Les agents des sociétés de sécurité privée pourront effectuer des balayages préventifs ("sweepings") de certains sites pour le compte des autorités et offrir différents types d'appuis techniques aux policiers, a annoncé samedi le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon (N-VA) lors d'une conférence de presse.
En vertu de cette nouvelle loi, adoptée en première lecture par le gouvernement vendredi, les agents de gardiennage ont désormais la possibilité de réaliser des actions de "sweeping" (vérification) préventive de bâtiments et de terrains à la recherche de matériel d'espionnage, d'armes, de drogues ou d'explosifs. Ils ne peuvent toutefois pas rechercher de preuves après d'éventuels délits, ni prendre part à des recherches de personnes, a précisé le ministre.
Appui aux policiers
La police pourra aussi recourir aux sociétés de gardiennage pour obtenir des appuis techniques, tels que des drones, des véhicules ou des chiens renifleurs. Les employés des entreprises de sécurité privée mettront leur expertise à la disposition de l'autorité, mais celle-ci en assurera la supervision. Les policiers restent par exemple les seuls habilités à décider d'une intervention en fonction d'images qui seraient collectées via un drone opéré par une société privée, a expliqué M. Jambon. "La police détient toujours le monopole de la contrainte et de la violence", a-t-il rappelé.
La nouvelle loi autorise par ailleurs les agents de gardiennage à rechercher activement des personnes non autorisées aux endroits sensibles d'une zone portuaire, ou sur des sites nucléaires. Elle permet également à ceux qui contrôlent l'accès de domaines militaires ou de certaines ambassades et institutions internationales à porter des armes.
Des changements dans l'accès à la profession
Le texte approuvé prévoit aussi de nouvelles règles pour l'accès à la profession d'agent de sécurité privée. Toute personne ayant été condamnée à une peine correctionnelle sera refusée, et une nouvelle carte temporaire pour les stagiaires va être créée.
La levée de l'interdiction pour les policiers de rejoindre des sociétés de sécurité privée sans respecter une période d'attente de cinq ans entre les deux fonctions est également entérinée, sauf pour les agents qui disposent d'informations pouvant présenter "un danger pour l'Etat ou l'ordre public", comme par exemple des personnes travaillant pour la Sûreté. Ces dernières devront encore respecter une "période frigo" de trois ans. La période d'attente pour le personnel militaire qui souhaiterait rejoindre une firme de sécurité privée est quant à elle supprimée.
Avec ce projet, le ministre de l'Intérieur entend décharger les policiers afin de leur permettre de se concentrer sur des tâches plus essentielles.
Un représentant syndical de la police: "C'est extrêmement inquiétant"
De son côté, Thierry Belin, président du syndicat libre SNPS en province de Namur, s'inquiète de la formation des agents de sécurité, notamment concernant le port d'arme. "On parle quand même de contrôle d'identité, ils pourront réclamer une pièce d'identité aux citoyens. On parle de fouilles à corps. C'est quand même extrêmement important, on ne peut pas banaliser ce genre de choses. On parle du port d'arme, même si ce n'est que dans certaines circonstances, on n'a pas de garantie sur la formation et sur le recrutement. Les autorités disent qu'elles seront attentives, mais que fait-on des agents de gardiennage déjà en fonction qui n'ont pas eu cette formation? C'est extrêmement inquiétant", s'inquiète Thierry Belin.
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