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PS, cdH, Ecolo et PTB sous le choc: "Jamais un gouvernement n'avait autant attaqué la classe moyenne et les plus défavorisés"

 
 

Supercherie, rage taxatoire, occasion manquée, inéquité fiscale: tels étaient les premiers sentiments exprimés ce jeudi matin, à chaud, dans l'opposition francophone au parlement fédéral, où l'on attendait toutefois de connaître les détails de l'accord budgétaire et fiscal du gouvernement avant d'en faire une analyse détaillée. A froid, c'est Elio Di Rupo qui a réagit le premier. Son analyse des décisions du gouvernement Michel est claire: le pouvoir d'achat de la classe moyenne et des plus défavorisés est plus que jamais en danger.

Le PS a dénoncé une "supercherie de plus". Selon lui, l'équipe Michel ira se servir dans la poche des travailleurs pour rémunérer les actionnaires et les grandes entreprises. "Nous attendions une véritable réforme fiscale, qui aurait réellement diminué l'imposition du travail et à l'arrivée, le gouvernement prend dans la poche des ménages au lieu d'aller voir du côté des spéculateurs. Il y a déjà eu le saut d'index, il y a maintenant le relèvement de la TVA sur l'électricité, l'augmentation des accises sur le diesel, etc.", a déploré le député Ahmed Laaouej.


L'analyse d'Elio Di Rupo: du jamais vu

Jamais un gouvernement n'avait autant attaqué le pouvoir d'achat de la classe moyenne et des plus défavorisés, a déploré ensuite le président du PS Elio Di Rupo. "Après le saut d'index, après l'augmentation des impôts pour les pensionnés, après la suppression du bonus de pension, après la hausse du coût des consultations chez le médecin spécialiste, le gouvernement MR N-VA augmente un grand nombre de taxes sur la consommation", a commenté le président du PS. Pour M. Di Rupo, "une augmentation de la TVA est profondément injuste. Proportionnellement à ses revenus, un pensionné ou un petit salarié paie plus de taxes qu'un millionnaire".

Au passage, Elio Di Rupo a qualifié de "totalement fausse" l'analyse du gouvernement selon lequel la diminution de la TVA sur l'électricité à 6% a coûté 500 millions de plus que prévu. Selon le chef de file socialiste, la mesure a coûté seulement 24 millions de plus que prévu sur 2 ans, ce qui est marginal par rapport au coût de la mesure.

L'augmentation des accises sur le diesel est également une mesure inacceptable pour le PS, car de nombreuses personnes utilisent leur voiture pour aller travailler parce qu'elles n'ont pas d'autre choix.

Aux yeux du président du PS, le fait d'invoquer, dans le chef du gouvernement Michel, la santé ou l'environnement pour justifier de nouvelles taxes est trompeur car le but de ce type de taxe est de décourager les comportements nocifs et donc, à terme, de ne plus rien rapporter.

Enfin, le PS s'est réjoui que le gouvernement ait décidé d'une taxe sur la spéculation et d'une hausse du précompte mobilier. "Mais c'est bien trop faible. Si le gouvernement avait mis en place une véritable taxation des plus-values boursières et un impôt sur la fortune, il aurait pu éviter les autres taxes qui touchent durement l'ensemble des citoyens", a-t-il conclu.


Le cdH regrette que "sa" diminution de la TVA sur l'électricité soit supprimée

Le cdH a quant à lui jugé que les premières mesures confirmées par le "Gouvernement MR/NV-A" vont dans le sens contraire d'un retour à la confiance des ménages, des entreprises et des indépendants, et pour créer de l'emploi ne serait-ce que par la hausse à 21% de la TVA sur l'électricité, alors que le centre démocrate Humaniste "avait obtenu, de haute lutte, cette avancée majeure (ndlr: la baisse à 6%) sous la précédente législature". Selon le cdH, cette hausse de 15% vient s'ajouter à la soumission des intercommunales à l'impôt des sociétés qui fera également grimper la facture énergétique de 3 à 4%. "Selon les premières informations, le gouvernement poursuivra sa rage taxatoire envers les ménages avec des taxes sur les sodas, et le diesel", a ajouté le cdH pour qui les petites et moyennes entreprises attendront encore pour une réforme de l'impôt des sociétés et des intérêts notionnels qui ne semble pas à l'ordre du jour.


Les mêmes vont passer à la caisse selon Ecolo

Pour la co-présidente d'Ecolo Zakia Khattabi, la révolution fiscale annoncée par Charles Michel n'est pas au rendez-vous fixé par le Premier ministre. Le régime fiscal belge ne sera pas plus juste et équitable qu'aujourd'hui et les trop nombreuses niches fiscales demeurent hors d'atteinte. Pour Mme Khattabi, les mesures en faveur des bas salaires sont rendues inefficaces en raison de dispositions telles que le saut d'index. Pour le reste, le budget de la SNCB sera réduit tandis qu'il n'y a pas un mot sur les véhicules de société, tant et si bien que ce sont les mêmes qui vont passer à la caisse notamment en ce qui concerne la hausse des accises sur le diesel, a-t-elle dénoncé.

Nous sommes très loin d'une réforme qui rétablisse la justice fiscale et assure la transition vers une société plus durable. Le gouvernement de Charles Michel ne fait que redonner d'une main une partie de ce qui a été pris de l'autre, ont commenté dans l'après-midi les coprésidents d'Ecolo, Zakia Khattabi et Patrick Dupriez. Aux yeux des écologistes, que ce soit en effet sur le plan environnemental, de justice fiscale ou de création d'emploi, cette réforme s'apparente largement à de la poudre aux yeux.

