Le CHU d'Angers a annoncé mardi le lancement d'une vaste étude "aux standards scientifiques et méthodologiques les plus élevés", portant sur 1.300 patients atteints du Covid-19, afin de "clore le débat" sur l'efficacité d'un dérivé de la chloroquine. "Il s'agit d'une étude qui répond aux standards scientifiques et méthodologiques les plus élevés. Elle sera réalisée dans des conditions qui ne laisseront pas de place au doute dans l'analyse des résultats", a souligné le Pr Vincent Dubée, investigateur principal du projet, au cours d'un point presse.
Le Pr Didier Raoult a publié ces dernières semaines deux études sur un dérivé de la chloroquine, qui confirment selon lui "l'efficacité" de ce traitement contre le coronavirus, mais cette affirmation est contestée par de nombreux scientifiques, qui critiquent notamment la méthodologie employée.
Nous n'avons pas d'a priori
L'étude angevine, baptisée Hycovid et menée avec 32 autres centres hospitaliers en France, "permettra de répondre de manière définitive à ces questions et de clore une fois pour toute le débat sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine, (dérivé de la chloroquine, un médicament contre le paludisme, ndlr) dans le Covid", a assuré le Pr Dubée. "On a une position de neutralité vis-à-vis de cette molécule. On a évidemment tous un grand espoir que cette molécule soit active dans le Covid. Néanmoins, nous sommes conscients des limites des résultats des études publiées par l'équipe du Pr Raoult", a-t-il ajouté. "Nous n'avons pas d'a priori, nous n'avons pas participé au tapage médiatique autour de cette molécule."
Les résultats attendus dans quelques semaines
L'étude Hycovid, qui doit commencer dès mercredi, sera menée en double aveugle: ni les patients ni les médecins ne sauront si le patient reçoit de la chloroquine ou un placebo. La moitié des patients recevra un placebo, l'autre moitié de la chloroquine. Il s'agira de patients âgés de plus de 75 ans ou de patients ayant besoin d'oxygène sans être "en détresse respiratoire aigüe". Les patients pourront être hospitalisés, résidents d'un Ehpad ou simplement chez eux.
"Une des forces de cette étude, c'est qu'elle va inclure des patients atteints d'une forme de la maladie non grave mais à risque élevé d'évolution défavorable, comme certaines personnes âgées. Nous traiterons donc les personnes précocement, ce qui est probablement un élément déterminant de la réussite de la prise en charge", a souligné le Pr Dubée.
Les premiers résultats devraient être connus dans "quelques semaines", a-t-il promis.
Une aide financière sollicitée
"Si l'effet (du médicament, ndlr) est très important, la réponse va probablement être très rapide. Très vite, il y aura tellement de vies sauvées ou de patients non intubés (...) qu'on pourra le voir et arrêter (l'étude). Si l'effet est moins important, ça prendra un peu plus de temps", a décrit le Pr Alain Mercat, président de la commission médicale d'établissement du CHU d'Angers. Pour juger l'efficacité de la molécule, "on aimerait que le pourcentage de passage en réanimation ou de décès soit réduit à 14%" chez les patients qui auront reçu de l'hydroxychloroquine, contre 20% actuellement pour les patients non traités, a précisé le Pr Dubée.
Les frais de l'étude, de 850.000 euros, sont avancés par le CHU d'Angers, qui a déposé une demande de financement public. Les donateurs "sont les bienvenus" pour "nous aider à financer le projet", a cependant déclaré Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice générale du CHU.
En attendant les résultats de "Discovery", un essai européen en cours sur quatre traitements, dont l'hydroxychloroquine, la France a autorisé l'administration de cette molécule contre le Covid-19 à l'hôpital uniquement et seulement aux cas graves.
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