Le tocilizumab est une des pistes de traitements contre le Covid-19. Un docteur italien l'a mis sur le devant de la scène, mais son efficacité est toujours en cours d'évaluation.
Dans la recherche d'un traitement contre le coronavirus, la chloroquine et son dérivé, l'hydroxychloroquine, ont beaucoup fait parler. Mais bien d'autres médicaments sont actuellement à l'étude pour lutter contre l'infection Covid-19: Remdesivir (initialement développé contre Ebola), lopinavir et ritonavir (anti-VIH)... Autre voie explorée, les anticorps monoclonaux. Une personne nous interpelle à ce sujet via notre bouton orange Alertez-nous : "Dans le sud de l'Italie on utilise un médicament contre l'arthrite (tocilizumab) pour lutter contre les cas grave de pneumonie lié au Covid-19 et les résultats sont concluants. Pourquoi en Belgique et dans les autres pays on n'en parle pas".
Si à Marseille, le Dr Raoult ne jure que par l'hydroxychloroquine, à Naples, le docteur Paolo Ascierto est convaincu des vertus du tocilizumab, un anticorps monoclonal qui est utilisé pour son action immunosuppressive dans la polyarthrite rhumatoïde.
En Chine et en Italie, des premiers essais encourageants
"Nous, les oncologues, le connaissons car nous l’utilisons pour atténuer les effets secondaires liés à l’immunothérapie. Il agit en cas d’importante réaction immunitaire, du même type que celle que l’on constate au niveau des poumons en cas d’infection au coronavirus. De là nous est venue l'idée que le médicament pourrait aider face à la pandémie", explique à Tgcom24 le le docteur Ascierto, directeur du service Immunothérapie - oncologie de l’hôpital Pascale.
Cette intuition a incité le docteur Ascierto à contacter ses homologues chinois, qui ont déjà testé le médicament. Leur étude menée sur 21 patients a montré que les malades du Covid-19 ayant reçu du tocilizumab avaient vu leur fièvre et leurs besoins en oxygénation supplémentaire réduits.
Les oncologues napolitains ont commencé à traiter des premiers patients au tocilizumab début mars. Avec des résultats encourageants. "Il n’a fallu que 24 heures pour constater une amélioration sur l’un d’entre eux. Il a même été question d’arrêter l’intubation, mais nous patientons encore un peu par précaution. Les autres présentent une évolution positive, mais plus lente", a indiqué le spécialiste.
Un programme mondial pour évaluer l'éfficacité de tocilizumab
Un protocole scientifique a été déposé en urgence, mi-mars, à l’agence à AIFA, l'agence italienne du médicament pour évaluer le traitement, avant son éventuelle extension. Le 27 mars, alors que sa démarche soulève de grands espoirs en Italie, le docteur Ascierto faisait part de son "optimisme prudent" sur Facebook : "Nous devons être patients et attendre les résultats de l'expérimentation. Les signes d'un avantage possible augmentent mais nous n'aurons pas certaines données avant quelques semaines", a-t-il écrit.
Le docteur Ascierto n'est pas isolé dans ses recherches sur le tocilizumab. Un programme mondial d'essais cliniques vient d'être lancé en Italie, en Espagne, en Allemagne, en France, au Canada, en Russie et aux États-Unis. Le laboratoire français Sanofi et l'américain Regeneron participent et collaborent avec les autorités de santé des différents pays pour initier des essais dans d'autres sites cliniques.
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