L'affaire Galant a rebondi jeudi soir à la Chambre après que l'opposition a brandi de nouveaux courriels attestant que l'audit critique de la Commission européenne sur le suivi de la sûreté dans les aéroports belges a fait l'objet d'une réunion au cabinet de la ministre en mars 2015. Les conclusions définitives de l'audit ont en outre été envoyées au cabinet en juin 2015.
Les députés écologistes ont déposé une motion d'ordre en ce sens
Se basant sur des informations provenant du cabinet de la ministre des Transports, le Premier ministre Charles Michel avait indiqué jeudi après-midi en séance plénière que le gouvernement n'avait pas été informé et que le cabinet de Mme Galant n'avait pas reçu l'audit. L'opposition parle de nouveau mensonge de la part de la ministre Galant. Elle exige que le Premier ministre vienne s'expliquer, éventuellement accompagné de Mme Galant, jeudi soir à la Chambre. Les députés écologistes ont déposé une motion d'ordre en ce sens. La présidente de la commission de l'Infrastructure de la Chambre Karine Lalieux a transmis au président de l'assemblée Siegfried Bracke un courriel envoyé par le président démissionnaire du SPF Mobilité Laurent Ledoux attestant de l'existence de réunions au cabinet Galant et de l'envoi à celui-ci de l'audit final de la Commission européenne. Mme Lalieux a suggéré l'éventuelle convocation pour demain vendredi d'une commission mixte Infrastructures et Intérieur.
Les explications de ce jeudi après-midi
Le Premier ministre Charles Michel avait indiqué jeudi après-midi à la Chambre avoir "été informé par la presse" de l'existence de deux rapports critiques de la Commission européenne relatifs au suivi des systèmes de sûreté en vigueur dans les aéroports. "De la même manière", les deux rapports n'ont "pas été transmis au cabinet de la ministre en charge" et "pas communiqués au gouvernement", avait précisé le chef du gouvernement se basant sur les informations qui lui ont été communiquées.
Il s'est montré discret sur la responsabilité politique de la ministre
Le Premier ministre s'était une nouvelle fois engagé à "faire la clarté" sur les éléments qui posent question dans le cadre des attentats de Bruxelles. "Je souhaite que le gouvernement, et en cela chacun de ses ministres, soit à la hauteur des enjeux", qu'il ne bloque pas "l'accès à la vérité", avait-t-il précisé en se montrant discret sur la responsabilité politique de la ministre des Transports Jacqueline Galant. Les rapports ont été transmis par la Commission européenne à deux fonctionnaires de la direction générale du transport aérien (DGTA) au sein du SPF Mobilité, avait-t-il dit, précisant qu'il portait sur des questions de sûreté aérienne et peut-être de sécurité.
L'opposition sévère pour l'action de la ministre
L'opposition s'était montrée sévère pour l'action de la ministre, plusieurs partis ayant demandé sa démission. L'opposition avait fait état d'un certain nombre d'échanges dans lesquels il apparaît que contrairement à ce qu'elle affirme, Mme Galant a été sollicitée à de nombreuses reprises par son administration afin d'améliorer la gestion de la sécurité dans les aéroports. Mais la ministre soutient que ces sollicitations n'ont jamais pris de caractère formel. Renvoyant implicitement aux futurs travaux de la commission d'enquête parlementaire, le Premier ministre a réitéré le souhait de voir l'assemblée parlementaire pleinement informée tout en indiquant déjà que selon ses informations "des échanges de mails attestent qu'un des procès verbaux (invoqués par l'opposition écologiste) aurait été contesté".
Pas de moyens supplémentaires débloqués?
Enfin, alors que l'ex-patron de l'administration de la Mobilité a reproché à la ministre et au gouvernement de n'avoir pas débloqué les moyens nécessaires au renforcement de la sécurité des aéroports, M. Michel avait fait état de deux décisions, notamment dans le cadre du budget de 400 millions d'euros dégagés après les attentats de Paris. Il s'agit d'un montant de 17,8 millions d'euros pour les équipements dans les gares (portiques...) et de moyens policiers supplémentaires dans les aéroports de Bruxelles et Charleroi (35 équivalents temps plein) décidés eux avant les attentats. Plusieurs députés de l'opposition avaient invité la ministre des Transports, présente dans l'hémicycle, à démissionner.
"Madame Galant doit partir, ce n'est pas une bonne solution de la laisser travailler comme ministre"
"Madame Galant, envolez-vous, partez", lui avait lancé le député Ecolo-Groen Benoît Hellings. "Peu importe à la limite que les documents de la Commission européenne n'aient pas été transmis par l'administration, celle-ci a informé la ministre à plusieurs reprises", avait-t-il précisé en lui reprochant de s'être focalisée sur les intérêts économiques plutôt que sur le risque lié aux djihadistes. "Madame Galant doit partir. Ce n'est pas une bonne solution de la laisser travailler comme ministre", avait appuyé Véronique Caprasse (DéFI) épinglant ses nombreux "mensonges" au cours des derniers mois.
"Vous n'avez pas du tout couvert votre ministre aujourd'hui"
"Vous avez choisi de charger l'administration, c'est insensé", avait pour sa part jugé Georges Dallemagne (cdH) qui a reproché à la ministre et au gouvernement leur manque de proactivité. "L'impulsion et la responsabilité sont politiques", avait-t-il dit, évoquant lui un troisième rapport de la Commission européenne trouvé à l'Assemblée nationale française. On y trouve 31 recommandations formulées à la Belgique en matière de contrôle des frontières qui présentent des "graves manquements". "Vous n'avez pas du tout couvert votre ministre aujourd'hui", avait observé Karine Lalieux (PS) jugeant le Premier ministre "prudent". Elle avait dit "prendre la balle au bond" en comprenant que l'analyse sera faite au sein de la commission d'enquête parlementaire. La députée socialiste avait jugé que s'il était avéré que des fonctionnaires n'avaient pas transmis les rapports au gouvernement, cela mériterait une "enquête" au sein de l'administration, ces faits étant "très graves".
Petit cadeau du PTB
Mais il n'en demeure pas moins que la ministre a agi avec "légèreté" alors qu'elle a été informée à maintes reprises par les représentants des travailleurs et son administration. La cheffe de groupe sp.a Meryame Kitir avait évoqué la responsabilité du gouvernement après que le Premier ministre est venu dire au parlement, alors qu'il préside le conseil national de sécurité, "qu'il a appris par la presse des problèmes de sécurité à l'aéroport". Le député PTB Marco Van Hees avait offert à la ministre Galant un billet de train aller-simple pour Jurbise, la ville qu'elle dirige dans le Hainaut.
Affaire Galant: son cabinet a-t-il reçu, oui ou non, l'audit de la commission européenne sur la sûreté de nos aéroports?
Publié le 14 avril 2016 à 17h37
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