Le Conseil supérieur de la Santé ne recommande pas actuellement la vaccination systématique des femmes enceintes via un vaccin à ARN messager, a-t-il indiqué lundi après une demande d'avis urgente de la taskforce chargée de rendre opérationnelle la stratégie vaccinale contre le Covid-19. Toutefois, la vaccination peut s'envisager chez celles pour qui les avantages de la vaccination l'emportent sur les risques potentiels du vaccin, comme les travailleuses de la santé par exemple, nuance-t-il.
La plausibilité d'un effet toxique chez l'enfant allaité est faible, si pas inexistante
Les données sur les vaccins à ARN messager dont on dispose actuellement concernant les femmes enceintes, celles désireuses de tomber enceintes et les mères qui allaitent sont encore limitées. Toutefois, au vu des informations disponibles - notamment grâce aux études des modèles animaux, précise le CSS -, le Conseil supérieur de la Santé a rendu un premier avis qui ne recommande pas la vaccination systématique pour ce groupe. Le CSS indique s'aligner ainsi sur les récentes recommandations de l'agence européenne des médicaments (EMA) et du comité d'experts indépendants britannique JCVI. La vaccination pour une femme enceinte peut néanmoins être envisagée au cas par cas, "si la balance bénéfice-risque est en faveur de cette vaccination". En effet, les femmes en âge d'enfanter sont fortement représentées parmi les travailleuses de la santé, qui courent un risque plus important d'entrer en contact avec le virus.
En outre, certaines femmes de cette catégorie d'âge peuvent parfois également présenter des comorbidités, qui les rendent plus vulnérables face au développement d'une forme grave de la maladie. "Le rôle du médecin spécialiste et/ou généraliste pour évaluer cette balance bénéfice-risque est essentiel", ajoute le CSS. Pour les couples désireux d'avoir un enfant, les données animales existantes ne montrent pas d'impact de la vaccination féminine ni sur des gestations en cours ni en phase pré-conceptionnelle, note le CSS. Ce dernier n'émet donc "pas d'objection à la vaccination systématisée de la femme en âge de procréer et souhaitant être enceinte".
Retarder le moment de la conception est l'approche la plus prudente, poursuit-il, mais "s'il n'est pas souhaité ou possible de postposer ce moment, la vaccination peut être réalisée". Quant aux femmes allaitantes, il n'y a pas de données cliniques disponibles sur le passage dans le lait maternel de l'ARN messager ou de la protéine Spike, qui permet au SARS-CoV-2 de se fixer sur les récepteurs de nos cellules. Cependant, "la plausibilité d'un effet toxique chez l'enfant allaité est faible, si pas inexistante". En effet, si l'ARN messager ou des protéines Spike devaient passer dans le lait maternel, le premier serait vraisemblablement détruit dans le tube digestif du nouveau-né et le second n'y aurait aucun effet nocif, expose le CSS. Les mères peuvent dès lors être vaccinées et poursuivre leur période d'allaitement comme elles l'ont envisagé, estime le conseil, qui se base sur les dernières recommandations de l'Organisation mondiale de la santé en la matière.
Plusieurs producteurs de vaccins ont annoncé leur intention d'inclure les femmes enceintes dans leur programme de développement clinique. "Le CSS suivra de près ces informations", conclut-il. Actuellement, les seuls vaccins contre le coronavirus autorisés dans l'Union européenne sont ceux développés par Pfizer-BioNTech et Moderna. Ils utilisent tous deux la technique de l'ARN messager. Celui d'AstraZeneca, qui pourrait être autorisé fin janvier, n'utilise pas cette technologie
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