Si les négociations sur le budget au sens strict sont terminées ou presque, celle sur les réformes structurelles –que la N-VA lie au budget- sont dans l'impasse. Le CD&V exige une taxe sur les plus-values et son chef de file Kris Peeters a claqué la porte des négociations. Le Premier ministre Charles Michel (MR) a donc été contraint de reporter sa déclaration de politique générale qui était prévue ce mardi à la Chambre. Les négociations se poursuivront, assure-t-on, mais désormais selon l’agenda décidé par le Premier ministre. Ce mardi matin, Charles Michel a consulté ses vice-premiers ministres pour tenter de trouver une issue à ce blocage, indique-t-on dans son entourage.
Ce mardi matin, le Premier ministre Charles Michel a consulté ses vice-Premiers Jan Jambon (N-VA), Alexander De Croo (Open Vld), Didier Reynders (MR) et bien sûr Kris Peeters (CD&V) pour sortir de cette crise. Un Alexander De Croo qui s'est montré particulièrement acerbe envers son homologue du CD&V cette nuit.
Rappel des faits: le budget bouclé, mais ça coince entre exigences de la N-VA et du CD&V
Le budget au sens strict est à peu près bouclé, entend-on dans tous les cabinets ministériels. Mais la N-VA continue à le lier aux réformes structurelles, singulièrement celle de l'ISOC (l’impôt des sociétés) portée par son ministre des Finances Johan Van Overtveldt. "Il n'est pas encore question d'un accord sur le budget. La réforme de l'impôt des sociétés et du marché du travail fait partie intégrante de l'accord budgétaire et il y a encore du pain sur la planche", a insisté le cabinet du vice-premier ministre Jan Jambon, ce dernier ayant lui-même confirmé ce point de vue sur Twitter
Le CD&V exige une taxe sur les plus-values
Hier soir, le Premier ministre Charles Michel a fait une proposition de compromis, mais elle a été jugée insuffisante par le CD&V. Pour les chrétiens-démocrates, il s'agissait d'un 'deux poids deux mesures', la réforme de l'impôt des sociétés poussée par la N-VA aurait été exécutée alors que la proposition CD&V de taxation des plus-values n'aurait été qu'évaluée. "Nous demandons un parallélisme entre l'impôt des sociétés et la taxation des plus-values", a-t-on indiqué lundi soir au cabinet Peeters. "Avec un timing comparable, à savoir d'ici à la fin de l'année, cela doit être faisable."
Finalement, face à cette impasse, le vice-premier ministre CD&V Kris Peeters a quitté la table des négociations vers 20 heures pour ne jamais revenir au Lambermont. "Le CD&V ne veut plus revenir", a-t-on souligné tant chez les nationalistes que chez les libéraux après le départ de Kris Peeters. Le CD&V exige sa taxation des plus-values, dans un souci de fiscalité équitable et a soumis une nouvelle proposition dans le but qu’elle soit débattue ce mardi à 09h00.
Charles Michel finalement forcé de postposer sa déclaration de politique générale
Mais c'était un pari risqué de la part du CD&V. En effet, le Premier ministre était initialement attendu mardi après-midi à la Chambre avec un accord budgétaire en poche. Une situation ne laissant que quelques heures aux négociateurs pour dégager un accord. Charles Michel et les autres partenaires de la coalition ont refusé d'être mis au pied du mur. Le Premier ministre a dès lors choisi de postposer son intervention face aux parlementaires. La décision est tombée à l'issue de deux heures de réflexion avec ses vice-premiers ministres sur la démarche du CD&V. En outre, la réunion prévue à 09h00 mardi n'est plus d'actualité. Les négociations se poursuivront, mais selon l'agenda que le Premier ministre déterminera, soulignent des sources proches.
Que "l'état de l'union" soit ajourné est sans nul doute un coup dur pour Charles Michel. Néanmoins son prédécesseur socialiste, Elio Di Rupo, avait aussi dû procéder de la sorte en 2013 en raison de la prolongation des travaux budgétaires.
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