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Simon a rencontré Mohamed Ali, il raconte ce moment inoubliable: "Nos destins se sont croisés avant le combat du siècle à Kinshasa" (vidéo)

Simon a rencontré Mohamed Ali, il raconte ce moment inoubliable: "Nos destins se sont croisés avant le combat du siècle à Kinshasa" (vidéo)
Simon Diasolua et Mohamed Ali en 1974
 
 

Simon Diasolua, un Congolais vivant à Bruxelles, a fait la connaissance de Mohamed Ali en 1974 à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle. Il s'est confié sur cette rencontre marquante.

"Nos destins se sont croisés un mois et demi avant le combat du siècle à Kinshasa. J'étais pilote pour la compagnie Air Zaïre, qui était à l'époque la compagnie aérienne nationale de la République démocratique du Congo. Je devais piloter l'avion que Mohamed Ali allait prendre pour se rendre à Kinshasa. Le boxeur allait affronter George Foreman", détaille Simon. Les deux hommes ont été présentés lors de la conférence de presse que l'Américain donnait à l'aéroport français. Lorsqu'il a entendu que Simon allait être son pilote, il n'a pas caché sa surprise en comprenant que l'équipage du vol était "noir". "Il m'a dit qu'il était fier et étonné d'être piloté par un équipage noir", ajoute le Congolais de 73 ans.


 
 "Il n'y a pas de blanc? Je croyais que c'était une blague" 

Au moment de l'embarquement, les pilotes ont accepté que Mohamed Ali s'installe avec eux dans le cockpit, les consignes de sécurité étaient beaucoup plus souples à l'époque. Mais lorsque le boxeur est entré, il est resté figé quelques instants. "Il était tétanisé et son visage est devenu très pâle lorsqu'il a réalisé que l'équipage du DC-10 était complètement noir", a précisé Simon. Cassius Clay lui a lancé, inquiet: "Il n'y a pas de blanc? Je croyais que c'était une blague".

Le pilote, amusé par la situation, lui a confirmé que toutes les personnes de l'équipage étaient noires. Ensuite, il a demandé au boxeur de s'installer et de mettre sa ceinture. "Je comprenais sa surprise. J'avais fait un entrainement sur DC-10 en Californie l'année d'avant et les Américains me demandaient si j'étais un vrai pilote. Comme eux, Mohamed Ali était surpris de voir un homme noir aux commandes d'un avion car il n'en avait jamais vu. Je ne lui en voulais pas, bien au contraire. Je me suis rapproché de lui pour le mettre en confiance durant le vol. J'ai pris le temps de lui expliquer toutes les étapes du vol", précise Simon.


"A chaque fois que nous regardons la télé, on nous montre Tarzan et les Indigènes et la jungle"

"C'est un sentiment de liberté que je n'ai pas ressenti depuis longtemps. Ce n'est pas rien de voler dans un avion piloté par des Noirs, non? C'est vraiment étrange pour nous les Afro-Américains. Nous n'aurions jamais pu imaginer une chose pareille! A chaque fois que nous regardons la télé, on nous montre Tarzan et les Indigènes et la jungle. On ne nous parle jamais des Africains qui sont plus intelligents que nous ne le sommes. Ils parlent anglais, français et africain", explique Ali devant la caméra qui immortalise ce voyage. (vidéo)


"My pilot!"

Le Bruxellois a revu Mohamed Ali quelques jours plus tard à Kinshasa. Le boxeur, dont le combat avait été reporté d'un mois à cause de la blessure de Foreman, voulait le revoir. Ils ont fait plus ample connaissance lors de cette rencontre. Deux ans plus tard, Simon a croisé le sportif par hasard à l'aéroport de Los Angeles. Lorsque l'Américain l'a reconnu, il a crié: "My pilot!". Pour Simon, cette rencontre inoubliable restera à jamais gravée dans sa mémoire.


Simon Diasolua raconte ce moment dans son livre "Entre Ciel et terre - Confidences d'un pilote de ligne congolais", paru en 2015 aux éditions l'Harmattan.

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