Le Premier ministre Alexander De Croo a pris la parole à la Conférence international sur le climat à Glasgow. Il a évoqué les inondations meurtrières de juillet dernier et proposé de nouveaux engagements en matière de lutte contre le changement climatique. La Belgique va allouer 200 millions d'euros au cours des prochaines années à la lutte contre la déforestation dans le monde, a annoncé le Premier ministre ce mardi, devant la COP26.
Le Premier ministre a insisté sur l’importance d’agir, au-delà des discours. A cet égard, il a rappelé que la liste des pays touchés par le changement climatique s’est allongée cet été. La Belgique a subi des inondations dévastatrices et meurtrières cet été. Le changement climatique, qui a fait 41 victimes dans notre pays, n'est plus quelque chose d'éloigné, que l'on voit à la télévision, a souligné ce mardi le Premier ministre.
Les 41 personnes mortes dans les inondations en juillet dernier sont "les premiers citoyens belges victimes du changement climatique", selon M. De Croo. "D'autres pays et d'autres continents ont déjà payé un prix beaucoup plus élevé. Mais pour nous, c'était quelque chose de lointain", a reconnu le Premier ministre, estimant qu'"il n'y a vraiment pas de temps à perdre" dans la lutte contre le réchauffement mondial, laquelle exige "de faire plus", dès maintenant à Glasgow, en réduisant rapidement et à large échelle les émissions de C02. "Nous ne pouvons tout simplement pas rester les bras croisés en attendant la prochaine inondation, la prochaine vague de chaleur, le prochain feu de forêt", a poursuivi Alexander De Croo, soulignant que l'Union européenne et la Belgique agissent déjà pour le climat.
Notre pays entend ainsi tripler sa capacité d'éoliennes en mer d'ici la fin de la décennie et ambitionne de devenir l'un des plus importants hubs en matière d'hydrogène vert, a illustré le Premier ministre. Au niveau européen, l'ambition est de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici 2030 et faire du Vieux-Continent le premier continent climatiquement neutre d'ici 2050. "L'Europe a une responsabilité historique par rapport au changement climatique. C'est pourquoi nous prenons le lead. Mais nous ne sommes pas les seuls à endosser cette responsabilité. Les autres grandes économies devraient d'urgence prendre des mesures équivalentes".
Alexander De Croo a pointé la volonté de notre pays d'investir pour rester l’un des leaders mondiaux en termes de production d’énergie éolienne offshore. Il a aussi indiqué que la Belgique allait contribuer à hauteur de 200 millions d’euros à la lutte contre la déforestation.
Cette somme de 200 millions d'euros sera versée sur une période de cinq ans et proviendra du budget de la coopération au développement. Une partie du montant sera consacré à un programme international qui mobilisera au moins 1,5 milliard de dollars sur la période 2021-2025 pour protéger les forêts, tourbières et puits du carbone du bassin du Congo.
Une augmentation de 60% du financement climat
L'effort belge s'inscrit dans le cadre d'une initiative plus large qui voit une centaine de pays s'engager à l'occasion de la COP26 à mettre un terme à et à inverser le phénomène de déforestation dans le monde. Les pays qui ont adopté la déclaration, parmi lesquels figurent le Brésil, l'Indonésie, la République démocratique du Congo ou la Russie, abritent ensemble 85% des forêts mondiales. L'initiative bénéficiera d'un financement public de 12 milliards de dollars octroyé par 11 pays, dont la Belgique, et l'Union européenne, et d'un financement privé de 7,2 milliards de dollars consenti par une trentaine d'institutions financières.
Le Premier ministre belge a également souligné dans son discours, à l'occasion du "sommet des dirigeants mondiaux" en ouverture de la COP26, que la Belgique avait augmenté de 60% son financement climat à destination des pays pauvres et des plus vulnérables aux changements climatiques. Le montant versé par le fédéral sera porté de 100 millions d'euros en 2021 à 112,5 millions d'euros en 2022. En 2020, le montant était encore de 70 millions d'euros annuels.
Trouvons cette volonté et commençons à renverser la vapeur
Alexander De Croo a également souligné l'importance de bâtir une nouvelle économie durable, pourvoyeuse d'emplois et inclusive. A cet égard, la jeunesse et l'innovation auront un rôle important à jouer. "Nous pouvons encore atteindre les objectifs de Paris. Nous avons l'analyse scientifique. Nous avons les solutions technologiques. Nous levons l'argent dont nous avons besoin. (...) Maintenant, nous devons rassembler la volonté politique. C'est pour cela que nous sommes ici. La conférence de Glasgow est une question de volonté politique (...) Trouvons cette volonté et commençons à renverser la vapeur", a conclu le Premier ministre.
Un discours dont le sens de l'urgence a été salué par la Coalition Climat, qui rassemble plus de 80 organisations de la société civile belge. Celle-ci regrette toutefois que la Belgique, malgré ses efforts, reste "parmi les plus mauvais élèves de la classe" et appelle à "transformer ces paroles en actes". La Coalition Climat juge également que l'innovation technologique, mise en évidence par le Premier ministre, n'est qu'une partie de la solution. "Penser que nous résoudrons la crise climatique uniquement via l'innovation est un leurre dangereux", souligne-t-elle.
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