Alors que la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus en Belgique s'installe, les hôpitaux et maisons de repos et de soins ont besoin de personnel qualifié pour renforcer les équipes. Les volontaires qualifiés sont à nouveau appelés à s'inscrire sur les plateformes solidaires. Laura est aide-soignante. Si elle ne peut remplacer une infirmière, elle peut poser toute une série d'actes précieux pour la prise en charge globale du patient.
Laura (prénom d’emprunt car elle veut garder l'anonymat) est aide-soignante. Après 20 ans de carrière en hôpital psychiatrique puis 5 ans de pause pour exercer dans un autre secteur, elle s’est décidée à reprendre du service, vu l'épidémie de coronavirus actuelle en Belgique. "Je me suis dit, on a besoin de bras, on a besoin de gens avec une formation". Il y a une dizaine de jours, elle se présente donc dans son agence d’intérim, et se voit immédiatement confier une mission : "Trois nuits dans un hôpital. Je suis heureuse de me rendre à nouveau utile".
Tu n'es pas infirmière, donc tu ne sais pas nous aider
"Oh tu n'es pas infirmière"
Malheureusement, une fois sur place, c’est la déconvenue. Selon elle, le personnel infirmier ne lui a pas permis d'apporter son aide : "Arrivée sur mon lieu de travail, je me présente, 'Oh tu n'es pas infirmière', et bien non. On me demande d'aller me présenter dans les différents services, ce que je fais, mais là encore 'Tu n'es pas infirmière, donc tu ne sais pas nous aider'".
Une quinzaine d’actes peuvent être posés par les aides-soignants
Pourtant les aides-soignants ont le droit d’exercer une liste d’activités fixées par un arrêté royal (à consulter ici). "Il y a une quinzaine d’actes bien précis qui peuvent être posés par les aides-soignants, de façon autonome, mais qui sont toujours confiés par l’infirmier. Celui-ci délègue, que ce soit la toilette, la prise de certains paramètres, comme les pulsations. Ce sont des actes qui ont surtout trait au bien-être du résident dans la vie quotidienne", nous détaille Olivier Gendebien, président de l’association belge des praticiens de l’art infirmier. L'aide-soignante pourra contrôler toute une série de paramètres (l'hydratation du patient, par exemple), et signaler les problèmes. "Ce sont les yeux et les oreilles de l'infirmière".
Les infirmiers et aides-soignants sont à 99% au courant de ce qu’ils peuvent faire et déléguer
"Généralement, ça se passe bien"
Nous lui avons exposé l’expérience malheureuse de Laura : il s'agirait d'une situation marginale. "De ce que me rapportent mes collègues en milieu hospitalier, les aides-soignants sont engagés en tant que tels. Et les infirmiers et aides-soignants sont à 99% au courant de ce qu’ils peuvent faire et déléguer. Généralement, ça se passe bien".
Olivier Gendebien, qui représente le secteur, reconnaît toutefois qu’une transition s’opère encore actuellement. Il y a quelques années, la pénurie d’infirmiers et infirmières était modérée, et il y avait encore peu d'aides-soignants dans les hôpitaux, ils officiaient plutôt dans les maisons de repos. Mais la donne change aujourd’hui. "Les hôpitaux ont beaucoup plus recours à des aides-soignants pour épauler l'infirmier dans les actes plus basiques. Cela libère du temps aux infirmiers pour encoder les soins au niveau des dossiers, pour la prise en charge du patient…".
Il faut un visa du SPF Santé Publique pour pratiquer
Les aides-soignants et aides-soignantes peuvent passer par plusieurs chemins pour accomplir leur formation. Il y a la possibilité de s’inscrire en 7e année de l’enseignement secondaire de plein exercice, après la rhéto. Il est également possible d’apprendre le métier en école de promotion sociale, ou d’obtenir un certificat attestant des compétences suite à la réussite de la première année infirmière, par exemple.
Pour avoir le droit de pratiquer, il faut obtenir un visa auprès du SPF Santé publique. En 2019, selon les statistiques du service public fédéral, le pays comptait près de 140.000 aides-soignants en droit d'exercer... mais qui ne sont pas forcément tous en exercice.
J'ai 59 ans, et je pense que j'ai encore beaucoup à donner et à recevoir
Laura, elle, s'est formée à la fin des années 1970. A l'époque, elle a suivi ses études secondaires en "éducation sanitaire", et a fait en sorte d'obtenir son visa par la suite. Elle compte bien s'en servir et postule déjà pour d'autres missions. "J'ai 59 ans, et je pense que j'ai encore beaucoup à donner et à recevoir", nous confie-t-elle. Et cela tombe bien. "Actuellement, toute aide est la bienvenue", nous glisse Olivier Gendebien.
125 aides-soignants nécessaires pour la seconde vague, rien qu'en Wallonie
Lors de la première vague de l'épidémie, des plateformes solidaires avaient été mises en place en Wallonie et à Bruxelles pour faire appel aux volontaires qualifiés. "Lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19, entre le 2 avril et le 15 juillet 2020, 1497 personnes, tous profils confondus se sont inscrites sur la plateforme solidaire. Parmi celles-ci, 115 aides-soignant.e.s", nous détaille Matthieu Henroteaux, porte-parole de l'Agence wallonne pour une vie de qualité (AVIQ). Au regard de la situation actuelle, il faudrait encore plus de renfort: "On estime à 125, le nombre d'aides-soignant·e·s nécessaires pour renforcer les équipes en place, dans le but de faire face à la deuxième vague".
Ce lundi, Iriscare, l'équivalent bruxellois de l'AVIQ, a également relancé un appel aux volontaires pour soutenir le personnel des maisons de soins bruxelloises mais aussi les hôpitaux de Bruxelles: "En vue d'anticiper une période qui pourrait une nouvelle fois mettre à rude épreuve les effectifs, les volontaires sont à nouveau appelés à prêter main forte. Toutes les personnes disponibles souhaitant apporter leur aide peuvent s'inscrire sur notre plateforme d'appel aux volontaires. Elles seront contactées par nos services afin d'évaluer leurs disponibilités et leur(s) expertise(s)."
Sollicités par le FOREM
Pour aider les maisons de repos et les hôpitaux, la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale, a lancé un appel aux volontaires, la semaine dernière, dans la Matinale de Bel RTL. Du côté du FOREM, on nous confirme que l'on reprend les démarches de recrutement similaires à celles effectuées lors de la première vague de l’épidémie, en mars-avril, pour soutenir les structures qui en ont besoin, nous explique Thierry Ney, le porte-parole de l’Office wallon de la formation professionnelle et de l’emploi : "On essaye de trouver ces profils qui sont les plus recherchés pour aider les hôpitaux, pour aider les maisons de soin et de repos, pour avoir du personnel en suffisance. Des actions sont prises par rapport à ces métiers-là. On regarde nos bases de données de profils pour les solliciter, avec parfois des opportunités d’emploi qui sont proches de chez eux".
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