Pour tous les étudiants bruxellois, 24 ans c’est l’âge redouté quand on utilise les transports en commun. Les 50 euros annuels passent à... 499 euros. Une situation difficile à vivre pour Sarah, une étudiante bruxelloise.
Sarah (prénom d'emprunt car elle souhaite garder l'anonymat), est étudiante. Mais plus aux yeux de la STIB. Cette habitante de Bruxelles a soufflé ses 25 bougies au mois d’août. Un âge fatal pour son abonnement étudiant qu’elle payait seulement 50 euros par an. Elle devra débourser désormais la somme de... 499 euros, soit 10 fois plus.
"La différence est phénoménale. On promeut les transports publics mais c’est impayable", nous écrit Sarah via le bouton orange Alertez-nous. L’étudiante en communication loge dans le centre de Bruxelles. Elle compte déménager aux abords de la place Schuman, un lieu plus éloigné de son établissement scolaire. Mais au vu de l’augmentation soudaine de son abonnement STIB, elle a abandonné l'idée. "Je suis obligée de rester dans le centre de Bruxelles car je ne peux pas me permettre d’acheter un Mobib ‘non-étudiant’ ", raconte Sarah. "Pourquoi est-ce que la STIB limite l’âge pour le Mobib étudiant à 24 ans ? Il y a tellement d’étudiants plus âgés que 24 ans?", demande-t-elle.
"Il fallait mettre une limite d’âge"
Nous avons soumis la question à la porte-parole de la STIB. D’emblée, elle nous renvoie au gouvernement bruxellois et plus particulièrement à son ministre de la Mobilité, Pascal Smet. En effet, c’est le gouvernement régional qui - à travers un contrat de gestion- détermine la politique tarifaire de la STIB.
Marc Debont est le porte-parole du ministère de la Mobilité. Alors pourquoi 24 ans ? "Il n’y a pas de critère objectif. C’est juste que normalement les études s’achèvent à cet âge-là", indique le représentant de Pascal Smet. "Nous partons du principe que les études secondaires s’achèvent à 18 ans et que les études supérieures, elles, durent en moyenne 5-6 ans." Le ministère de la Mobilité a conscience que des personnes sont lésés par cette logique: "Il fallait bien mettre une limite d’âge. Ce critère des 24 ans ne prend pas en compte tous les étudiants, mais il englobe le plus grand nombre d’entre eux. Nous avons préféré mettre l’accent sur le prix de l’abonnement plutôt que sur l’âge auquel vous y avez droit. 50 euros par an quand vous êtes étudiant, c’est le moins cher de Belgique", conclut Marc Debont.
Une situation que regrette Sarah mais également la Fédération des Étudiants Francophones de Belgique (FEF). D’emblée, la FEF estime que lier l'âge et l'obtention d'un tarif préférentiel est peu pertinent. "Ce critère n'est en rien un indicateur de la situation de l'étudiant. De plus, les récentes évolutions de l'enseignement supérieur tendent à allonger la durée des études et à permettre à des travailleurs d'en reprendre ce qui brise le mythe de l'étudiant de moins de 24 ans", fait savoir Maxime Michiels, président de la FEF. "Le fait de perdre, à un moment donné, le droit à des transports en commun abordable contribue à renforcer les inégalités sociales. La FEF plaide donc pour des transports en commun accessible à tous et dont le prix tend vers la gratuité. Ceci afin d'éviter une hausse brutale du prix (pouvant aller de 49 à 499 euros) dû à un changement de statut, qu'il soit lié à l'âge ou à l'activité", réclame Maxime Michiels.
Résultat des courses, Sarah devra bien et bel s’acquitter de la somme de 499 euros pour l’année à venir si elle veut pouvoir utiliser les transports en commun à Bruxelles. Et septembre n’est pas le mois le plus évident pour les bourses. "Il y a mon minerval à payer, les frais liés à la rentrée scolaire. Je dois en plus payer en un coup cet abonnement. Même mon loyer, 430 euros, est moins cher."
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