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Sandro "scandalisé" par la différence de prix entre le CNG en Belgique et en Allemagne: pourquoi c’est 4 FOIS plus cher chez nous?

Sandro "scandalisé" par la différence de prix entre le CNG en Belgique et en Allemagne: pourquoi c’est 4 FOIS plus cher chez nous?
 
 

Le Louviérois s'étonne d'avoir trouvé du CNG très bon marché en Allemagne, quand le même produit en Belgique est souvent... 4 fois plus cher. Comment expliquer un tel décalage ?

Ces derniers mois, vous étiez nombreux à nous interpeller sur la hausse très importante du prix du CNG. En effet, le prix du carburant au gaz a quadruplé en un an, dépassant désormais parfois les 4,5 euros le kilo. Si le tarif du CNG est partout à la hausse, la situation est loin d’être homogène. C’est ce qu’a pu constater Sandro, de La Louvière, qui a récemment fait le plein Outre-Rhin : "Je suis scandalisé de la différence de prix sur le CNG avec la Belgique", s’indigne-t-il via le bouton orange Alertez-nous.

La voiture CNG, un choix décevant pour ceux qui espéraient faire des économies de carburant

Pour rappel, le CNG (‘Compressed Natural Gas’ en anglais ou ‘Gaz Naturel Comprimé’ en français) est un carburant obtenu en comprimant du gaz naturel et en l’injectant à une pression bien spécifique dans le réservoir du véhicule. Il avait suscité un certain enthousiasme, notamment grâce à ses avantages sur le plan environnemental par rapport au diesel et à l’essence, les voitures au CNG émettant moins de particules fines et de CO2.

À l’instar de Sébastien, de nombreux automobilistes pensaient également pouvoir faire des économies sur leur carburant en achetant une voiture au CNG. Mais ce gaz, semblable à celui qui est utilisé pour le chauffage des logements, a vu son prix monter en flèche depuis le début de la guerre en Ukraine. Si pour l’essence et le diesel, le prix maximum au litre est régulé par un contrat programme entre l’État et Energia, rien de tel n’existe pour le CNG.

Ainsi, comme nous l’expliquait Olivier Neirynck, le directeur technique de la Brafco (Fédération belge des négociants en combustibles et carburants), le prix du gaz "dépend du bon vouloir de Vladimir Poutine d’ouvrir ou de fermer le robinet". Or, en un an, ce prix a été multiplié par 10. "Les gens qui ont opté pour le gaz comme énergie pour se chauffer ou se déplacer n’ont malheureusement pas fait un choix très judicieux", estime-t-il.



De grandes disparités dans les prix pratiqués par les stations, belges et étrangères

Les propriétaires de véhicule au CNG se sont mis en quête des stations pratiquant les meilleurs prix. Sur Facebook, ils échangent leurs bons plans sur le groupe CNG (Gaz Naturel Véhicule) Wallonie – Bruxelles, avec photo de prix très variables en fonction des stations. En Belgique, parmi les 150 stations CNG disponibles, mais aussi à l’étranger. Sandro, de son côté, s’étonne encore du prix qu’il a obtenu en Allemagne, pays où le CNG est le plus développé en Europe, avec l’Italie. "Je viens d’accompagner ma femme et mes enfants pour prendre l’avion", raconte-t-il. Ticket de caisse à l’appui, Sandro nous indique avoir payé son carburant 1,069 euro le kilo dans une station Aral proche de Düsseldorf. "Comment est-ce possible ?", interroge-t-il.

Un certain nombre d’exploitants de stations-services ont signé, en son temps, des contrats à court terme avec des fournisseurs de gaz.

Nous avons la posé la question à Didier Hendrickx, responsable Public Affairs Manager de Gas.be, la fédération belge du gaz naturel. Au niveau européen, il existe une multitude de contrats entre des exploitants de stations (des majors ou non) et les fournisseurs de gaz, souligne-t-il. Des contrats à court terme, moyen ou long terme, en fonction de la réglementation de chaque pays. "En Belgique, la hausse des prix du CNG a été particulièrement sensible parce qu’un certain nombre d’exploitants de stations-services ont signé, en son temps, des contrats à court terme avec des fournisseurs de gaz", explique-t-il. "Et qui dit contrat court terme veut dire des mécanismes d’indexation qui sont liés à l’évolution des prix du gaz, poursuit-il. Avec une réactivité rapide en matière d’évolution des prix à la pompe".

"Si le prix évolue rapidement sur le marché, TTF notamment, qui est un des marchés principaux de négoce du gaz au niveau européen. Eh bien, en tant qu’exploitant, vous allez adapter rapidement votre prix à la pompe, explique Didier Hendrickx. Même si ces exploitants signent maintenant un contrat à long ou moyen terme, ils vont se retrouver avec des prix relativement élevés."

Le CNG pas appelé à retrouver les prix bas de ses débuts

Pour Didier Hendrickx, cette situation difficile, avec des prix du CNG quadruplés en un an, est le résultat de la convergence de paramètres négatifs, pas uniquement liés à la guerre en Ukraine. Il évoque "un effet d’emballement avec la progression de l’ensemble des énergies, du coût des matières premières et de l’inflation". "À moyen terme, la tendance reste à un prix élevé du CNG", ajoute-t-il. Selon lui, les prix pratiqués auparavant étaient "peut-être trop bas par rapport à la réalité".

Une énergie dont l'avenir dépend de sa version "verte" ?

Fin juin, les Etats membres de l'UE ont approuvé dans la nuit de mardi à mercredi le projet de la Commission de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves en Europe à partir de 2035, imposant de facto les motorisations 100% électriques. Une décision qui pourrait fortement pénaliser le développement de la filière CNG, regrette le responsable de la fédération belge du gaz, qui relève "certaines contradictions entre les directives européennes". En effet, fin avril, la Commission européenne a annoncé son objectif de produire 35 milliards de mètres cube de biométhane au sein de l'Union, d'ici à 2030. Il s’agit de CNG "vert", produit localement par la fermentation de matières organiques.

En Wallonie, à Viroinval et Houffalize, deux stations CNG sont implantées sur des sites de bio méthanisation. "Là, le prix à la pompe est entre 1,2 et 1,5 euro le kilo", indique Didier Hendrickx. Pourquoi ? "Parce que dans leur business model, ils ont intégré le coût d’épuration du gaz, du biogaz en bio méthane et d’une station bio CNG", explique-t-il. Et de constater : "Ces deux installations ont pas mal de succès pour l’instant…"


 

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