RTLinfo.be a pu se procurer deux rapports confidentiels issus de la Commission européenne. L’un date de juillet 2011 et le second d’avril 2015. Ils jugent la Belgique non-conforme depuis de nombreuses années en matière de sécurité dans ses aéroports et parlent de déficiences graves. Le problème? C'est que la ministre Galant a nié ces rapports aujourd'hui en commission de l'infrastructure de la Chambre... Et alors que la division sécurité dans les transports aériens du SPF Moblité réclamait de l'argent pour pallier à ces manquements, la ministre aurait privilégié le refinancement de Belgocontrol (qui ne s'occupe pas de sécurité) avec de l'argent provenant du budget sécurité débloqué pour l'antiterrorisme après les attentats de Paris.
Au sein du SPF Mobilité, il y a la Direction Générale du Transport Aérien (DGTA). Sa division sécurité, la DGTA-Sûreté, est censée mener des enquêtes auprès des compagnies aériennes qui opèrent dans nos 6 aéroports. Elle est à ce titre un des organismes qui a la responsabilité de la sécurité à l’aéroport de Bruxelles-National. Mais selon ces rapports de la Commission européenne, qui a inspecté la DGTA, elle ne parvient pas à effectuer toutes les inspections requises, et ce de manière systématiquement, à cause d’un manque d’argent et d’outils. Les conclusions de ce rapport sont édifiantes, selon Ecolo et Groe, qui ont épluché ces deux rapports. Dans la majorité des compétences examinées par la Commission, la Belgique est jugée "not compliant, with serious deficiencies" ("non-conforme, avec des déficiences graves"), ont-ils expliqué.
> LE RAPPORT DE 2011
> LE RAPPORT DE 2015
Pour faire face à ces manquements et répondre aux exigences européennes, le SPF Mobilité avait tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme auprès du cabinet de la ministre de tutelle Jacqueline Galant, expliquant ne pas pouvoir remplir ses missions faute de moyens. La DGTA-Sûreté ne peut par exemple compter que sur 6 inspecteurs et souhaitait renforcer cette équipe.
Mais ce mercredi en commission de l'infrastructure de la Chambre, Jacqueline Galant a assuré le contraire. Pour elle, la sécurité dans les aéroports belges respecte "totalement" les règles imposées internationalement. "A ce jour, la Commission européenne a toujours attesté de la qualité du travail réalisé par la DGTA, en particulier par les inspecteurs aéronautiques", a affirmé la ministre.
De l'argent censé servir à l'anti-terrorisme détourné vers la gestion du trafic aérien
L’Echo révélait déjà ce matin que la ministre Galant avait refusé plusieurs demandes de financement déposées par le SPF Mobilité (trois en tout depuis l’attentat avorté dans le Thalys le 21 août 2015, dont la dernière formulée remonte au 11 avril) dans le but de profiter d’une partie du budget de 400 millions d’euros libéré par le gouvernement Michel pour ses mesures contre le terrorisme. "On parle bien ici, par exemple, des moyens d'éviter la présence de personnes radicalisées au sein des services et entreprises opérant dans l'aéroport", dénonce Ecolo dans son communiqué. A chaque fois, ces demandes ont été refusées par le cabinet Galant.
Par contre, l'e-mail daté du 14 janvier 2016 que vous pouvez consulter ci-dessus, et envoyé par la conseillère budget du cabinet Galant, prouverait que la ministre a préféré allouer une partie du budget dont elle disposait en vertu de ces 400 millions au financement de Belgocontrol… qui ne gère en rien la sécurité dans nos aéroports.
"Alors que de graves dysfonctionnements dans les services chargés de la sécurité des aéroports belges sont pointés par la Commission européenne depuis des années, la Ministre Galant ne juge pas bon d’y apporter des réponses, mais préfère au contraire tenter d’obtenir une part de l’enveloppe budgétaire "lutte contre le terrorisme" pour Belgocontrol, malgré le fait que Belgocontrol n’a aucune compétence en matière de lutte contre le terrorisme. Une telle démarche dépasse la simple faute ou un défaut d'appréciation des urgences du moment", résume le député Ecolo Benoit Hellings.
Maingain: "La démission de Jacqueline Galant est inéluctable"
Le président de DéFI, Olivier Maigain, estime que la démission de la ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant (MR), est inéluctable, si ces informations sont avérées."L'incompétence de cette ministre, déjà constatée dans plusieurs dossiers, a conduit à exposer la sécurité des passagers et des personnels des différents aéroports à des risques majeurs", estime M. Maingain. "Il conviendra également de vérifier si le Premier ministre et d'autres ministres ont été informés de cette situation. Si tel était le cas, le gouvernement dans son ensemble serait confronté à un scandale d'Etat et les responsabilités seraient bien plus lourdes et c'est tout le gouvernement qui serait confronté à une grave crise de confiance", ajoute le président de DéFI.
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