La société de travail intérimaire Accent Jobs fait tout pour éviter les élections sociales. Elle offre un Smartphone et un jour de congé aux employés qui ne se présenteront pas. Ce n'est pas illégal, mais les syndicats sont furieux.
Accent Jobs, qui compte un réseau de quelque 260 agences d'intérim en Belgique, a promis lundi à ses travailleurs un jour de congé supplémentaire et un smartphone dans le cas où ils ne participaient pas aux élections sociales. En théorie, ils en organisent bien, le 21 mai prochain. Mais, s’il n’y a pas un seul candidat, il n’y aura pas d’élections.
"Les employés ont l’opportunité d’exprimer leur voix et, dans ce cas-ci, il semble que nous n’ayons pas besoin d’organiser des élections sociales. On réinvesti donc le coût de ces élections, d’une part en donnant un jour de congé supplémentaire à nos employés, et d’autre part en investissant dans notre stratégie digitale en leur offrant un smartphone", explique Katrien Van Esser, d’Accent Jobs.
A peine l’information connue, les réactions du ministre de l'emploi, Kris Peeters et de, Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB, n'ont pas tardé.
"Le principe est scandaleux et inacceptable car, on n’achète pas les travailleurs et encore moins la démocratie", fustige Marc Goblet.
"C’est inacceptable de constater qu’une entreprise comme Accent Jobs prend des mesures qui découragent les gens d’être candidat et d’organiser des élections sociales", ajoute Kris Peeters qui a décidé d’envoyer l’inspection sociale pour enquêter.
"Les droits des travailleurs jetés aux oubliettes au profit de l'entreprise"
"Cela fait penser aux régimes autoritaires en vigueur dans certains pays, où les candidats et les électeurs sont mis sous pression par le biais de la corruption et du chantage pour saboter les élections", a réagi mardi la parlementaire Meryame Kitir (sp.a) à l'appel de la société de ressources humaines Accent Jobs de ne pas participer aux élections sociales. Le parti d'opposition va introduire une proposition pour sanctionner plus facilement cette forme de sabotage.
"Les droits des travailleurs jetés aux oubliettes au profit de l'entreprise. C'est moralement répréhensible", a estimé, furieuse, Meryame Kitir, ajoutant qu'Accent Jobs avait été élu douze fois meilleur employeur de l'année. Selon elle, l'appel au boycott est un sabotage implicite du droit fondamental au dialogue social dans les sociétés.
Le député bruxellois Hamza Fassi-Fihri (cdH) a pour sa part rappelé que la législation bruxelloise oblige les sociétés d'intérim à respecter les principes de liberté syndicale et d'accès à la négociation sociale. "Cette proposition est tout bonnement inacceptable et profondément anti-démocratique", déclare-t-il dans un communiqué de presse. Le député, membre de la Commission des Affaires économiques du parlement bruxellois, a ajouté qu'il interpellerait le Gouvernement bruxellois sur les suites à donner à cet appel au boycott.
En principe, toute entreprise de plus de 50 travailleurs doit organiser, tous les quatre ans, des élections sociales. Mais si aucun candidat ne se présente, l'entreprise n'est pas en mesure de mettre en place un conseil d'entreprise.
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