Ainsi, la hausse de la TVA sur l'électricité touchera tous les revenus indistinctement, tandis qu'aucune mesure incitative, telle qu'un soutien aux investissements dans les économies d'énergie, n'est prévue; la hausse des accises sur le diesel s'accompagne d'un désinvestissement d'ampleur de la SNCB; et le soutien envers les plus bas revenus s'accompagne d'un saut d'index et ne prévoit aucun financement alternatif pour la sécurité sociale, annonçant pour demain de nouvelles mesures douloureuses au détriment des plus fragiles.

Pour les coprésidents d'Ecolo, "le gouvernement fédéral vient de rater un rendez-vous important. L'occasion était pourtant sur la table pour mettre en oeuvre une réforme fiscale qui garantisse la justice fiscale, soutienne l'économie réelle et locale et favorise les modes de production et de consommation moins polluants et/ou moins nocifs pour la santé. Au lieu de cela, la fiscalité environnementale est dévoyée, transformée en variable d'ajustement budgétaire, alors qu'elle devait servir à orienter la société vers plus de respect de la planète et de la santé".


Un glissement des revenus du travail vers le capital, estime le PTB

La PTB a dénoncé ce qu'il considère comme un glissement de revenus des travailleurs via les taxes sur la consommation, pour alimenter le capital, une opération qui se profile selon lui à travers les mesures budgétaires et fiscales prises le gouvernement fédéral.

"Le gouvernement accorde encore une fois un énorme cadeau -deux milliards d'euros- au patronat sous forme de réduction générales des charges sociales, dont le taux nominal passe de 33 à 25 % à partir de 2016. À cela s'ajoutent encore des réductions spécifiques, comme pour le travail de nuit et de week-end", a commenté le député PTB Raoul Hedebouw.

Selon le PTB, les charges sociales, c'est le salaire indirect des travailleurs. Il s'agit d'une ponction sur les revenus des salariés, qui toucheront moins s'ils sont malades, s'ils perdent leur emploi ou lorsqu'ils seront pensionnés.

Pour le Parti du Travail de Belgique, il faut des mesures fiscales pour "prendre l'argent où il se trouve vraiment: en taxant les grands patrimoines, les grands sociétés, les secteurs monopolistiques et parasitaires (comme les banques et l'énergie), la grande fraude fiscale pour financer les besoins sociaux criants et la création d'emplois publics. A contrario, les nouvelles recettes fiscales (taxes sur l'alcool, le tabac, le diesel, les sodas, l'électricité) sont des plus classiques et particulièrement antisociales".

De plus, le gouvernement reprend la technique des taxes alibis en appliquant des taxes au nom de la santé et de l'environnement, mais sans effet dissuasif sur le comportement de la population.

Le PTB a également estimé que le relèvement de la TVA sur l'électricité de 6 à 21 % coûtera 700 millions d'euros aux ménages.

À ces mesures fiscales s'ajoutent, d'après lui, de nouvelles coupes dans les services publics, pour 700 millions d'euros, aux dépens des services au public, de l'emploi, et des travailleurs des services publics, toujours moins nombreux.

En visant le capital spéculatif, la coalition dirigée par Charles Michel vise clairement une mesure symbolique a encore regretté le PTB.


Le Mouvement ouvrier chrétien flamand fusille l'accord

Beweging.net, le mouvement ouvrier chrétien flamand, s'est montré également très critique à propos de l'accord budgétaire. "Les patrimoines s'en tirent à nouveau", a lancé le successeur de l'ACW. "Celui qui croit la parole du gouvernement et qu'un véritable glissement de la fiscalité du travail vers le patrimoine allait se produire en est pour ses frais", a regretté le président Patrick Develtere.

Selon lui, les simples citoyens paieront eux-mêmes la hausse annoncée du pouvoir d'achat et la baisse des cotisations sociales par la hausse des accises ou de la TVA sur l'électricité. La coupole des organisations sociales chrétiennes se demande pourquoi le gouvernement Michel a épargné les grandes fortunes, mis de côté une révision des revenus cadastraux, négligé les voitures de société ou oublié les bailleurs. "Etait-ce une question de temps, de courage? ", se demande-t-elle.

Si la diminution des cotisations sociales peut favoriser la création d'emplois, beweging.net se demande pourquoi cela n'est pas devenu une condition pour bénéficier de la mesure. "Sans de bons accords, une partie de la diminution des charges risque de se retrouver dans le portefeuille des employeurs et des actionnaires, sans créer de nouveaux emplois", a encore dit M. Develtere.


Très bien mais où reste la taxe sur les grandes fortunes, demandent les jeunes CD&V

L'accord intervenu au gouvernement fédéral sur le contrôle budgétaire et le taxshift contenait nombre d'"éléments positifs", tels que la baisse des charges sur le travail, l'amélioration du salaire et la baisse des charges des entreprises propice à la création d'emplois, mais il pèche par l'absence de mesures à l'égard des grosses fortunes, ont affirmé jeudi les jeunes CD&V. "Ce tax shift devait par excellence devenir un tax shift équitable. En tant que jeunes démocrates chrétiens flamands, nous estimons qu'il manque une contribution suffisante des grosses fortunes dans cet accord. La taxe sur la spéculation ne fait fonction que de cache-sexe." Autre regret des jeunes CD&V: l'absence de mesures fiscales sur les voitures de société "qui subsidie implicitement les bouchons et la pollution".



 

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