Le coronavirus en Belgique a poussé un travailleur belge sur trois au chômage temporaire. Sarah, serveuse dans un restaurant en région liégeoise via le Plan Formation-Insertion (PFI) du Forem, a cherché à bénéficier de cette allocation. Sa demande a été refusée. La porte-parole de la ministre de l'Emploi en Wallonie, Christie Morreale, explique à quoi elle va avoir droit.
Sarah habite à Spa dans les Ardennes et, depuis plus d'un mois, se demande comment elle va parvenir à être aidée financièrement.
Serveuse dans un restaurant de la région liégeoise, elle a obtenu ce job via le Plan Formation-Insertion (PFI), mis en place par le Forem et le Service Public Wallon (SPW) de l'Emploi et de la Formation. En quoi consiste ce plan? Il s'agit d'une formation en entreprise de 4 à 26 semaines, suivie d’un contrat de travail d’une durée équivalente, au sein de cette même entreprise. "La durée de formation est fixée en fonction du métier et du profil du candidat. Elle doit permettre au demandeur d’emploi d’acquérir les compétences nécessaires à l’exercice de sa fonction. Elle peut être exclusivement organisée en entreprise, ou en partie dans un centre de formation", détaille le Forem. Une des conditions d'accès, essentielle, est d'être inscrit comme demandeur d'emploi.
Au début de l'année 2020, Sarah a voulu se relancer dans la vie professionnelle grâce à ce programme. Mais le coronavirus a bouleversé son quotidien et elle explique, à présent, ne plus avoir de revenu depuis la fermeture du restaurant où elle travaillait.
"Depuis, j’ai fait le nécessaire pour avoir le chômage temporaire mais ça n’aboutit à rien. Je suis toujours dans cette situation un mois plus tard. Etant donné que je suis sous contrat avec le Forem en plan PFI, il n’y a pas eu de mesure pour ces contrats-là. Tous ceux qui sont en PFI via le Forem n’ont pas droit au chômage temporaire", raconte la mère de 38 ans. "J'ai l'impression de n’avoir droit à rien du tout. Je ne touche rien."
Sarah indique qu'à 15 jours près, elle aurait pu toucher le chômage temporaire. "Il me restait 15 jours à prester. C’était une formation de 3 mois avant de voir mon contrat devenir un CDD de 3 mois... C’est révoltant", ajoute-t-elle.
Comment a-t-elle réagi après la fermeture du restaurant ? "Dans un premier temps, avec mes collègues, on a commencé à paniquer", confie-t-elle. "Mais maintenant, je sais que le restaurant rouvrira quand on sera en déconfinement. Je ne me tracasse pas. Mon boulot, je l’aurai toujours. Ce qui me révolte un peu c’est que les fast-foods peuvent rouvrir, et nous, on ne peut pas."
Pour elle, le confinement "devient énervant". "Je suis cloîtrée à la maison. Je ne bouge pas, je suis avec mes enfants. Je leur fais faire leurs devoirs tous les matins. A part tourner en rond et faire des travaux dans la maison, il n’y a rien d’autre à faire."
La Spadoise ne veut toutefois pas perdre espoir et se réjouit déjà de pouvoir retrouver un travail "qu'elle adore". "J’ai bon espoir. J'espère qu'avant l'été, on pourra rouvrir le restaurant. Je suis certaine qu’on peut mettre des choses en place pour les mesures de sécurité et d’hygiène. Il ne faut pas perdre espoir. Ça ne me stresse pas de retourner travailler."
Et d'ajouter: "J’adore ce que je fais. Le travail me plaît. Avoir le contact des gens et le fait qu’on s’entende très bien avec les collègues, nous donne envie d’y retourner. J’ai gardé contact avec eux, on s’envoie des messages tous les jours pour voir comment on se porte, comment on vit le confinement. On est prêt à retravailler pour la vie sociale et tout ce que ça nous apporte."
Sarah espère aussi évidemment recevoir rapidement une bonne nouvelle sur le plan financier.
Pourquoi n'a-t-elle pas droit au chômage temporaire?
"Cette personne n’a pas le droit au chômage temporaire, parce que il ne s’agit pas d’un emploi, elle suit une formation en période de chômage complet", résume le cabinet de la ministre fédérale de l'Emploi Nathalie Muylle. Sarah devait ainsi avoir un contrat de travail (CDI, CDD, contrat intérimaire...) pour pouvoir toucher le chômage temporaire.
Le porte-parole du Forem, Thierry Ney, apporte des précisions sur les bénéficiaires du PFI. Il explique qu'il y a deux cas de figure.
1. le stagiaire bénéficiaire d’allocations sociales
"Premièrement, il y a le cas du 'stagiaire' qui est à la base un bénéficiaire d’allocations sociales, du chômage ou au CPAS. Pour les raisons qu’on connaît, il ne peut plus prester et faire sa formation au sein d’une entreprise. Et donc là, elle continue de percevoir son allocation de chômage", précise-t-il.
2. le stagiaire qui ne bénéficie pas d’allocations sociales
"L’autre cas de figure concerne le 'stagiaire' qui ne perçoit aucune allocation sociale. C’est le cas le plus fréquent, pour les jeunes notamment. Alors là, ils ne reçoivent effectivement aucune allocation de chômage, ni d’indemnité, pour le moment, puisque l’employeur a suspendu ses activités", ajoute-t-il. "Une nouvelle mesure va toutefois être mise en place pour que les tous les bénéficiaires du PFI puisse obtenir une partie de la prime."
Il y a un avant et un après 23 avril
Sarah fait, elle, partie du second cas de figure. Elle dit ne pas toucher de "chômage complet" car elle n'a tout simplement pas introduit de demande d'allocations de chômage en janvier dernier. Jusqu'à présent, le Plan Formation-Insertion (PFI) lui rapportait environ 1.000 euros par mois. "Quand je me suis inscrite en tant que demandeuse d'emploi auprès du Forem, je n'ai pas été mise au courant que je pouvais être en plus au chômage complet, en plus de cette formation", prétend-elle. Elle dit à présent vouloir entreprendre les démarches pour demander cette allocation de chômage auprès de l'Onem.
Les bénéficiaires du PFI recevront finalement 70% de la prime
"Il y a un avant et un après 23 avril", souligne par ailleurs Stéphanie Wilmet, la porte-parole de la ministre de l'Emploi en Wallonie, Christie Morreale, qui a confirmé une bonne nouvelle pour les bénéficiaires du PFI. Ceux-ci recevront en effet 70% de leur prime.
"Une personne qui s’inscrit dans ce PFI est payée pour aller se former dans une entreprise. Elle reçoit ainsi un complément qui peut aller de 200 à 1.100 euros. Nous payons cette prime et ça ne coûte rien à l’entreprise. A l’issue de la formation, l’entreprise s’engage à l’engager", rappelle-t-elle.
Depuis la fermeture de nombreuses entreprises, la prime PFI avait été suspendue. "Mais ce jeudi 23 avril, la Région a décidé de payer 70% de la prime PFI. C’est un mécanisme en plus car on voit que la crise dure plus longtemps. C’est une augmentation du pouvoir d’achat et une aide aux personnes. Cela va arriver, c’est nouveau. Cette dame (Sarah) pourra avoir cette prime. On la réactive. Cela doit déjà être un petit soulagement pour elle. Cette nouvelle mesure va se mettre en place après les formalités administratives", conclut-elle.
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