La région de Gosselies traumatisée après l'annonce brutale de la fermeture d'ici quelques mois de l'usine Caterpillar. Juste après l'annonce de la direction, il y a eu quelques mouvements de colère des membres du personnel. Certains ont conduit des engins de chantier devant les grilles, décidés à empêcher entrées et sorties du site de l'usine.
Les gouvernements wallon et fédéral ont affiché vendredi midi à l'Elysette (Namur) leur union avec les syndicats du site de Gosselies de Caterpillar, avant une rencontre qui s'annonçait tendue à 15 heures entre les deux exécutifs et cette même direction. Le site de Caterpillar à Gosselies va fermer. 2.200 personnes sont employées sur le site. La direction du constructeur d'engins de génie civil envisage de transférer les volumes réalisés sur son site de Gosselies vers Grenoble, en France, et vers d'autres sites dans le monde.
Magnette monte le ton
Quelque 2.200 emplois directs et 6.000 emplois indirects, en Wallonie, à Bruxelles, en Flandre et en France, seront touchés par la fermeture, a souligné le ministre-président wallon Paul Magnette. L'administration wallonne est en train d'examiner quels subsides ont été accordés et si ils peuvent être récupérés au cas où des conditions n'auraient pas été respectées.
Les responsables de Caterpillar Belgium étaient au courant depuis 7 jours
Mark Thompson, le directeur financier du groupe Caterpillar, a indiqué que les responsables carolos de Caterpillar Belgium avaient été informés de la volonté du groupe de fermer le site de Gosselies (Charleroi) il y a une semaine. Vendredi matin, après le conseil d'entreprise extraordinaire, plusieurs responsables syndicaux ont pointé le discours rassurant que les responsables carolos du groupe avaient tenu jeudi dernier. A aucun moment, il n'avait été question selon eux d'une fermeture du site. Quand Mark Thompson parle d'une semaine, il veut très précisément dire sept jours, a précisé Eric De Leye, un des porte-parole de Caterpillar. Ce qui justifie, selon lui, que les responsables carolos n'étaient pas au courant de l'annonce de la fermeture jeudi dernier lorsqu'ils ont rencontré les responsables syndicaux.
"Nous sommes dans la phase 1 de la loi Renault"
Après avoir licencié 1.331 travailleurs il y a deux ans, Caterpillar s’apprête donc cette fois à totalement fermer le site. D'après plusieurs personnes présentes à la réunion, les licenciements auront lieu entre janvier et mars 2017. Cette annonce entraîne le début de la phase d'information et de consultation avec les partenaires sociaux. "Nous sommes dans la phase 1 de la loi Renault, qui oblige à examiner toutes les possibilités pour les travailleurs" lors d'une fermeture d'entreprise", a rappelé le ministre fédéral de l'Emploi Kris Peeters, à son arrivée au siège du gouvernement wallon à Namur, où le gouvernement wallon recevait les représentants syndicaux, en présence du Premier ministre Charles Michel.
Des craintes depuis l'annonce du conseil extraordinaire
Un conseil d'entreprise extraordinaire, qui se tenait ce vendredi matin, avait été annoncé hier. Depuis lors, les craintes étaient bien présentes, mais personne n'imaginait une fermeture totale. "Rien toutefois ne laissait sous-entendre cette nouvelle très inquiétante pour les travailleurs", a ajouté Julien Crête. Une réunion identique s'était déjà tenue hier, en Irlande du Nord, où 250 pertes d’emplois ont été annoncées.
Présence discrète de policiers "pour éviter tout débordement"
Selon nos sources, les ouvriers ont pris le travail normalement ce matin à 6h, mais les machines tournaient au ralenti. Après l'annonce de la fermeture du site, quelques ouvriers se sont emparés d'engins, des pelleteuses notamment, et bloquaient le site.
Côté sécurité, on a vu juste devant l’entrée du site une présence discrète de certains effectifs de la police de Charleroi, habillés en civil. "Ils sont là, nous ont-ils dit, pour éviter tout éventuel débordement", a précisé Julien Crête.
"Nous savons que cette annonce est extrêmement pénible"
Mark Thompson, responsable financier du groupe Caterpillar, a dit comprendre le choc et l'émotion du personnel de Gosselies. L'homme a confirmé vendredi matin au cours d'une conférence de presse à Nivelles l'intention exprimée par la société américaine de fermer son site carolo. Il a précisé qu'il avait demandé à la direction locale d'étudier toutes les pistes pour réduire l'impact social de cette annonce, et indiqué que le groupe apporterait son plus grand soutien au management local tout au long du processus. "Nous savons que cette annonce est extrêmement pénible. Nous sommes conscients de l'émotion que cela va susciter auprès du personnel, des familles et de la communauté. Nous comprenons cela", a indiqué Mark Thompson. Celui-ci a appelé à prendre du recul pour dépasser le choc, et résoudre les problèmes de manière sûre et non violente.
Paul Magnette "atterré et scandalisé"
Le ministre-président wallon recevra les organisations syndicales sous peu et convoquera la direction dans la journée. Une réunion avec le Premier ministre Charles Michel et le ministre de l'Économie Kris Peeters est également envisagée à Namur, pour examiner l'urgence, les possibilités de reclassement, l'avenir du site, etc. "L'urgence, ce sont les personnes", a souligné M. Magnette (PS).
Il se dit scandalisé par cette annonce de fermeture, alors que le site a toujours été "énormément soutenu par les pouvoirs publics", notamment après la dernière restructuration. Paul Magnette souligne aussi les "énormes efforts" fournis par les travailleurs ces dernières années en termes de productivité et de maintien de l'activité. Il dénonce une manière d'agir "aveugle" de la part de la direction, "sans aucune concertation".
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