Le front commun des syndicats militaires élargi à toutes les organisations espère rassembler des milliers de militaires lors d'une inhabituelle manifestation à Bruxelles mardi, le jour de la fête du Roi, pour protester contre la prolongation de leur carrière avalisée le mois dernier par le gouvernement.
L'équipe Michel a, lors de l'établissement du budget 2017, décidé le 15 octobre de relever progressivement l'âge du départ à la retraite des militaires à partir de 2017, la suppression du calcul avantageux (tantièmes) à partir de janvier 2019 et l'introduction de conditions de carrière (comme un nombre minimal d'années de service) avant de pouvoir partir à la pension. La manifestation "sans pétards" est prévue mardi, jour férié pour les militaires - qui ne bénéficient pas du droit de grève - de 12h00 à 15h30 entre le boulevard Roi Albert II, et l'Albertine, près de la gare centrale à l'appel des quatre organisations "représentatives" et des trois "reconnues" par la Défense.
"La communauté militaire est très inquiète vis-à-vis de cette décision de principe. Les quatre (plus grands syndicats) espèrent que le gouvernement reverra sa copie", a indiqué un responsable de la Centrale générale du Personnel militaire (CGPM), Concetto Bandinelli, à l'agence Belga. Une rencontre des quatre syndicats représentatifs - le Syndicat libre de la Fonction publique (SLFP-VSOA) Défense, la CSC-ACV Services publics, la Centrale générale des Services Publics (CGSP-ACOD) et la CGPM-ACMP (apolitique) - est prévue avec le ministre de la Défense, Steven Vandeput, à 12h30 en son cabinet "contrairement au Premier ministre (Charles Michel), qui a refusé de recevoir une délégation", a expliqué le secrétaire permanent de la CGSP-Défense, Patrick Descy.
"Le front commun appelle à manifester avec fermeté et dignité contre les mesures incohérentes du gouvernement", a-t-il ajouté. Selon lui, le prolongement de la carrière mettra en effet à mal le plan stratégique préparé par M. Vandeput (N-VA) et approuvé fin juin par le gouvernement "et la sécurité quotidienne des militaires". "Or, il en va purement et simplement de la survie du Département si des solutions acceptables ne sont pas trouvées rapidement", a ajouté M. Descy.
Le président du syndicat reconnu PROdef.be, Didier Deweerdt, a pour sa part indiqué espérer de 5.000 à 10.000 personnes, assurant qu'"énormément de militaires se sentent concernés par les mesures gouvernementales, même chez les officiers", traditionnellement réticents à manifester. Une estimation globalement partagée par la CGPM "au vu des réactions sur les réseaux sociaux", Alors que la dernière manifestation en date, qui avait rassemblé quelque 6.000 militaires en juin 2002 pour réclamer un "vrai statut" et une revalorisation barémique au ministre de la Défense de l'époque, André Flahaut (PS), à grands coups de gamelles vides, celles-ci seront cette fois remplacées par des citrons pressés, a indiqué M. Bandinelli.
Selon les syndicats, le gouvernement prévoit une augmentation progressive de l'âge de la pension - mais plus rapide que l'allongement des carrières dans le civil -, à savoir 57 ans en 2018, 57,5 en 2019, 58 ans en 2020, 58,5 en 2021, 59 en 2022, 59,5 en 2023, 60 ans en 2024, 60,5 en 2025, 61 en 2026, 61,5 en 2027, 62 en 2028, 62,5 en 2029 et 63 en 2030. Des militaires qui, par exemple, se trouvent aujourd'hui à sept ans ou moins de leur pension verront doubler leur temps de service qui leur reste encore à prester, selon le front commun du personnel de la Défense.
Fait rare: des milliers de militaires vont manifester à Bruxelles
Publié le 10 novembre 2016 à 16h30
Vos commentaires