Les producteurs de spiritueux et les vignerons souffrent beaucoup depuis l'augmentation des taxes sur leurs produits, la quatrième en trois ans chez nous, et la plus importante de toute. Difficile dans ces conditions de rester concurrentiels. Jimmy Meo et Samuel Lerate ont rencontré des producteurs de la province du Hainaut pour le RTL INFO 19H.
Avec la dernière augmentation des accises sur les spiritueux, la bouteille d'Eau de Villée coûte plus cher au consommateur. Cet alcool à 40° "made in Belgium" est produit à Biercée. Dans l'entreprise, la crainte grandit au sein du personnel. "C'est un peu inquiétant pour nous. On est une petite entreprise, nous sommes quinze personnes", explique l'administrateur délégué de la distillerie, Marc Tillon. "Nous avons besoin de tous nos moyens pour nous développer dans notre marché, ou pour faire de nouveaux produits. Tout ça met une pression supplémentaire sur l'ensemble de l'entreprise", ajoute-t-il.
"On a besoin de notre marché domestique pour se développer"
Le problème, c'est que 90% de la clientèle de la distillerie, basée dans la région de Thuin, vient de Belgique. Et l'exportation, ça coûte cher. "On exporte déjà en France, Allemagne, Pays-Bas, les États-Unis… Mais c'est toujours des petites quantités, et évidemment ça demande un soutien énorme. Donc on a besoin de notre marché domestique pour pouvoir se développer", confie Marc Tillon.
Avant le 1er novembre 2015, la part d'accises à l'achat d'une bouteille d'Eau de Villée était de 27% et représentait 7,19€. La part d'accises est ensuite montée à 38% et représente aujourd'hui 10,14€. Du coup, le prix de la bouteille est passé de 27 à 30€. "C'est un produit de qualité, plus l'accise… Eh bien on arrive quand même dans des prix qui deviennent compliqués pour la majorité des consommateurs", explique Christophe Mulatin, maître distillateur. "On a peur pour le secteur et pour nos distilleries, qui sont pour la plupart encore artisanales en Belgique", ajoute-t-il.
Demander aux clients d'acheter en France
À quelques kilomètres de Thuin, près d'Estinnes, un producteur de vin à la méthode champenoise risque de souffrir de la concurrence des pays limitrophes. Ce qui lui donne même des idées pour adapter ses ventes. "On pourrait vendre notre vin en France, donc à ce moment-là c'est sans taxe et sans accise, et on demande à nos clients d'aller chercher le produit de l'autre côté de la frontière, à trois kilomètres du vignoble", explique Raymond Leroy, viticulteur au Vignoble des Agaises. "Là, ils auront la TVA à 19% au lieu de 21%, et ils auront 2€ en moins par bouteille à payer… C'est fou!", s'exclame-t-il.
Les distilleries et viticulteurs belges espèrent tout simplement un retour en arrière du gouvernement pour assurer leur survie.
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