Mehdi Nemmouche, un délinquant multirécidiviste de 33 ans radicalisé en prison, est accusé d'avoir abattu de sang-froid un couple de touristes israéliens, un jeune employé belge et une bénévole française le 24 mai 2014 au musée juif. Il est jugé par la cour d'assises de Bruxelles depuis le 10 janvier avec Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans soupçonné de lui avoir fourni les armes. La journée d'aujourd'hui est le théâtre d'un face-à-face entre l'accusé et les journalistes français ayant été otages de l'Etat islamique en Syrie. Mehdi Nemmouche est leur ancien geôlier. "Lorsque je serai sur le banc des accusés, vous viendrez témoigner", leur avait-il prédit alors qu'ils étaient retenus à Alep au milieu de l'année 2013.
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(Avec notre journaliste Antoine Schuurwegen et l'agence Belga)
12h20 - Nicolas Hénin se demande s'il y avait eu un accrochage entre Nemmouche et les "Beatles", un quatuor de djihadistes britanniques connus pour être très violents, qui étaient "beaucoup plus systématiques et militairement organisés"."Quand les Beatles arrivaient, lui n'était plus là", ont relevé les deux témoins.
12h19 - Nicolas Hénin décrit Nemmouche comme quelqu'un de peu religieux. "L'intéressé avait un côté fantasque, qui rejoint son personnage joueur", a décrit l'ex-otage. "Le prosélytisme ne faisait par contre pas partie de ses caractéristiques. Je ne l'ai jamais entendu parler avec la moindre référence religieuse. Lui était clairement très peu religieux. Beaucoup de nos geôliers allaient ponctuer leurs phrases de termes faisant référence à Allah. Je ne me souviens pas, voire pas du tout, d'avoir entendu des invocations divines" de la part de Mehdi Nemmouche, a raconté Nicolas Hénin.
11h51 - À la demande du procureur, la présidente demande à Mehdi Nemmouche s'il a déjà rencontre les deux journalistes. Il répond: "Je n'ai pas de réponse à ce stade du procès."
11H45 - C'est le moment des questions du jury.
11h15 - "L'accusé était intarissable sur son idole Mohamed Merah, le plus grand homme que la France ait connu selon lui", a souligné l'ex-otage Nicolas Hénin. "Il rêvait de 'fumer' une petite juive en la tirant par les couettes", a ajouté l'autre ex-otage Didier François. "Concernant les chiites, Mehdi Nemmouche serait revenu très fier des opérations spéciales qu'il a menées à l'été 2013, évoquant devant ses otages les viols des femmes ou le plaisir qu'il prenait à décapiter des bébés. "Il était très "ludique", dans le sens où il aimait faire croire à ses victimes qu'il allait les tuer ou qu'il avait exécuté l'un d'eux", a poursuivi M. Hénin. Pour Nicolas Hénin, "le silence dans lequel se mure l'accusé depuis le début du procès est un signe de "lâcheté" destiné à "semer la confusion dans les esprits. Je reconnais là le Abou Omar que j'ai connu en Syrie", a-t-il conclu.
10h55 - Outre Mehdi Nemmouche, accusé de l'attentat au Musée juif de Belgique, les quatre otages français ont également eu affaire au terroriste belge Najim Lachraaoui durant leur détention en Syrie. Celui-ci, qui s'est fait exploser à Brussels Airport lors de l'attentat du 22 mars 2016, y a pris du galon, au contraire de Medhi Nemmouche, a expliqué le journaliste Nicolas Hénin jeudi devant la cour d'assises de Bruxelles.
"Nous avons beaucoup interagi avec Abou Idriss, c'est-à-dire Najim Lachraaoui. Il est d'abord arrivé dans l'ombre d'Abou Omar (le nom de combattant de Mehdi Nemmouche, ndlr). Abou Idriss était très en retrait. Puis il y a eu une métamorphose", se souvient Nicolas Hénin. "Najim Lachraaoui semble alors avoir été coopté par la hiérarchie de l'organisation terroriste Etat islamique et choisi pour devenir un soldat de l'élite", a raconté le journaliste français. Il décrit une véritable transformation physique. "Au début, il portait un treillis dans lequel il paraissait un peu débraillé. Quand nous le verrons pour les dernières fois, il portait une tenue qui ressemble fortement à celles des forces spéciales. Abou Omar ne semble pas avoir pu accéder à cette promotion", analyse l'ex-otage.
