Par un concours de circonstances inouï, Christophe a pu identifier un des malfrats qui s'étaient rendus coupables de vol dans sa voiture. Il faut dire qu'il est équipé d'une dashcam, ces caméras embarquées de plus en plus à la mode chez nous. Les images que vous pouvez voir ci-contre pourront servir à identifier les voleurs et comme preuves lors d'un éventuel procès.
A première vue, on pourrait penser que Christophe n’a pas de chance. Après s’être fait voler son vélo, une histoire que RTLinfo.be vous avait contée il y a quelques jours à peine, voici que deux voyous viennent "visiter" sa voiture en pleine journée devant son domicile. Mais dans son malheur, cet habitant d'une localité du Hainaut a eu beaucoup de chance. Il est en effet équipé d’une dashcam, ces caméras de bord qui filment devant et derrière votre voiture pour fournir des preuves en cas d’accident. Par un double concours de circonstance, sa caméra a filmé toute la scène et l’unique personne à qui il a montré le visage de ses voleurs a reconnu l’un des deux… puisque c’était son propre frère!
La portière ne s'est pas fermée complètement
Contacté par la rédaction de RTLinfo après nous avoir résumé les faits via notre page Alertez-nous, Christophe paraissait presque amusé par la tournure qu’a prise l’affaire. Les faits remontent au vendredi 9 mai vers 15h15: "Je rentrais d’avoir été chercher mes enfants à l’école et je me suis garé en face de la porte de ma maison. C’est mon fils qui est sorti en dernier de la voiture et, peut-être à cause du vent qui soufflait fort ce jour-là, il a clapé la portière mais celle-ci ne s’est pas refermée à fond. Normalement, après 20 secondes, ma voiture se verrouille automatiquement, mais elle est donc restée ouverte", a-t-il expliqué. "Trois quarts d’heure plus tard, je sors de chez moi pour aller rechercher ma femme au travail et je vois tout de suite mes documents de bord éparpillés dans l’habitacle."
"Un CD de Jean-Michel Jarre et un éthylotest!"
Il venait de se faire voler. Si sur le moment-même, l’homme qui s’est déjà fait cambrioler à deux reprises a été repris de cet atroce sentiment "de s’être fait violer", il a rapidement retrouvé le sourire. "D’abord, rien n’était abîmé. Puis, ils ont juste emporté un vieux GPS obsolète que mon frère m’avait donné il y a 10 ans! Ils ont aussi pris un CD original de Jean-Michel Jarre, un étui à cartes remplis de cartes de fidélité de magasins et… un éthylotest!", rigolait-il.
La dashcamé a fonctionné par chance
Autre élément qui a disparu: la télécommande de sa dashcam. Mais ils n’ont pas trouvé celle-ci. C’est là qu’il se rend compte que si la portière n’était pas bien fermée, peut-être que la caméra a continué de tourner sans se couper, comme elle est censée le faire une fois la voiture verouillée. "J’ai regardé le fichier et effectivement, on les reconnait parfaitement. L’un a fait le guet appuyé contre la maison des voisins pendant que le premier a fouillé le véhicule. Ils sont ensuite partis quelques mètres plus loin discuter, avant de revenir voler" les objets décrits ci-dessus.
"Les auteurs ont pu être identifiés"
Christophe imprime donc une photo de sa dashcam où on peut reconnaitre les auteurs du vol et part porter plainte à la police de sa zone. "Nous avons bien acté une plainte pour vol dans véhicule dans le cadre de laquelle les auteurs ont été filmés par dashcam", a confirmé la police boraine. "Grâce à ça, nous avons pu identifier un auteur et l’enquête est en cours. L’auteur présumé doit être convoqué et entendu."
"C'est mon frère!"
Car autre coup de chance, Christophe a rapidement pu identifier un des deux voleurs lui-même. "A la police, ils avaient fait une photocopie de ma photo et je devais leur fournir les images de la dashcam sur clé USB le lendemain. Mais le samedi, c’est un rituel à la maison, je vais chercher des frites. Là, comme ils voient beaucoup de clients et que j’avais toujours la photo sur moi, je la montre à une des personnes qui travaille-là. Et, surprise, elle reconnait un des deux. Et pour cause: c’est son frère!" Christophe explique donc sa mésaventure et lui dit qu’il a déjà porté plainte et qu’il doit justement revoir les policiers le soir-même pour leur donner la clé USB. Il prévient donc la personne qu’une patrouille risque de venir à la friterie se renseigner, ce qui s’est effectivement passé. Christophe n’en revient toujours pas: "C’est vraiment du bol. Je montre la photo à une seule personne et elle me dit que c’est son frère!"
La police peut utiliser des images de dashcam
Mais la police peut-elle utiliser ce type de matériel vidéo? Est-ce légal? Pour le commissaire divisionnaire de la police boraine, Marcel Staelen, les dashcam sont bien utilisables par la police dans le cadre de leur enquête: "C’est un peu le principe des caméras dans vos habitations ou dans un magasin, nous on va les exploiter. On n’écarte aucune piste. Mais on trouvera également d’autres éléments de preuve." En justice par contre, comme expliqué dans cet article de RTLinfo consacré à l’explosion des dashcam dans notre pays, leur utilisation peut poser problème. La loi stipule en effet que filmer la voie publique est illégal. Mais c’est l’utilisation qui est faite des images tournées qui entre ici en ligne de compte.
Ne postez pas la vidéo sur internet sans précaution, confiez-là plutôt à la police
Premièrement, il est interdit de diffuser ces vidéos (par exemple sur Youtube) sans flouter les visages ou tout élément qui permettrait d’identifier la ou les personnes présentes sur celle-ci. Sinon, c’est vous qui pourriez alors être poursuivi en justice. C'est une nuance que deux évènements récents ont mis en lumière. L'auteur de la vidéo où une BMW noire lui fait une queue de poisson n'avait pas flouté la plaque, tandis que celui qui a été percuté par un automobiliste imprudent avait, lui, pris soin de ne pas violer la loi. Pour être dans la légalité, il est donc conseillé de ne jamais publier vous-même ces images mais de les confier directement à la police qui, s’ils ne parviennent pas à retrouver les auteurs filmés, pourra, elle, décider de lancer un avis de recherche où ces personnes seront identifiables.
Valables comme preuves dans un procès
En cas de procès, il est également important de savoir que ces images peuvent, dans la plupart des cas et même si elles enfreignent elles-mêmes la loi, être utilisées comme preuves. En effet, depuis un arrêt de la Cour de Cassation du 14 octobre 2013 décrit ici, un juge ne peut écarter une preuve irrégulière que dans 3 cas: si la loi précise que ce type de preuve est toujours considérée comme nulle (les dashcams n’en font pas partie), si elle n’est pas fiable (les vidéos des dashcams sont traçables et contiennent suffisamment d’indications) ou si leur utilisation est contraire au droit à un procès équitable (ce qui ne peut jamais être le cas ici). Les images des dashcams sont donc, sauf appréciation contraire du juge, valables comme preuves dans un procès en Belgique.
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