Que retenir de la conférence de presse franco-belge qui s'est tenue cet après-midi sur les suites de l'enquête des attentats de Paris?
Le procureur fédéral belge Frédéric van Leeuw a affirmé lundi qu'on était "loin d'avoir terminé le puzzle" dans l'enquête sur les attentats de Paris, trois jours après l'arrestation du suspect-clé Salah Abdeslam. "Nous avons pas mal de pièces du puzzle et ces derniers temps plusieurs pièces du puzzle ont trouvé leur place mais je suis encore loin, et nous sommes encore loin, d'avoir terminé le puzzle", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse conjointe avec le procureur de Paris François Molins à Bruxelles. Le procureur belge a ajouté sur l'apparence de Salah Abdeslam lors de son arrestation: "Je n'aurais pas reconnu personnellement Salah Abdeslam mais c'est parce que je ne suis pas physionomiste." De son côté, le procureur français s'est dit serein et a réagi à la plainte déposée par Sven Mary, l'avocat du désormais ancien ennemi public numéro un.
Il n'est pas clair si Salah Abdeslam planifiait de nouveaux attentats en Belgique ou ailleurs, a également indiqué le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw: "Le fait d'être tombés sur des combattants étrangers armés d'armes de guerre lourdes, est bien entendu préoccupant. Il est évident qu'ils n'étaient pas ici pour un pique-nique. L'enquête devra déterminer s'ils planifiaient ou préparaient des attentats."
"L'enquête a beacuoup progressé"
Par ailleurs, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw et le procureur de la République de Paris François Molins, ont souligné la bonne coopération judiciaire franco-belge et plus spécifiquement dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris. Les deux procureurs n'ont fait aucune déclaration sur le dossier en cours. Ils n'ont ainsi pas confirmé le fait que Salah Abdeslam aurait affirmé qu'il devait se faire exploser au Stade de France. "Avec l'arrestation de Salah Abdeslam, l'enquête a beaucoup progressé, même si elle n'est pas terminée et que d'autres individus doivent encore être retrouvés. Dès l'arrestation de Mehdi Nemmouche, nous avons été en contact direct avec François Molins, notamment dans le cadre de l'exécution du mandat d'arrêt européen. Depuis lors, la collaboration s'est intensifiée au fil des mois", a indiqué le procureur fédéral, Frédéric Van Leeuw.
"Il y a une forte attente de la justice française et surtout des victimes"
Le procureur de la République de Paris François Molins a pour sa part souligné la qualité du travail du juge d'instruction belge et de la police judiciaire fédérale de Bruxelles spécialisée en antiterrorisme. "Je tiens également à souligner la qualité des contacts entre le procureur fédéral et mes services, ainsi qu'entre le parquet fédéral et la section antiterroriste de Paris. La qualité de la coopération internationale est primordiale. La coopération judiciaire entre la France et la Belgique est très riche et fluide. Cette coopération passe notamment par l'entraide pénale internationale, telle que dans les dossiers du projet d'attaque dans le Thalys, l'opération antiterroriste de Verviers, l'arrestation de Mehdi Nemmouche ou les attentats de Paris", a-t-il détaillé. "La coopération passe aussi par des rencontres régulières dans un cadre soit bilatéral entre la section antiterrorisme de Paris et le parquet fédéral. Nous nous rencontrons également dans le cadre multilatéral du groupe quadripartite composé par la Belgique, la France, le Maroc et l'Espagne. La relation bilatérale est fondée sur la loyauté, le respect mutuel et le souci d'assurer une réponse efficace contre le terrorisme. Ce même souci d'efficacité a permis à la France de remettre Mehdi Nemmouche à la Belgique."
Salah Abdeslam "n'était pas très en forme"
François Molins a par ailleurs estimé qu'il appartenait à la justice belge de se prononcer sur l'extradition de Salah Abdeslam vers la France. "Il y a une forte attente de la justice française et surtout des victimes", a-t-il indiqué. Frédéric Van Leeuw n'a pas souhaité fournir d'information sur l'éventuel lien entre les funérailles de Brahim Abdeslam et l'arrestation de son frère Salah. Après son arrestation, ce dernier a d'abord été interrogé par les enquêteurs avant d'être déféré une première fois devant la juge d'instruction. Il a ensuite à nouveau comparu devant cette dernière dans le cadre de la procédure française pour le mandat européen qui lui a été signifié samedi après-midi. Selon le procureur fédéral, Salah Abdeslam "n'était pas très en forme puisqu'il été blessé."
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