Nicolas Hénin se souvient que celui que les ex-otages reconnaissent comme étant Mehdi Nemmouche a également interagi avec "Djihadi John". Ce djihadiste est connu pour avoir procédé à la décapitation filmée de plusieurs otages occidentaux.Il faisait en effet partie du quatuor surnommé par leurs otages "les Beatles", en raison de leur accent britannique prononcé. Les Etats-Unis estiment que cette cellule a assassiné 27 personnes, dont les Britanniques David Haines et Alan Henning, les journalistes américains James Foley et Steven Sotloff, le travailleur humanitaire américain Peter Kassig et le journaliste japonais Kenji Goto.
10h50 - À l'hôpital ophtalmologique d'Alep, transformé en centre de détention et de torture par l'Etat islamique, Mehdi Nemmouche et Salim Benghalem étaient les plus violents, ont témoigné jeudi, devant la cour d'assises de Bruxelles, les ex-otages français Didier François et Nicolas Hénin.
Les journalistes avaient droit à deux visites de cinq minutes aux toilettes par jour. "Le matin, les geôliers étaient davantage des combattants locaux et les violences étaient rares", ont-ils relaté. "Le soir, par contre, les coups, notamment sur la tête, étaient plus fréquents. Ces violences étaient le fait des djihadistes européens, au premier rang desquels Mehdi Nemmouche et Salim Benghalem, le principal recruteur de combattants français", ont précisé les témoins.
Les nuits des quatre journalistes étaient ensuite rythmées par les hurlements des victimes, principalement locales, qui étaient torturées dans une salle située face à leur cellule. Un jour, lors d'un interrogatoire destiné à le faire avouer d'éventuels liens avec les services de renseignement français, Nicolas Hénin a pu découvrir à quoi ressemblait cette salle de 10 mètres sur 10, équipées de barres, de pneus et d'un crochet au plafond. "A chaque fois que je répondais 'non', je recevais un coup, donné par Mehdi Nemmouche à la suite d'un ordre de Salim Benghalem. C'était son exécutant, son 'bras armé'", a rapporté le journaliste devant la cour. Le patron de la prison, Abou Obeida, amenait parfois son fils de cinq ans dans cette salle pour assister aux tortures, s'est également souvenu l'ancien otage.
10h46 - "Il chantait du Trenet, du Aznavour et du Chantal Goya et il organisait des questions pour un champion."
10h45- "Il imitait le présentateur de faites entrer l’accusé et fredonnait le générique."
10h44 - "Mehdi Nemmouche avait décrété que le 11/09 c’était férié et il n’a rien apporté à manger aux otages."
10h41 - "Nicolas Hénin retient 3 qualificatifs: sadique, ludique, narcissique."
10h40 - "Mehdi Nemmouche est décrit comme une personne complexe, qui parlait beaucoup, qui pouvait se montrer violent. Il pouvait aussi chanter du Aznavour, entre ses gardes. L'accusé sourit."
10h12 - "C'était toujours un jeu du chat et de la souris avec les gardiens", a expliqué Didier François, d'Europe 1, enlevé le 6 juin 2013 près d'Alep. Les otages français cherchaient en effet à savoir quels étaient leurs différents gardiens et quelles étaient leurs fonctions."Si vous tapiez à la porte pour demander à aller à la toilette, vous risquiez de prendre des coups", raconte-t-il.
"Si vous faisiez sur vous, vous pouviez aussi prendre des coups. Nous avons été privés de liberté sans aucune raison et sans savoir combien de temps. Nous étions vraiment soumis à l'arbitraire."Le journaliste français se souvient de moments parfois irrationnels durant leur détention. "Le même geôlier qui vous donnait du thé pouvait vous donner une raclée le lendemain. Il y avait aussi parfois des moments de délire quand Mehdi Nemmouche faisait des blagues", se remémore-t-il, évoquant notamment une bataille de boule de neige."On pouvait avoir des moments de 'détente'. Mais on était de toutes façons privés de liberté, c'était leur mode de domination", a répété Didier François. Les violences que les journalistes ont subies ne sont cependant "rien à côté de ce que les tortionnaires ont fait sur les détenus syriens, qui étaient torturés du soir au matin, et toutes les nuits", ont encore expliqué les témoins.
09h56 - Deux ex-otages français du groupe Etat islamique ont reconnu jeudi "sans aucun doute" le jihadiste français comme un des leurs geôliers. "Je n'ai absolument aucun doute sur le fait que Mehdi Nemmouche ici présent était mon geôlier et tortionnaire en Syrie connu sous le nom d'Abou Omar", a affirmé Nicolas Hénin, ex-reporter de guerre devenu chef d'entreprise. A ses côtés, le journaliste Didier François a également dit n'avoir "aucun doute". Leur séquestration par un groupe de jihadistes de l'EI dont faisait partie Nemmouche remonte au second semestre 2013.
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