons n’est pas un comportement interdit par le code de la route. "C’est juste un manque de courtoisie et de convivialité, mais en aucun cas cela représente une infraction", informe Benoît Godart. L’objectif des policiers fédéraux positionnés sur les aires consiste simplement à ralentir le conducteur pressé et potentiellement de verbaliser si la vitesse dépasse la limite autorisée. Pour rappel, la vitesse est limitée à 50 km/h sur les aires de repos. "Nous mettons en place des contrôles de manière ponctuelle", confirme la police fédérale avant de poursuivre: "Nous ne pouvons pas verbaliser la pratique car elle n'est pas répréhensible, mais notre présence peut décourager. Nous installons aussi des radars mobiles sur les parkings pour contrôler la vitesse et effectuons des tests d'alcoolémie." Le but: juste décourager.
"Rats des files"
Pour Jérôme, notre alerteur, une autre solution est possible. "Il faudrait mettre des radars qui calculeraient le délai entre l'entrée sur l'aire et la sortie. Si c’est trop court, cela signifierait qu'il n’y a pas eu d'arrêt." Mais à nouveau, cela semble peu réaliste. "Rien dans le code de la route oblige un conducteur à s’arrêter sur une aire de repos non plus. Et puis comment déterminer la longueur d’un arrêt ou du passage sur l’aire ? On pourrait verbaliser certains conducteurs qui font juste un petit pipi" par erreur, ajoute Benoît Godart. Pour ce qui est de verbaliser les conducteurs en excès de vitesse via des radars fixes, le dispositif serait onéreux et puis rien indique que les conducteurs impatients roulent à plus de 50km/h lors de leur passage sur l’aire de repos. Ils peuvent très bien rouler à une vitesse respectueuse de la limite imposée et contourner quand même les bouchons. "Le seul moyen d’agir est sur les infrastructures", répète Benoît Godart.
Au nord du pays, la pratique qui consiste a emprunter une aire de repos pour esquiver le trafic est connue de longue date, à tel point que ceux qui l’accomplissent sont surnommés "filleratten", soit les "rats des files."
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