Après plusieurs mois de crise sanitaire, les hôpitaux psychiatriques font face à ce que certains appellent "une deuxième vague psychiatrique". En effet, les hospitalisations de force ou sous la contrainte sont en augmentation.
A Namur, cet hôpital psychiatrique accueille des patients avec de nouvelles pathologies. La pandémie du nouveau coronavirus a provoqué chez certains des angoisses prenant des proportions dangereuses pour leur santé.
Caroline Defer, psychiatre nous détaille ces troubles mentaux: "Je pense à certaines personnes qui pensent que la société se ligue contre elles. Je pense à certaines personnes qui se sentent plus fortes que le virus. Je pense à des personnes par contre qui sont très très inquiètes et méfiantes en ayant peur justement d'être contaminées. Et à des patients qui ont peur de se faire contaminer par des moyens qui ne sont pas les moyens habituels de contamination..."
Pour certains patients, la crise a aggravé une fragilité psychologique déjà existante. Pour d'autres, elle a servi de déclencheur: "Beaucoup de personnes se sont senties très seules avec leur inquiétude ou leur charge de travail. On a entendu beaucoup de jeunes parents qui devaient assumer leur travail à la maison, c'est-à-dire leur télétravail, plus la charge de leurs enfants et qui se retrouvent avec sur les épaules énormément de pression...", détaille Caroline Defer.
Suite aux mesures sanitaires imposées en mars, les hospitalisations de jour se sont arrêtées pendant plusieurs mois. Malgré la mise en place de consultations par vidéo, environ 20% des patients ont arrêté leur suivi. Pour beaucoup d'entre eux, leur état s'est aggravé... Ce qui a parfois mené à une hospitalisation forcée.
"C'est comme si vous demandiez à quelqu'un qui a une jambe cassée de marcher sans béquille... Il y a moyen mais évidemment, c'est beaucoup plus facile d'avoir ses béquilles", explique Xavier de Longueville, directeur médical du Bon Vallon.
Les demandes d'hospitalisation sont en augmentation depuis plusieurs semaines. A Namur, on parle d'ailleurs de la deuxième vague psychiatrique. "On a tous les gens qu'on n' a pas suivi pendant deux mois qui ont demandé à être suivi donc on ne sait plus prendre spécialement de nouveaux cas. Tout cela crée un effet boule de neige qui est loin d'être terminé, vu qu'il y a une augmentation pour la demande. La demande que ce soit volontaire, pour une consultation, l'hôpital de jour ou des hospitalisations sous contrainte", détaille le directeur de l'établissement.
Le personnel soignant se prépare à de nouveaux mois difficiles dans un contexte déjà compliqué par l'épidémie.
Jean-Marie Warzée, infirmier en chef du service de psychogériatrie, explique ces conditions de travail particulières et les déplore: "On a été beaucoup plus centré sur les soins plus physiques et la prévention. Il faut toujours être vigilant par rapport à la gestion de ce risque infectieux qui est là. Et donc on a dû prendre un petit peu de recul par rapport à la prise en charge plus psychiatrique. On n'a plus pu donner ce qu'on donnait avant."
Au plus fort de la crise les résidents étaient confinés dans leur chambre. Venus chercher un contact social, certains ont très mal vécu l'arrêt des visites et des activités. Les patients comme le personnel espèrent ne jamais revivre cela.
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