Pendant des mois, il a abusé de la confiance des automobilistes en Suisse, en Allemagne et au Luxembourg. L’arnaqueur des aires d’autoroute aurait posé ses valises en Belgique. Il a déjà fait (au moins) une victime.
Il dit s'appeler John Moloney. Il travaille pour Toyota. Parfois plutôt pour Volkswagen. Lui et son prétendu fils, un adolescent d'une quinzaine d'années, affirment venir d'Irlande. Ils affirment surtout vouloir y retourner. Mais voilà, ils n'ont pas d'argent. Alors si vous pouviez les aider… Promis, John vous remboursera dès qu’il sera rentré en Irlande.
Pour prouver qu'il ne ment pas, que tout ça est vrai, il n'hésite pas à montrer son permis de conduire ou même à se prendre en selfie avec vous. La presse suisse et luxembourgeoise a décrit la technique de cet escroc qui sévit principalement sur les aires d'autoroute où il gare sa vieille Toyota Avensis. Désormais, la presse belge va devoir en parler car le beau parleur semble être arrivé chez nous. Et il a déjà fait au moins une victime: Arthur (prénom d’emprunt), dans une station-service du Brabant Wallon, au bord de la E411.
"Il était au bord des larmes"
Arthur nous a prévenus samedi soir via le bouton orange Alertez-nous. "Je me suis fait arnaquer ce midi dans une station essence par cet escroc", témoignait-il, avec trois photos à l'appui dont celle du permis de conduire que John Moloney lui a présenté. Samedi en tout début d’après-midi, Arthur s’arrête sur le parking de cette station-essence. Il voulait simplement aller acheter un sandwich pour son fils. "Un homme m’a accosté sur le parking, détaille Arthur. Il était un peu apeuré, presque au bord des larmes. Il présentait bien et il avait surtout l’air heureux de tomber sur quelqu’un qui parlait anglais". Et le fameux John Moloney de dérouler son histoire, vraisemblablement parfaitement rodée.
"Il m’a raconté une histoire comme quoi on lui avait volé toutes ses affaires à Bruxelles et qu’il devait rentrer chez lui en Irlande. Il m’a demandé de l’aide" poursuit Arthur. Et ça marche, Arthur est ému par l’histoire de ce père de famille qui a l’air sincère. "Son discours était rodé, il avait l’air vraiment touché. Je me suis laissé embrigader et j’ai pensé que si je me retrouvais à sa place, je serais content qu’on me donne un coup de main".
Une carte de viste et une veste VW
Pour appuyer son mensonge, John Moloney ne recule devant rien. Et surtout pas devant une technique qu’il utilise depuis déjà de nombreux mois. L’homme se présente comme employé d’une grande marque automobile. En Allemagne et en Suisse, c’était Toyota. Devant Arthur, c’était Volkswagen. "Il m’a présenté une carte de visite de VW Dublin, qu’il m’a laissée. Il portait une veste VW, son fils était bien dans la voiture…Tous les éléments venaient confirmer son mensonge". Arthur a d’autant moins la puce à l’oreille que l’homme ne repousse pas ses questions. "Il m’a dit qu’il lui restait juste son permis de conduire. Il m’a laissé prendre une photo de ce permis et de son véhicule".
La voiture de l'escroc, qu'Arthur a pu photographier
"Je lui ai donné quelques dizaines d'euros"
L’arnaqueur a réussi son coup. Arthur se laisse emporter par le mensonge et décide d’aider l’Irlandais. "Je lui ai donné quelques dizaines d’euros" conclut-il, sans vouloir préciser la somme. De retour chez lui, Arthur ne se doute toujours de rien. Il tente d’appeler les numéros que John Moloney lui a transmis. Il tombe sur des numéros hors-service. "Et là, tout de suite, le franc est tombé. J’ai directement été à la police mais malheureusement, comme il n’y a ni violence ni extorsion, ils ne pouvaient rien pour moi".
