Cela fait désormais près d'un mois que les mesures de confinement ont été prises dans l'ensemble de la Belgique pour lutter contre la propagation du coronavirus. Les enfants n'ont pas été à l'école durant ce temps, ils n'ont pas la possibilité de voir leurs amis, ou encore d'aller à la plaine de jeux.
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Emmanuel De Becker, pédopsychiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc était l'invité du RTL INFO Bienvenue. Alix Battard a abordé avec lui les difficultés que peuvent rencontrer des enfants confinés, mais aussi des pistes de réflexion pour les aider à gérer cette étape.
Alix Battard : Comment les enfants plus petits, qui ont moins de 6 ans, vivent ce confinement ? De quoi ont-ils besoin ?
Emmanuel De Becker : On avance à l'aveugle, sans savoir où on va. C'est vrai que c'est angoissant par définition pour certaines personnes : à la fois parce qu'on perd peut-être des êtres chers, et à la fois parce que ce type de situation de crise révèle notre personnalité, notre façon d'être. Cela vaut pour les parents comme pour les enfants.
On peut être créatif, avec de l'humour, pour faire face à l'impact psychologique de cette crise. Il faut expliquer aux enfants. Tout à l'heure, je voyais une petite de deux ans avec ses parents qui portaient un masque, mais la petite n'acceptait pas de porter le masque. Donc c'est important d'aider les parents à expliquer pourquoi on porte un masque, sans entrer dans les détails de la maladie.
AB : Faut-il s'inquiéter pour l'apprentissage scolaire des enfants un peu plus âgés, qui vont en primaire ?
EDB : Il faut respecter un minimum de rythme, avec peut-être l'établissement d'un planning, avec les matières à travailler. Il faut des moments de détente, d'étude, de solitude, pour qu'il puisse s'ennuyer, être créatif pour lui-même. Beaucoup de familles sont confrontées à la crise, doivent vivre dans des lieux exigus. Parfois, ces nouvelles habitudes entraînent des tensions, peut-être même de la violence. Je pense notamment aux enfants en difficulté, qui présentent un trouble autistique, une psychose, etc. Toutes ces situations sont pour eux dramatiques.
AB : Justement, les enfants autistes ?
EDB : Le jeune enfant ne va percevoir ce qui se passe, et donc c'est très important de lui donner des points de repère, et faire appel à des professionnels. Nous sommes toujours disponibles, dans tous les cas, par téléphone, ou même par vidéoconférence.
AB : Comment gérer la situation avec des adolescents ?
EDB : Il y a un paradoxe : l'adolescence, c'est l'âge auquel on nous demande de développer des relations, de s'exposer, de s'ouvrir au monde. Or, là, le gouvernement nous demande, à juste titre, de nous confiner. Ça demande de la souplesse, de la flexibilité dans les liens, de la créativité. Et puis aussi, ne pas toujours être sur le dos de l'adolescent, il faut lui permettre des moments de détente, et puis des moments où, comme tout le monde, il a des devoirs.
Là aussi, il faut restructurer la journée, avec l'aide des enseignants, pour mettre en place un rythme pour qu'il s'y retrouve.
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