Après le choc des attentats et l'émotion qui a suivi, après l'enquête et la menace terroriste, l'heure est aujourd'hui aux questions. Plusieurs dysfonctionnements semblent apparaître dans cette lutte contre les djihadistes: des problèmes d'échange de renseignements entre autorités fédérales et communales, et de coordination entre les parquets belges et français. Le sujet est développé par Jean-Pierre Martin pour le RTLINFO 13H.
Abaaoud faisait l'objet d'une fiche signalétique complète, ainsi que les deux frères Abdeslam. Le quatrième suspect aujourd'hui recherché, Abrini, avait également sa fiche. Pourquoi ces individus sont sortis des radars? Pourquoi les informations essentielles n'ont-elles pas été communiquées aux services français, et bien sûr partagées avec les communes?
Françoise Schepmans est embarrassée: comme tous les bourgmestres de la région bruxelloise, elle avait exigé d'avoir la liste des individus radicalisés. Cette liste a été transmise au mois de juillet, mais pour un usage confidentiel. La Sûreté, la police fédérale et les magistrats voulaient garder la main sur ces informations.
"Le niveau communal n'est pas impuissant. Il agit dans le cadre de ses compétences. Et ce sont des compétences d'autorité administrative, c'est le fédéral qui a le pouvoir judiciaire", a déclaré la bourgmestre de Molenbeek à Jean-Pierre Martin pour le RTL info 13 heures.
Les services de renseignement n'ont rien fait pour arrêter les suspects ou les faire mettre sous surveillance par la police locale. Ils sont donc passés entre les mailles du filet entre Bruxelles et Paris.
Autre dysfonctionnement: l'absence de communication entre la France et la Belgique. Alors que le procureur français, lundi, annonçait que l'enquête se portait sur un quatrième suspect, vu dans une station d'essence, la justice belge dévoilait son identité 40 minutes plus tôt, peu avant la conférence de presse du procureur.
"Je ne souhaite pas vous donner plus d'informations là-dessus, disait François Molins, Procureur de la République de Paris. Parce que, je vous l'ai dit, on a décerné un mandat d'arrêt, on n'a pas trop parlé de lui pour le moment, et on souhaite garder quelques jours d'avance pour ménager un effet de surprise s'il ne sait pas qu'il est lui-même recherché. Je pense que ça peut peut-être aider à sa découverte et à son arrestation".
"La justice belge a donné son nom", ont lancé les journalistes présents lors de cette conférence de presse. "La justice belge en prend la responsabilité", avait rétorqué le procureur.
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