Ce week-end, Arthur a cherché des informations sur son arnaqueur sur internet. Il est rapidement tombé sur différents articles de médias allemands, suisses ou luxembourgeois. Lesquels décrivent par le menu la mésaventure qu’Arthur a vécu. De pays en pays, d’aire d’autoroute en aire d’autoroute, John Moloney use et abuse de sa technique. Et tant que cela fonctionne… "Lundi matin, je suis allé déposer plainte à la police, après avoir constitué un petit dossier".
Arthur est furieux contre lui-même de s’être laissé avoir, mais on ne l’y reprendra plus. Et s’il a tenu a contacter la rédaction, c’est qu’il espère alerter d’éventuelles autres victimes. "Ses premiers méfaits en Suisse datent de 2015. Ca fait déjà un moment qu’il sévit. S’il est arrivé en Belgique, il y a peu de chance qu’il s’arrête. Donc je préfère prévenir les gens avant qu’il ne leur arrive la même chose qu’à moi".
De nombreuses autres victimes belges
Suite à la parution de notre article ce matin, une dizaine de personnes ont écrit à notre rédaction, via le bouton orange Alertez-nous. Ces hommes et ces femmes nous ont raconté leur rencontre avec l'escroc des aires d'autoroute. Celui qui sévit désormais en Belgique semble avoir déjà fait de nombreuses victimes à travers le pays. Grégory, Pat, Pierrick, Michel et André nous détaillent les faits.
"Je suis la seconde victime de l'escroc des aires d'autoroute. Je me suis fait avoir sur l'aire de Rosières. Même histoire. On lui aurait volé son portefeuille sur l'aire d'autoroute. Plus d'argent et de papiers pour rentrer en Irlande. Je lui ai fait le plein de son véhicule. Une Citroën C5 grise ancien modèle effectivement immatriculée en Irlande. Il insistait pour que je retire du cash dans la station. Heureusement le pompiste ne voulait pas, j'étais prêt à réellement l'aider. C'était il y a 3 semaines. Il a pris ma carte de visite en me disant qu'il me contacterait pour me virer l'argent du plein des qu'il serait rentré. Je n'ai jamais eu de nouvelles", raconte Grégory.
"Il y a de cela 3 mois il était à la pompe total de Ruisbroek et son manège était bien rodé car j'y ai presque cru. Cependant, après plusieurs réclamations de clients mécontents de ces insistances, deux employés sont sortis pour voir ce qui se passait et le gars s'est enfui. Il se peut même qu'il ai été filmé par les caméras de surveillance", se rappelle Pat.
"J'ai aussi été accosté sur une aire d'autoroute proche de Bruxelles par l'escroc. C'était le fils. Il se disait Irlandais et avait besoin d'argent pour reprendre le ferry. Il s'est dit bon chrétien et qu'il me rembourserait dès son retour. Il était très insistant et convaincant", explique Pierrick.
"L'escroc de l'autoroute avec une Toyota était soit disant représentant de VW. Il était à Thorembais- Saint- Trond vers 18 h. Samedi, il m'a accosté et il m'a demandé de l'argent pour sa voiture, Et c'est bien lui sur sa carte d'identité irlandaise. Méfiance, Méfiance!", prévient Michel.
"Je suis une victime de l'arnaque sur le parking du Westland à Anderlecht le vendredi 4 novembre, identique à l'histoire d'Arthur et même auteur. Je lui ai remis également une dizaine d'euros", nous écrit André.
La même arnaque... mais un autre escroc
Une femme nous a également écrit car elle a croisé la route d'un autre escroc qui semble procéder de la même façon. "En date du 15 octobre, sur un parking en direction d'Ostende, la même arnaque qu'Arthur a subi sur l E411 m'est également arrivée. Tout à fait le même scénario. Ils doivent être plusieurs car le mien ne ressemble pas à la photo présentée. Aussi un malabar "genre Viking". Je suis un peu laconique car je suis furieuse contre moi-même de m'être laissée berner aussi facilement", détaille la victime.
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