Le président de la FGTB, Thierry Bodson, était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL-TVI. Le patron du syndicat socialiste a notamment été interrogé sur les pénuries de main d'œuvre qui touchent plusieurs secteurs.
Pascal Vrebos: Deux chiffres. 300.000 demandeurs d'emplois et 150.000 emplois vacants. Là il y a quand même un problème énorme, non?
Thierry Bodson: Les pénuries d'emploi c'est un gros problème, et il faut regarder les choses en face. Il est clair qu'un certain nombre de secteurs, le bâtiment, infirmier et infirmière, électromécanicien, les bouchers… Il y a là-bas des pénuries d'emplois qui existent et c'est vrai qu'il faut trouver des solutions.
Pascal Vrebos: Mais il paraît que ces jeunes ne veulent plus faire ces métiers? Il faut les forcer, les sanctionner?
Thierry Bodson: Le marché du travail, c'est l'offre et la demande. Donc il faudrait quand même vérifier aussi pour quelles raisons ces emplois-là on ne parvient pas à avoir de meilleurs conditions de travail et de meilleurs conditions de salaires. (Il faut) peut-être obliger les employeurs à participer à la formation pour rendre ces métiers plus attractifs. Ensuite, il faut aussi bien regarder les conditions de travail. Les conditions de contrat qui sont offerts pour ces emplois en pénurie, c'est assez particulier. On avait fait une étude en regardant quels étaient les 10 métiers en pénurie en Wallonie au niveau du Forem. Pour ces 10 métiers, 80% des offres d'emploi, c'est du contrat à durée déterminée avec 6 mois d'expérience. Je peux vous assurer qu'en tant qu'employeur à la FGTB, quand je cherche un informaticien ou un économiste, une fois que je le trouve, parce que c'est une denrée rare aussi, je lui fais signer un contrat à durée indéterminée et pas de l'intérim.
Pascal Vrebos: Vous ne le testez pas, vous faites confiance tout de suite?
Thierry Bodson: Écoutez, il y a un entretien. Et puis quand on tombe sur la bonne personne, je me vois mal proposer six ou douze mois d'intérim à l'économiste que je viens enfin de trouver.
Pascal Vrebos: Donc vous êtes vraiment contre les sanctions pour des jeunes qui refusent, alors qu'il y a beaucoup de chômage chez les jeunes, des formations?
Thierry Bodson: Il faut aussi regarder les choses sur le terrain. Quand j'entends certains propos disant qu'il faut absolument que tous les demandeurs d'emplois acceptent des emplois en pénurie. Vous savez, moi je pense que si un licencié en histoire on l'envoie sur un toit, dans le bâtiment…
Pascal Vrebos: Est-ce que ce n'est pas un peu de la caricature?
Thierry Bodson: C'est un peu de la caricature, mais on risque d'arriver à cela, puisque c'était "Attention, quand on est dans des métiers où on chôme depuis un certain temps, il faut s'orienter obligatoirement vers les métiers en pénurie". Envoyer sur un toit quelqu'un qui n'a pas envie, c'est aussi risquer des accidents.
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