Le ministre-président wallon Paul Magnette était l’invité de la rédaction de Bel RTL ce matin. Il a répondu aux questions de Martin Buxant.
Ce matin dans l’Invité de Bel RTL, Paul Magnette a dénoncé l’instrumentalisation politique faite autour du sujet des migrants, et a plus particulièrement pointé les propos qu’il juge "populistes" de Bart De Wever.
Martin Buxant: Est-ce que le gouvernement fédéral fait du bon boulot en ouvrant des centaines de places d’accueil supplémentaires?
Paul Magnette: C’est une crise humanitaire d’une gravité absolue, c’est la plus grave crise qu’on ait connue depuis la seconde Guerre Mondiale, je pense qu’on est tous bouleversé par les images qu’on voit de ces hommes et de ces femmes qui, il faut le rappeler, fuient la guerre, fuient la dictature, fuient la terreur, fuient des régimes terribles simplement pour survivre, comme d’ailleurs beaucoup de nos grands-parents ou arrière-grands-parents ont fui à un moment donné la guerre et le fascisme, et ont trouvé accueil ailleurs. C’est le devoir de l’Europe en général, et de chacun des pays de l’Europe, de prendre sa part. On l’a fait dans le passé. Vous vous souvenez de villages roumains, qui ont suscité une vaste empathie et solidarité partout en Wallonie, on l’a fait au moment au moment de la guerre en ex-Yougoslavie. C’est un devoir moral d’accueillir des hommes et des femmes qui fuient la guerre, la misère, et qui risquent simplement leur vie.
Martin Buxant: La N-VA, le ministre de l’Intérieur, l’a confirmé hier à ce micro: il planche sur un nouveau statut pour les réfugiés, un statut intermédiaire. D’ailleurs, on ne sait pas trop ce qu’il y aura dedans, mais Jan Jambon a dit qu'on doit voir ce qu’on peut offrir comme sécurité sociale aux réfugiés. Qu’est-ce que vous en pensez?
Paul Magnette: On ne comprend rien de ce que ça veut dire, il existe déjà un statut intermédiaire, ça s’appelle l’accueil subsidiaire, on ne sait pas très bien ce qu’ils essaient de faire ici. Moi ce que je trouve détestable, ce que j’ai trouvé abject dans les propos de monsieur De Wever, c’est qu’on a là un drame humain, absolu, on voit ces photos insoutenables de ce petit garçon mort sur la plage, on en voit beaucoup d’autres, on vit une crise humanitaire terrible, et on a des hommes politiques qui s’abaissent à un point d’abjection total pour travailler l’opinion dans un sens populiste. Ce qui fait la grandeur d'un homme politique, c’est qu’à un moment donné, quand c’est difficile, il faut tenir des propos courageux. Je sais très bien que beaucoup de nos concitoyens ont peur, je sais qu’il y a beaucoup de désinformation, mais jouer sur ces peurs, les instrumentaliser à des fins politiques, passez-moi l’expression, mais c’est dégueulasse. Face à des crises humanitaires comme celles-là, il faut un consensus politique fort, et il faut que chacun des pays européens, comme le dit Mme Merkel, prenne sa part, et à l’intérieur de la Belgique, que chacune des villes prenne sa part.
Martin Buxant: Ce que vous voulez dire, c’est qu’un réfugié, s’il est reconnu, il doit avoir les mêmes droits, les mêmes devoirs qu’un Belge?
Paul Magnette: Vous savez, c’est beaucoup plus compliqué qu’on ne le pense souvent, aujourd’hui, il y a toute une procédure de reconnaissance, c’est bien pour ça qu’on voit ces files, il y a des critères, il faut évidemment fuir la guerre, la dictature ou la terreur, pour entrer dans le cadre de la convention internationale de Genève notamment. Et c’est faux de croire que les personnes qui arrivent aujourd’hui on droit à tout, et sont logées, nourries, blanchies, reçoivent de l’argent et cætera. Il y a un accueil provisoire en attendant que la procédure soit finalisée. Ensuite il faut que ces personnes aient un permis de travail, qu’elles puissent travailler, s’intégrer, si elles souhaitent rester. Mais le mieux qui puisse arriver, c’est que la guerre se termine et que chacun puisse se dire, j’ai envie de rentrer dans mon pays puisque la guerre est terminée. C’est un sujet d’une gravité extrême, et je trouve que l’instrumentalisation qu’on a faite est odieuse.
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