Rudi Vervoort était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL TVI. Le ministre-président du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a notamment été interrogé sur le plan Good Move, le plan de mobilité de la Région de Bruxelles-Capitale. L'objectif affiché par le projet était de "poursuivre l'évolution qui va faire de Bruxelles une ville plus agréable et accessible", selon les autorités. Face aux manifestations de colère de certains habitants, le plan peut-il être qualifié de raté? Voici les explications du socialiste.
Pascal Vrebos: Good Move est en train de virer à Bad Move, si j'ose dire, alors qu'il y a un consensus pour que Bruxelles soit moins polluée et plus mobile. On a vu des citoyens en colère, violences dans la rue. Même les bourgmestres qui veulent suspendre le plan. Très franchement, la mise en œuvre, elle est plus ou moins ratée?
Rudi Vervoort: Je pense qu'il faut remettre Good Move dans l'ensemble de ce que représente Good Move. Ce dont on parle ici, et ce qui fait polémique, c'est la mise en œuvre de mailles*.
*NDLR: Dans le cadre du plan, 63 "mailles" ont été identifiées sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale. Chacune de ces mailles est un grand quartier dans lequel le trafic de transit est réduit et où chacun peut se déplacer de manière sûre et fluide : en voiture, en transports publics, à vélo ou à pied.
Pascal Vrebos: C'est raté?
Rudi Vervoort: Non, je ne dirais pas ça. Je pense que l'idée au départ, c'était d'apaiser les quartiers. La région, dans son plan Good Move, a défini un certain nombre de mailles, de quartiers qu'il fallait apaiser. Et puis après, d'un point de vue opérationnel, il fallait décliner ça en fonction de la réalité de terrain, après concertation avec les riverains, avec ceux qui sont impactés. Après, on peut discuter de la méthode, ça je ne vais pas le cacher. Je serais particulièrement de mauvaise foi ou absent de la réalité en disant que tout se passe bien. Ce n'est pas le cas. Donc pour moi, ça remet en cause sans doute la méthode par laquelle on a travaillé.
Pascal Vrebos: Pas le fond?
Rudi Vervoort: Mais il faut aujourd'hui, on le voit bien, il y a des tensions qui naissent dans bon nombre de quartiers bruxellois sociologiquement différents.
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Pascal Vrebos: Ahmed Laaouej, le président des socialistes bruxellois, a attaqué la ministre (du parti) Groen, et vous d'une certaine manière, en disant "il lui reproche son manque d'humilité, de lucidité, de respect des citoyens", et vous accuse d'avoir enfermé les gens dans votre quartier. Donc c'est une attaque d'un socialiste frontal, et vous, vous êtes victime collatérale? Parce que vous avez géré tout ça.
Rudi Vervoort: Je ne me sens absolument pas victime collatérale. Je pense que ce que les gens ont ressenti… on retombe sur la méthode. Ce que les gens ont ressenti effectivement, c'est de la manière dont parfois on a bouclé certains quartiers, pas trop vite, mais le fait de déposer des blocs de béton, de déposer des pierres, le fait de mettre des barrières nadar parfois, ça a pu être ressenti comme étant "qu'est-ce qui se passe?".
Pascal Vrebos: Mais pourquoi vous avez laissé faire? Vous êtes ministre-président. Votre ministre, elle est quand même sous votre autorité. Vous n'avez pas dit à un moment donné "stop stop"?
Rudi Vervoort: Mais il ne vous aura pas échappé que je vous ai dit que l'opérationnalisation dépendait des communes. Je ne suis pas le ministre-président des communes.
Pascal Vrebos: Mais les communes n'en veulent plus visiblement, les bourgmestres n'en veulent plus.
Rudi Vervoort: C'est sur le territoire des communes qu'ont été mis en œuvre les phases de Good Move, mises en œuvre les mailles. Donc effectivement, dans un certain nombre de cas, les choses ont pu apparaître comme étant je dirais intrusives, en disant qu'on nous enferme chez nous. Moi j'avais dit dès le départ que ce qu'il faut éviter, c'est que le Bruxellois se sente un navetteur dans sa propre région. Parce que la problématique de la mobilité à Bruxelles n'est pas que du fait des Bruxellois. Elle est aussi du fait de la navette entrante et sortante tous les jours. Il suffit de circuler à Bruxelles pour se rendre compte que le week-end ce n'est pas du tout la même ville que pendant la semaine.
Pascal Vrebos: Un mail (d'un témoin): "Je suis bloqué pendant 1h à 200 mètres de chez moi". Il y a plein de mails comme ça. Est-ce que ça veut dire que Good Move, pour le moment c'est gelé au moins jusqu'aux élections? Puisque même les bourgmestres n'en veulent plus?
Rudi Vervoort: Il y a des adaptations qui doivent encore être réalisées là où Good Move fonctionne encore. Good Move fonctionne encore dans le Pentagone, dans certaines parties à Schaerbeek, ailleurs aussi certainement.
Pascal Vrebos: Mais en mode mineur jusqu'aux élections?
Rudi Vervoort: Non, ce qui fonctionne doit continuer à fonctionner. Et s'il y a des adaptations à faire sur ce qui est mis en œuvre aujourd'hui, il faut le faire. Après, je pense que j'ai entendu le message d'un certain nombre de bourgmestres qui disent "pour le reste, on met sur pause", et on redémarre dans un processus plus participatif. Avec sans doute des options, et permettre aux gens de participer.
Pascal Vrebos: Ce que vous auriez dû faire tout de suite? Pas attendre. Je dis vous, votre gouvernement Vervoort III.
Rudi Vervoort: Pas que le gouvernement, les communes également. Vous savez ce qui s'est passé aussi. C'est que pendant la crise du covid, on a pu mettre en œuvre une série de mesures Good Move, Bruxelles zone 30, sans que ça pose de problème. […] Par ailleurs, on a aussi mis en œuvre des kilomètres de pistes cyclables, ce qu'on a appelé les corona-pistes. Qui aujourd'hui fonctionnent toujours.
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