Son nom ne vous disait peut-être rien il y a encore un an. Et pourtant, il est aujourd'hui l’un des scientifiques les plus médiatisés chez nous. Alors qu’il était déjà à la retraite depuis 3 ans, l’infectiologue Yves Van Laethem est devenu en avril dernier porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus. Une de nos équipes l’a suivi dans sa mission mais aussi dans sa vie privée. Quels changements cette fonction a-t-elle provoqués dans son quotidien ?
"Le mardi 28 avril, j'ai commencé 48 heures après l'avoir appris. C'est toujours un peu impressionnant lorsque, pour la première fois, on est un porte-parole officiel et pas simplement un commentateur dans un JT", confie Yves Van Laethem. Le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus nous reçoit chez lui, dans une salle à manger transformée il y a peu en bureau improvisé. En quelques mois, il est devenu l’un des scientifiques les plus médiatisés du pays. Son rôle de porte-parole, il l’a accepté, comme un devoir à accomplir. "Les scientifiques sont là pour donner des avis et pas pour être des stars. Je pense qu'il ne faut pas qu'on se prenne pour des stars. Il faut qu'on disparaisse le plus rapidement possible. Il faut simplement qu'on se souvienne qu'il s'est passé quelque chose et on retourne à notre fonction après."
À la retraite depuis 3 ans
Médecin à la retraite depuis 3 ans, jusqu’en avril 2020 ses journées étaient relativement tranquilles. Puis, il a dû se rendre disponible 7 jours sur 7. C’est peut-être ce qui a le plus chamboulé son quotidien. "N'importe qui des médias, aussi bien écrits que télévisuels, m'appelle soit le matin, parfois à 7h pour faire une interview, soit arrive ici pour effectivement filmer. C'est vrai que ça perturbe les choses parce que même dans ce qui est le sacro-saint endroit où on se retire, on a une certaine intrusion des médias qui existe."
Avec sa compagne, l’infectiologue se met ensuite en route pour le Résidence Palace à Bruxelles d’où il présente la traditionnelle conférence de presse. Ce chemin, il l’a emprunté des centaines de fois. "C'est un chemin qu'on n'empruntait que pour aller faire des courses à Grez-Doiceau ou à d'autres endroits et maintenant, c'est un chemin que plusieurs fois par semaine, matin comme soir et parfois tard, je fais dans les deux sens. C'est devenu une nouvelle route ordinaire."
Une crise prenante d'un point de vue personnel et psychologique
Des épidémies, il en a connues plusieurs
Jusqu’ici, l’infectiologue n’apparaissait dans la presse que rarement pour commenter des chiffres liés à la grippe ou d’autres virus comme Ebola. Aujourd’hui, sa voix est devenue familière. Mais avant d’être devant les caméras, Yves Van Laethem, a été médecin pendant près de 40 ans. Bien qu’à la retraite, il continue quelques consultations. Des épidémies, il en a connues plusieurs. Mais celle du Covid-19 ne ressemble à aucune autre. "On ne connait pas ici la plupart du temps le patient. Il arrive, il n'est pas bien, il respire difficilement. On n'a pas beaucoup de contacts autres que par les yeux ou par le toucher éventuellement, avec des précautions à prendre. Chez le patient HIV, on avait le temps de se parler, de se connaître et d'échanger des choses. C'est donc très différent tout en étant dans les deux cas une crise prenante d'un point de vue personnel et psychologique."
Quand le nouveau virus est apparu fin de l'année dernière, l’homme de 67 ans était en vacances en Australie. Passionné de voyage, son projet d'après Covid et surtout de retraité est de pouvoir poursuivre sa découverte du monde en se rendant au Japon. L'un des rares pays où il n'a pas encore voyagé.
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